Lassée de recevoir des mails de vœux collectifs, avec le même message adressé à 250 personnes (on se sent peu de chose…), submergée par les cartes de vœux en tous genres que m’offrent les assoces à qui j’envoie un chèque (feraient mieux de garder leur sous pour la cause, mais bon…), j’ai décidé cette année d’écrire sur ces cartes des vœux avec mon stylo à plume à vraie encre - j’adore ! - et de les envoyer dans une enveloppe en papier authentique assortie d’un réel et non virtuel timbre-poste.

Totale classe, plus personne ne fait cela. 

Je dresse donc la liste des heureux bénéficiaires, consulte mon répertoire papier et en extrait des coordonnées dont je ne suis pas sûre à 100% si je les ai notées il y a, 3, 5 ans ou plus.   Pani p’oblème, comme on dit aux Antilles, je vais sur pages jaunes.fr ! Et là, stupéfaction : « pas d’adresse à ce nom », « pas d’adresse à ce nom».  Où sont-ils passés, ces gens, pour que les pages jaunes ne les trouvent pas ? Morts ? Pas tous, quand même ! Déménagés ? Oui, mais avec une recherche France entière on ne les trouve pas davantage et je doute que tous aient fui à l’étranger. 

Seule hypothèse : la liste rouge. Autrefois, c’était l’exception : pour les célébrités ou en cas de harcèlement, de gros risques. Aujourd’hui, plein de gens sont en liste rouge. A priori méfiants, cachés… Quant aux moins de 40 ans, ils sont nombreux sans téléphone fixe, juste un numéro de mobile et une adresse de courriel. Impossible de trouver leurs coordonnées. Impossible d’envoyer une carte CHEZ EUX. D’ailleurs, ont-ils seulement un chez eux ? Existent-ils ou ne sont-ils que des humains virtuels, à qui il suffit de cliquer sur la souris pour disparaître à jamais? Tous ces commentateurs de blogs, ces gens rencontrés par hasard dans un café et qui vous laissent « leur imel » sont-ils des SDF, des avatars, ou des vrais gens chez qui on peut sonner pour boire un verre, bavarder et plus si affinités ? 

Que ces forums virtuels où on peut discuter sur écran avec cent potes comme si on les connaissait depuis l’enfance, mais frapper à la porte d’aucun me semblent tout soudain étranges. 

Comme disait Luchini dans « Confidences trop intimes » : « Je veux savoir où elle habite ! 
- Tout le monde veut savoir où est la bite. Les hommes comme les femmes. » répliquait le psychiatre. 

Eh bien la bite est en liste rouge, on n’est pas près de s’y amarrer.

JOYEUX NOËL !