Il est vingt et une heures soixante huit. J'attaque ce billet sans la queue d'une idée, alors vous pensez, la tête ? Vous me demanderez l'intérêt d'une telle démarche et vous aurez raison de vous étonner, on le serait à moins. Attendez que j'envoie mon neurone en mission dans le ballot de coton qui me sert momentanément de cerveau. Ai-je peur de me faire engueuler par mes cons d'blogueurs ? Rhhhoooooooo ça se voit que vous ne les connaissez pas. Ils sont si mignons. Ils sont prêts à me remplacer, à prendre mon tour, à me souffler des sujets, et le tout avec le sourire. Il y a peu, j'ai republié un vieux texte de ya 5 ans, Tant-Bourrin a juste un peu toussé et Andiamo a su rester très digne, des gentlemen, je vous dis, non vraiment, c'est un plaisir de glander à côté d'eux, j'en connais qui ronchonneraient comme quoi c'est toujours les mêmes qui se tapent tout le boulot, mais eux non : ils ont fait l'école de Sparte et ils ont pris tous les deux "stoïcisme" en première langue. Non, pas la même année. Ils préfèreraient se faire déchiqueter les viscères par un renardeau plutôt que me faire la moindre remarque sur mon laisser-aller qui ressemble de plus en plus à du foutage de gueule.

Je vous demande à tous à genoux un peu de votre mansuétude. Oui je suis soufrifreux. Souffrançant ? Soufrier ? Souffreteux ? Enfin j'ai mal, quoi ? J'ai mal quand je prends dans la gueule les lanières de talent de notre Désordonnée . Elle est particulièrement en verve en ce moment. Elle m'inerve, si vous me permettez ce clin d'œil facile. Elle a bien fait finalement de nous couper les commentaires sous son verbe vrai. Nos mots sonnaient faux, ne pouvaient plus camoufler leur fêlure, comparés à l'évidente pureté de son scalpel aiguisé nous disséquant l'anatomie de nos hypocrisies.

Je souffre pour ces gosses portant sur leurs frêles épaules le lourd désir de génie inassouvi de leurs parents. Dieu garde, nos trois cancres assument leur moyennitude. Ils se vautrent dans la passion, peaufinent leurs mesquineries et répliquent "je gère" à toutes nos tentatives de les tirer vers l'excellence. Ils iront loin si le kérosène n'atteint pas des tarifs prohibitifs. Quelle fierté de les voir se gourrer eux aussi et mettre leurs pas dans les traces laissées par nos erreurs.

Qu'ils ne se leurrent pas, ni nous : les choix qui nous sont laissés ne sont pas si nombreux. Vas dur, vas mou, tu iras dans le trou. À tous les ages on peut sentir l'étau se resserrer, il suffit que des amis "de la classe" vous tirent leur définitive révérence sous le maigre prétexte d'un congé de mortalité. Et il faut endurer ces biographies sommaires systématiquement élogieuses dites par un mec en robe longue qui ne connait rien de rien de votre pote défunt.

Ah si ! Il semble avoir des certitudes sur la destination de cette âme en allée.

Ce pouvait être pourtant l'occasion d'écrire de bien belles choses