Blogborygmes

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mercredi 30 janvier 2008

BofVacherie

La semaine passée, entre deux déclarations d'amour Tant-Bourrinesques, Saoul-fifre a attiré mon attention sur un évènement majeur de ce 21ème siècle. Un évènement qui pourtant n'avait pas attiré mon attention, honte sur moi, alors que tant de mes aïeux se sont échinés dans le bocage percheron.

Bocage et percheron, déjà ça se précise un peu, du moins pour ceux et celles qui situent l'endroit ;)

Dans le bocage donc, il y a des prés. Dans le pré, y'a de l'herbe et des vaches qui la broutent. Le hasard faisant bien les choses, caché derrière un brin d'herbe, souvent, la vache trouve un taureau. Et là, un phénomême bien connu depuis l'antiquité se produit : la vache et le taureau se mettent à parler de choses et d'autres. Parfois même ils préfèrent les faire qu'en parler. Neuf mois plus tard, de cette causerie naîtra un veau et la vache, dans un élan bien compréhensible d'instinct nourricier, verra son pis se gonfler outrageusement. Sur le sort du veau, on ne s'appesantira pas, à moins que quelqu'un ne soit intéressé par ma recette de rôti de veau grand-mère. On pourrait par contre se pencher sur le phénomène qui voit nos paysans abandonner les anciens patronymes bovinesques de Pâquerette ou Marguerite, pour désormais utiliser Carmen, Pamela ou Emmanuelle. On gardera toutefois le sujet sous le coude pour un prochain exposé sur la vie des seins et de leur aréoles.

Le veau cuit et digéré, que se passe-t-il ? Eh bien la vache continuera à donner du lait quelques mois, sauf quelques récalcitrantes sur le sort desquelles je ne m'appesantirai pas non plus, à moins que quelqu'un ne soit intéressé par un bon pot au feu.

Vous voilà donc à la tête d'un cheptel bovin qui, entre deux œillades langoureuses dues à votre habileté à lui tripoter les nichons, vous gratifie matin et soir d'un torrent lacté de qualité supérieure. Gloire et fortune, vous dites-vous, on va en faire du fromage, et pas n'importe quel fromage, du CA-MEM-BERT ! Que celui qui a pensé du gruyère, même si la rime est acceptable, se dénonce. Bien entendu, lecteur de blogbo diplômé, vous êtes quelqu'un de bien qui, à la facilité des méthodes industrielles, préfèrera soigner son camembert, le bichonner, et SURTOUT, SURTOUT, ne fera pas chauffer le lait servant à sa confection sous le fallacieux prétexte d'en tuer les bactéries, vilaines bactéries qui risqueraient de rendre des gens malades et par là-même de faire bobo au chiffre d'affaires après campagne de presse et dépréciation journalistique. Votre camembert si bien traité peut désormais afficher fièrement son AOC, signe distinctif réservé aux bons élèves qui ont respecté un processus très précis, incluant le terroir, la qualité de la matière première et une méthode de fabrication plus proche de l'artisanat que de la production en chaîne.

Tout va pour le mieux dans le plus vert des prés quand débarque le méchant de l'histoire : Lactalis. Grosse grosse boite Lactalis, succes story d'un petit paysan qui a fondé un groupe devenu aujourd'hui un des leaders mondiaux du fromage, produisant les célèbres "Président" et, en prime, pour la vitrine, repreneuse de quelques AOC prestigieuses : Lanquetot et Lepetit entre autres.

Jusque-là, tout va toujours bien. Sauf que.

Lactalis, l'an passé, dans un soudain souci de santé publique, a décrété qu'il était trop dangereux de continuer à faire du fromage au lait cru et qu'il fallait changer les régles du jeu de l'AOC. Vous, lecteurs de Blogbo et producteurs du meilleur des camemberts, vous avez bien sûr fait front pour dénoncer un diktat industriel prenant prétexte de salubrité pour produire à moindre coût, au détriment du goût. Pour l'instant, vous avez gagné et le géant Lactalis a préféré sortir de l'AOC pour employer non pas la pasteurisation, oh le vilain mot, mais la THER-MI-SA-TION. En gros, tu chauffes un peu, mais juste juste un peu pour tuer les méchantes bactéries, tout en gardant toutes les spécificités du lait cru. Regardez bien sur les boites, vous allez rigoler, en attendant la prochaine offensive, car j'ai idée qu'ils laisseront pas tomber comme ça.

Ici dans le sud, des producteurs de camembert y en a pas, alors je remercie Catherine qui, en dépit de sa propension à la grasse matinée, fabrique un excellent fromage de brebis, pour m'avoir éclairé sur la franche rigolade qu'est la thermisation, sur les effets bénéfiques des bactéries et sur le risque à long terme d'une alimentation aseptisée, empêchant nos défenses immunitaires de s'exercer, nous rendant ainsi de plus en plus vulnérables au moindre petit crobe.

En résumé, plus c'est bon au goût, meilleur c'est pour la santé, choisis ton camp camarade.



Vivent les vaches, vive Catherine et vive le camembert !

jeudi 24 janvier 2008

ManouLe miroir aux alouettes






Ingrédients :

- 1 canapé
- 1 télévision
- 1 voisin patriote
- 1 pizza hut
- 2 rosiers


Préparation :

Ce soir, la femme/l’homme de votre morceau de vie vous a promis la lune. Non seulement il/elle rentre les mains vides, sans la moindre petite place eurodisney, mais il/elle s’écroule sur le canapé devant la télévision, victime, comme vous, de sa pratique épuisante du mouvement perpétuel.

Ne vous laissez pas abattre. Inspirez profondément puis effectuez 3 roulades avant. Vous être à présent devant la porte de la cuisine. Posez la main sur la poignée de la porte et entrez. Inspirez à nouveau profondément pour vous rendre compte que la poubelle a besoin d'être sortie. Sortez la donc et croisez votre voisin patriote, celui qui chante la marseillaise en pédalant sur son vélo d’appartement. Gratifiez-le d’un roucoulement en guise de salut. N’allez pas jusqu’à lui picorer dans la main.

De retour dans votre salle à manger, vérifiez l’incapacité manifeste de la femme/l’homme de votre morceau de vie ne serait-ce qu’à manipuler la télé-commande. Constatez votre propre déliquescence. Ecoutez les cris affamés de votre progéniture commune (ou non,…avec la prolifération des morceaux de vie tout cela devient très compliqué) Il ne reste qu’une solution : vous rendre au pizza hut du coin de la rue.

Contrairement à la fois précédente, ne revenez pas avec une mobylette mais avec deux pizzas. Ouvrez la porte-fenêtre qui donne sur votre jardin de 33 m2 et, d’un magnifique mouvement de lancer de disque, projeter la pizza (face ingrédients vers la ciel) contre les rosiers du mur d’en face. Procéder de la même façon avec la seconde pizza, cette fois en la lançant à l’envers (face ingrédients vers le sol). Vous vérifierez ainsi que la face ingrédients bénéficie d'une meilleure adhérence. Vous vous en doutiez un peu. Rien de mieux qu’une bonne méthode empirique.

Vous pouvez maintenant vous asseoir sur le canapé, aux côtés de la femme/l’homme de votre morceau de vie, et profiter pleinement d'un agréable sentiment du devoir accompli.


Suggestions :

- Vous pouvez remplacer votre voisin patriote par Georges Clooney, la poubelle n'en sentira pas davantage le café.
- En cas de grosse, grosse fatigue, je m’intéresse à la mécanique quantique et je vérifie qu’une pizza peut se trouver sur 2 rosiers différents au même moment.

dimanche 20 janvier 2008

BofYellow car peugeot

In the town where i was born, lived a girl who need a car
And she told us of her life, when she had a yellow car
So she moved her ass to the road til she find a yellow car peugeot
And she run on the bitum to catch a yellow car peugeot.
She run fast behind yellow car peugeot
Yellow car peugeot, yellow car peugeot
She run fast behind yellow car peugeot
Yellow car peugeot, yellow car peugeot



Si les paroles diffêrent quelque peu de la version beatlesque originale, je garantis l'authenticité de la photo. Je regrette juste de pas avoir saisi l'expression de la passagère quand elle a aperçu la poursuivante :))

vendredi 18 janvier 2008

AndiamoTronics


Léo Ferré - Chanson mécanisée



Vivent les temps mécaniques
Prend tes claques et tes cliques
Les roses peuvent faner
Dans le coeur électronique
Ça bat pas comme la musique
Qui battait dans l'sablier

Mozart pour faire ses trilles
N'avait ni stylo à bille
Ni plume Sergent-Major
Quand il voulait une plume
Il plumait dans le costume
D'une oie qui passait dehors

Vivent les temps atomiques
Brûle tes vieilles reliques
Le soleil peut s'en aller
Tous les chagrins qu'on empile
Se mettront dans une pile
Pour chauffer ton beau quartier

L'écrivain nommé Voltaire
N'avait pas de frigidaire
Ni même d'électricité
Quand il voulait de la glace
Il attendait qu'hiver passe
Avec son cheval glacé

Vivent les temps fantastiques
Prend la route astronomique
Sans jamais te retourner
Si la faim gêne ta course
Arrête au restau Grande Ourse
Qu'est ouvert toute l'année

Fini le vagabondage
La mer s'est mise en chômage
Les bateaux peuvent flâner
Pour aller en Amérique
Prends l'oiseau mélancolique
Qui ne chantera jamais

Viennent les temps chimériques
Et l'automne mécanique
Avec ses cheveux défaits
Je ne connais qu'un royaume
C'est celui de mes fantômes
Qui ne parleront jamais

Si ma voix microsillonne
Cette chanson monotone
C'est qu'elle est emprisonnée
Ouvre-lui vite ta porte
Et que le diable remporte
Ma chanson mécanisée


J'ai modestement voulu illustrer
ce joli poème de Léo Ferré,
j'espère vous avoir apporté un sourire.
(j'ai dessiné ceci en 1980, bien avant TERMINATOR)











Dessins Andiamo 1980

mercredi 16 janvier 2008

Saoul-FifreLa Terre est poilue comme une boule de pétanque

... ou bien La terre est bleue comme une orange , l'un et l'autre se dit ou se disent. C'est d'Eluard. La seconde, hein ? La première, elle est de Marcel, Marcel c'est un vrai poète, tu verrais les conneries qu'il nous sort quand on joue aux boules, je sais pas où il va les chercher, mais quand il a un petit coup dans le nez, il nous fait pisser aux brayes, le salaud !

Bon alors, j'ai hésité à publier ce billet vu que Abs, que je voulais embaucher comme interprète a calé devant la hauteur de la tâche. J'ai pas tout compris, mais je crois qu'elle considère qu'un poème, ça se met pas en musique. Quand même, l'avis d'Abs, ça m'a fait réfléchir, mais je me suis fait donner l'autorisation tacite par tous les courageux prédécesseurs qui n'ont pas eu peur de déposer des notes sur les plus grands textes : Ferré, Ferrat, Brassens, Beaucarne, Kosma, Debussy... Ho et puis on s'amuse, merde ? Ils s'amusaient pas, les poètes ? Eluard qui prêtait Gala à Max Ernst, c'était sérieux, ça, peut-être ? Quand elle en a eu marre, elle est partie dépuceler Salvador Dali, qui était nettement plus rigolo

D'aucuns se demanderont pourquoi je parle de Gala, c'est parce que c'est elle qui a inspiré ce poème à Eluard :

L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

lundi 14 janvier 2008

ManouUn homme bien







Quand j’ai commencé à travailler, j’avais du temps libre et aucune passion avérée mises à part les sorties entre copains. P, petit homme rond de 50 ans, célibataire endurci, syndicaliste repenti et collègue de bureau, m’a peu à peu impliquée dans les actions du Secours Populaire Français. J’y passais parfois des week-ends entiers.

Nos activités allaient de la tenue de stands pour vendre de petits objets à la distribution de paniers-repas à domicile. Je me souviens plus particulièrement d’une vieille dame habitant une chambre de bonne sous les toits d’un immeuble parisien. J’étais venue lui remettre un colis, elle m’a demandé d’entrer pour parler et prendre le café. Je suis restée avec elle 2 bonnes heures dans son 10 m2 et j’ai retenu son immense joie de vivre malgré un dénuement évident.

En semaine, quand j’arrivais au travail les yeux vitreux après une nuit un peu trop blanche, P me touchait le nez avec le dos de sa main pour conclure :"tu as le bout du nez froid, tu n’es donc pas malade ". Il riait de mes frasques et m’aidait à emménager puis à déménager dans mes logements successifs. Presque un second père.

La vie m’a laissé moins de temps et j’ai perdu P de vue. Il avait de sérieux problèmes de santé. A la mort de sa mère, son moral en avait pris un coup.

Récemment je suis tombée sur cet article où j’ai découvert qu’un puit au Cameroun porte son nom.

jeudi 10 janvier 2008

BofHelvétie

Les dents du midi, depuis Val d'illiez, en Valais.


C'était il n'y a pas si longtemps, sitôt franchie la frontière, la confédération t'accueillait par un passage radio. Non pas pour te permettre de dire dans un micro tout le bien que t'inspirais ce si joli pays. Non, juste vérifier que tes poumons n'abritaient pas quelque bacille indésirable au pays de l'ordre, de la propreté et des grands labos pharmaceutiques.

Cela fait, il te restait à présenter ton permis de séjour dans le village où, désormais, tu résiderais. Contrôle des habitants, bureau des étrangers, c'était marqué sur la porte.

Tu allais apprendre à survivre dans cette jungle enneigée, où ton grand crème du matin s'appellerait désormais « renversé », où dans chaque bar un automate te distribuerait tes Camel, comme ici les barres chocolatées. Encore mieux tu pourras désormais acheter la cartouche complète, rabais compris, au même endroit que les yaourts et les plaques de Suchard.

Tu allais aussi apprendre plein de mots rigolos qui t'échappent encore parfois aujourd'hui : septante, panosse, benzine, cheni, suisse toto... des expressions indigènes, mais aussi des trucs pas homologués, en albanais, portugais, galicien. Rien en Swahili, ni en Berbère : pour la confédération, blanc sur blanc, c'est le mélange idéal. Avec une exception pour les Saoudiens, bien sûr.

Soucieux d'intégration dans un pays si traditionaliste, tu boiras du vin blanc dans des verres minuscules, deux décis s'il vous plaît, rebibes et viande séchée, santé Manu, santé Josiane, santé Fortune.

Tu apprendras la diététique locale : croûte au fromage, fondue bacchus, saucisse aux choux, papet vaudois et une henniez pour faire passer.

Beaucoup d'helvètes n'aimant pas les français, et quelques uns le disant, alors parfois on t'appellera frouzien, ce qui n'est pas très gentil. Soucieux de bons rapports entre deux peuples si proches, tu affirmeras alors que de toutes façons, tu n'es ici que pour leur piquer leur pognon, ça donnera un helvète très rouge et très blanc, la couleur de son drapeau, tu seras fier de toi.

Tu verras aussi qu'un pays riche, c'est pas le paradis. Derrière des visages souriants, l'alcool souvent comme paravent, faire bonne figure jusqu'au dernier moment, jusqu'à la trop forte bourrasque. Tes amis s'appeleront José, Seladim, Patrick, Vesna, Claire, Andres ou Slavika.

Tu y traceras ta route pour plus d'une décennie, entre plaine et montagne, mariage et enfants, ton premier cheveu blanc.

Puis un jour tu comprends que les montagnes finissent toujours par t'écraser, et qu'il est temps de partir.

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