Blogborygmes

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jeudi 29 septembre 2005

Saoul-FifreMûrir pour décider

Tiens, Matthieu s'est attaqué à J.J. Goldman. C'est une bonne idée à laquelle je souscris, mais les commentaires sont un peu tristounets. Ce qu'il faudrait, c'est aller sur un site de ses fans, par exemple celui-ci et y poster un lien. Ça mettrait un peu de vie, ça ferait monter les stats... J'ai un souvenir ému de fans qui se jettent virtuellement sur le blog de matthieu pour lui arracher les yeux, toutes griffes dehors. C'était pour Elsa (qui ressemblait à une bouteille d'orangina), ou pour une autre ? Ça me manque.

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vendredi 23 septembre 2005

Saoul-FifreLis tes ratures

Que veut le peuple ? Du pain, du vin, du boursin et des jeux... Que veut Blogborygmes ? Le bonheur du peuple. Bon, le pain, ça fait des miettes, le vin, je me le garde, le boursin, Tant-Bourrin se l'est baffré, alors, je vais vous faire un jeu. Étant aussi nul en html que la dernière fois, j'ai choisi un quizz lire et taire, heu... litre et verre, non : hic ether... un truc sur les livres, quoi ?

J'ai copié le début des livres, ya de tout, des classiques, des récits, des contemporains, comme la dernière fois, j'ai essayé de prendre des tubes, des bouquins qu'ont cartonné en ventes, tout de suite, et sur la durée... Allez, c'est parti ! Je serais pas chien : que vous trouviez l'auteur ou le titre, ça vous fait un point. Si vous trouvez les 2, vous avez droit à cette petite flamme brillante dans les yeux du jury, comme d'hab... Et bien entendu, ON NE TRICHE PAS !!! PAS DE GOOGLE !!!

ET ON NE RÉPOND PAS DANS LES COMMENTAIRES POUR LAISSER JOUER TOUT LE MONDE ! ON ME MAILE

1) En août, dans nos pays, un peu avant le soir, une puissante chaleur embrase les champs. Il n'y a rien de mieux à faire que de rester chez soi, au fond de la pénombre, en attendant l'heure du dîner. Ces métairies que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, ont été bâties en refuge et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons.

2) L'été craonnais, doux mais ferme, réchauffait ce bronze impeccablement lové sur lui-même : trois spires de vipères à tenter l'orfèvre, moins les saphirs classiques des yeux, car, heureusement pour moi, cette vipère, elle dormait.

3) Ceylan, décembre 1936. - Le voici celui qui vient de débarquer : tout seul, tout blanc, tout honteux, tout désemparé, harcelé par ceux qui vendent, par ceux qui promettent, par ceux qui implorent, par ceux qui le veulent mener au temple de Bouddha ou à la maison des femmes.

4) Il y a aujourd'hui trois cent quarante-huit ans six mois et dix neuf jours que les parisiens s'éveillèrent au bruit de toutes les cloches sonnant à grande volée dans la triple enceinte de la Cité, de l'Université et de la Ville. Ce n'est cependant pas un jour dont l'histoire ait gardé souvenir que le 6 janvier 1482. Rien de notable dans l'événement qui mettait ainsi en branle, dès le matin, les cloches et les bourgeois de Paris.

5) Colin terminait sa toilette. Il s'était enveloppé, au sortir du bain, d'une ample serviette de tissu bouclé dont seuls ses jambes et son torse dépassaient. Il prit à l'étagère de verre, le vaporisateur et pulvérisa l'huile fluide et odorante sur ses cheveux clairs. Son peigne d'ambre divisa la masse soyeuse en longs filets orange pareils aux sillons que le gai laboureur trace à l'aide d'une fourchette dans de la confiture d'abricots.

6) Le 25 septembre 1937, un courant de perturbations circulant de Terre-Neuve à la Baltique dirigeait dans le couloir de la Manche des masses d'air océanique doux et humide. À 17h 19 un souffle d'ouest-sud-ouest découvrit le jupon de la vieille Henriette Puysoux qui ramassait des pommes de terre dans son champ, fit claquer le store du Café des Amis de Plancoët, rabattit brutalement l'un des volets de la maison du docteur Bottereau en bordure du bois de la Hunaudaie, tourna huit pages des "Météores" d'Aristote que lisait...

7) L'adjudant retraité Chalumot approcha le briquet de sa cigarette, tordit le cou pour préserver de la flamme ses longues moustaches, puis, clignant l'œil à cause de la fumée, épousseta le revers de son veston. Au contact des rubans multicolores rayonnant autour de la boutonnière, sa main se fit plus caressante; et ravi, le menton au creux de l'épaule, il contempla ces derniers attributs d'une gloire ancienne. Le petit arc-en-ciel des décorations était à jour : médaille militaire, croix de guerre, croix du combattant, médailles du Maroc, de la victoire, des blessés, Dragon d'Annam...

8) C'était une journée d'avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures. Winston Smith, le menton rentré dans le cou, s'efforçait d'éviter le vent mauvais. Il passa rapidement la porte vitrée du bloc des "Maisons de la Victoire", pas assez rapidement cependant pour empêcher que s'engouffre en même temps que lui un tourbillon de poussière et de sable.

9) La gifle a été si forte que je ne m'en suis relevé qu'au bout de treize ans. En effet, ce n'était pas une baffe ordinaire, et pour me la balancer, ils s'étaient mis à beaucoup. Nous sommes le 26 octobre 1931. Depuis huit heures du matin, on m'a sorti de la cellule que j'occupe à la Conciergerie depuis un an. Je suis rasé de frais, bien vêtu, un costume d'un grand faiseur me donne une allure élégante.

10) Un bâtiment gris et trapu de trente-quatre étages seulement. Au dessus de l'entrée principale, les mots : Centre d'Incubation et de Conditionnement de Londres-Central, et, dans un écusson, la devise de l'Etat mondial : Communauté, Identité, Stabilité.

mardi 13 septembre 2005

Saoul-FifreRaoul Ponchon

Ponchon est son vrai nom, et déjà son destin est scellé : dans ponchon, il y a cochon, pochetron, cruchon, tire-bouchon, patachon, nichon... Comment voulez-vous faire autrement que devenir poète, et chanter les femmes, le vin et la cuisine ? Surtout si vous débarquez à Paris en pleine Belle Époque, et que vos copains de bistrot s'appellent Alphonse Allais (qui fabrique un verbe avec votre nom : nous ponchons, vous ponchez...), Paul Verlaine (qui écrit un article élogieux sur vos poèmes), Jean Richepin (l'auteur des "oiseaux de passage", mis en musique par Brassens), André Gill (celui du "Lapin à Gill)...

C'est la grande époque du Chat Noir, d'Aristide Bruant, mais, alors que Bruant était un connard fini, tout le monde s'accorde à dire que Ponchon était adorable, modeste, ne se prenant surtout pas pour un poète, ne voulant pas être publié... Il avait 72 ans pour son premier et seul livre édité de son vivant : La muse au cabaret. Il n'empêche que ses "chroniques en vers" qu'il publie dans diverses gazettes, ont un succès fou et finissent par le faire vivre. Il n'avait pas de gros besoins et menait une vie très régulière. Bon vivant néanmoins, ce gars est une publicité vivante pour le vin et l'absinthe (en quantités philosophes) : son biographe nous dit qu'il aurait vécu jusqu'à 100 ans s'il n'avait pas eu, à 89 ans, cette fracture du fémur mal soignée qui l'emporta.

Je me régale à le lire, il a dû tomber dans le domaine public car on trouve beaucoup de ses textes sur le net. Ça ne vaut pas le plaisir (et tout y est) du papier : on doit trouver assez facilement ses livres, qui sont réédités régulièrement. C'est lui qui a dit "Quand mon verre est plein, je le vide, quand mon verre est vide, je le plains" ou bien "J'ai remarqué qu'à partir de quatre-vingts ans, on mourrait beaucoup". À titre d'exemple, je vous ai recopié sa participation à mon obsession, un sujet dont je vous rabats souvent les oreilles : LA SÉCHERESSE.

Mais ne dites pas : "C'est ringard, ces histoires de procession" ! L'année dernière, il y en a eu une, pour faire pleuvoir ! D'ailleurs, le dernier billet d'Antenor est proprement incroyable : ces curés n'ont vraiment pas eu le même prof de philo que moi, qui m'avait soigneusement expliqué la différence entre la magie et la religion.

Les champs ont soif, les malheureux !
Moi, de même. Pitié pour eux !
Vierge Marie,
Aussi pour moi, je vous en prie.

Voyez, clochant sur leurs fémurs,
Les blés, avant qu’ils ne soient mûrs.
A la malheure !
Ils seront fichus tout à l’heure.

Et moi, Madone, qui n’ai bu
Depuis la mort du père Ubu,
Voyez ma gorge…
Il n’y passerait un grain d’orge.

Voulez-vous faire des heureux ?…
Du vin pour moi, de l’eau pour eux.
Oh ! L’oeuvre pie
Que de guérir notre pépie !

Intercédez, Reine des lis !
Auprès de votre divin fils :
Rien ne le touche
Comme un mot dit par votre bouche !

Dès qu’il entendra votre voix,
Je suis sûr qu’il me dira : bois,
Te désaltère.
Il dira, de même, à la terre.

Et, dans l’instant, il répandra
Un bienfaisant Niagara,
D’une main preste,
D’eau divine et de vin céleste.

« Voici de l’eau, vous dira-t-il,
Chère maman, à plein baril,
A pleine tonne,
Pour que ta campagne mitonne.

« Voilà du vin pour ton Ponchon,
Voilà du vin pour ce cochon…
Qui croit que vivre,
Ne vaut qu’autant que l’on est ivre. »

Et tout aussitôt je verrai
Un vin sympathique et doré
Sourdre, rapide
Dans mon verre à cette heure vide.

Tout aussitôt les lourds épis
Réveillés, sans plus de répits,
Gonflés de sèves,
Se tiendront droits comme des glaives.

Et vous verrez les pauvres gens
A pas nombreux et diligents,
En vos chapelles,
Apporter leurs primes javelles.

En procession ils iront
Ceindre, ô Madone ! Votre front
De marguerites,
Et de lis, vos fleurs favorites.

Et moi le profane rimeur,
Si j’en dois croire la rumeur,
Moi, dont la muse
Est une bacchante camuse,

Je saurai bien, dans un couplet,
Vous égrener un chapelet
De rimes blanches,
Sur ma lyrette des dimanches.