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dimanche 26 mars 2006

Saoul-FifreThe Sec Machine

La machine à ramasser les amandes en sec. Je l'ai fabriquée avec mes petites mains et un gros poste à souder ya 8 ans environ, on a fait 3 récoltes avec, et j'ai été rattrapé par le progrès : le matériel évolue tellement vite que je me suis associé avec un ami pour en avoir une "à tapis roulant", et puis là, on a acheté une "toute en un" qui est extraordinaire. D'un chantier à 5 personnes, on en est arrivé à travailler tout seul. Et sincèrement, je préfère. Ces machines sophistiquées sont tellement dangereuses que nous avons eu 2 accidents et moralement, ça m'a salement secoué. S'il m'arrive quelque chose et que je suis seul en cause, c'est plus facile à assumer...

Enfin, ma machine était cool et pas inquiétante pour un sou : on faisait la récolte en famille. J'exploitais des enfants sans contrat de travail. Un bon Coup de Pouce à l'Emploi, mais s'ils n'étaient pas sages, je les renvoyais à la maison sans éprouver le besoin de me justifier, et avec un bon Coup de Pied à l'Echine si nécessaire. Des bons CPE comme on les aime.

Déroulement du chantier. 1ère photo, le tracteur s'est arrêté au droit de l'amandier, on a déroulé le filet de 8 mètres de côté autour du tronc (il est fendu jusqu'au centre) et ce que je tiens à la main est un secoueur de branches pneumatique qui est relié par le tuyau rouge au compresseur d'air qui est à gauche. Sur la droite, on voit le second tracteur qui fait marcher l'écaleuse (qui enlève la peau, et non la coque de l'amande)

2ième photo, Margotte et les enfants tiennent les 2 parties du filet bien tendues, et la machine enroule le filet avec un moteur hydraulique. Les amandes tombent dans les caisses, et le tracteur amène la machine devant un autre arbre.

3ième photo, on voit un peu les détails : à l'arrière de la machine, il y a 2 roues dirigeables qui permettent de prendre les virages un peu raides, pour passer d'une rangée à la suivante. J'ai adapté une direction récupérée sur un vieux "poney" Massey-Ferguson, et son train avant (inversé puisque les roues sont derrière le siège). On voit le palier et son roulement à billes, le moteur hydraulique qui fait tourner le rouleau est à l'avant, le train de caisses...

Bof...etc, quand il a vu ce binz chnauzé, la dernière fois qu'il est venu chez nous, est tombé en arrêt devant, comme un chien de chasse. Il l'a photographié sous toutes les coutures, et pourtant, le spectacle n'est pas trop réjouissant : ce truc obsolète est abandonné dans une "baragne", en train de rouiller, il a l'air tout nu sans son filet, mais c'est le témoin d'une époque. Ces amandiers, je me rappelle bien leur âge, puisque Margotte portait notre premier né dans son ventre quand nous les avons plantés.

Il parait qu'on ne peut pas être heureux sur terre si on a pas planté un arbre. Notre tempérament inquiet nous en a fait planter 600, pour avoir un peu de marge. Je touche du bois (d'amandier), pour l'instant, ça se vérifie.

samedi 18 mars 2006

Saoul-FifreUne table à marée basse

Souvent nous nous enchaînons nous mêmes. C'est le cas ici puisque honeybees a choisi toute seule comme une grande de faire partie de cette chaîne, et moi itou. Mais nous ne la transmettons pas. Arriba la libertad q:^) !!

Ce concept de table pour nain m'interpelle. Il me titille, il me secoue, il me touille, me fouille, me chatouille, me gratouille et, bien évidemment, à force, il m'excite. Celle sur la photo a une histoire.

On n'a pas tous les ans 20 ans, et je vivais seul dans un studio au rez-de-chaussée d'une tour. Mes possessions matérielles se résumaient à :
- Un matelas posé par terre.
- Un gros réveil russe mécanique avec 2 cloches pour la sonnerie. Je l'avais choisi pour le bruit d'enfer qui avait fait sursauter tous les clients du magasin. Comme cela ne suffisait pas pour me tirer de mon sommeil plombé, je l'installais dans une assiette pleine de pièces de monnaie.
- Les instruments de cuisine de base. Je me suis toujours mitonné de bons petits plats.
- Une seule assiette, mais plein de verres.
Quand j'ai emménagé, l'électricité marchait. Ça ne m'a posé aucun problème. Au bout de 4 mois, on me l'a coupée. Je me suis dit que EDF allait essayer de me faire payer la facture du précédent locataire qui avait dû partir sans payer, et je n'ai pas bronché. J'ai été acheter une vieille lampe à pétrole, et ça donnait une ambiance super hypra cool pour les soirées sympas entre copains. Je vous raconte tout ça pour que vous compreniez bien quel mec pas compliqué j'étais q:^)

Je n'avais pas envie de m'installer dans la vie. J'étais "Le voyageur sans bagages" d'Anouilh. J'étais "Le chat qui s'en va tout seul", de Kipling. Mais, n'ayant pas de chaise, il m'est venu une envie de table basse. J'ai acheté une plaque d'aggloméré, et, comme je bossais dans le téléphone, j'ai scié des poteaux et des goulottes métalliques PTT de récupération, et j'ai fait les pieds avec. Des années après, mon beau-frère de la main gauche, avec qui nous vivions en colocation, a flashé sur cette table et m'a demandé la permission de bosser dessus. Sachant que j'adorais les échecs (non, je n'aime pas perdre), il a tracé sur le plateau un superbe échiquier, imitation marqueterie, avec des lasures claires et foncées. C'était magnifique. Mais l'œil du game addict que je suis remarqua de suite la couille dans le potage. Ce con n'avait pas mis la case blanche à droite. Il dut tout poncer et recommencer.

Ce pote s'est pendu quelques années plus tard, en plein bonheur professionnel, parental et conjugal, sans autre raison objective que sa folie intérieure, son "mal de vivre". Cette table basse que j'ai quotidiennement sous les yeux me rappelle les pétées de rire et les bons moments que nous avons passé ensemble.

Alors dessus, il y a les journaux que je lis. Comme quotidiens, "La Provence" et "La Montagne". J'aime bien les pages politiques de "La Montagne". Ne jamais oublier que c'est dans ces pages qu'Alexandre Vialatte écrivait ses merveilleuses chroniques publiées sous le titre qui était son refrain : "Et c'est ainsi qu'Allah est grand". Les journaux professionnels, "L'Agriculteur Provençal", "Le Pâtre"... Le livre qui accompagnait mon APN, cadeau familial : "La photo numérique pour les nuls". Le cadeau du Playb' et de son épouse, la plèbe : la BD tirée du film Renaissance , qui est sur les écrans en ce moment. Très belle histoire, très bien écrite, il faut qu'on aille le voir. Encore merci ! Ya le dernier Echo des savanes, celui où les scénarios de Folie Privée sont publiés pour la 1ère fois, un collector ! Celui que Ab6 doit envoyer à Yael , mais finalement c'est plus la peine... Il y a le Figaro magazine de ma belle-doche, avec le 1er Sudoku "diabolique" que j'ai réussi à faire ! Ça s'arrose ! Il y a les reliefs du dernier apéro : Lagavulin/Anisette/Salers. Il y a le cendrier sale et le paquet vide traditionnels. Personne ne fume chez nous, mais les fumeurs sont accueillis avec bienveillance. C'est notre côté "anti-américains". La salle "non-fumeurs/oui-emmerdeurs", elle est dehors, si vous voyez ce que je veux dire ? Ya aussi le n° mythique de Charlie sur les caricatures de Mahomet. Quand la conversation retombe, ça la fait redémarrer. De toutes façons, dans les années qui viennent, on s'apercevra que les autres sujets de discussion seront des anecdotes sans intérêts.

Et puis ya le dernier Canard, enfin, le dernier sorti, dieu m'tripote, j'espère que ce n'est pas le dernier, qui tient bon le cap de la laïcité et de la liberté de penser et de blâmer. Doux Jésus, quand je pense que c'est le Figaro qui a squatté la célèbre phrase de Beaumarchais ! Enfin, dans le dernier Canard, j'ai constaté que la pensée maréchalesque, et en particulier son concept de "filet garni", marquait à nouveau des points. Antenor surfe sur la mode, il la chevauche, la devance, l'invente, la lance, lui serre le kiki, la destructure, la passe au mixer ! On ne va bientôt plus rien pouvoir dire sans être convaincu de plagiat par les avocats de notre Maréchal ! Que le Docteur Schneider et sa clique de blouses blanches le protègent et fassent rentrer les cotisations !

vendredi 10 mars 2006

Saoul-FifreLa quille, bordel !

Mais quand ça va bien pouvoir finir ?

J'ai passé aujourd'hui le cap des 50 ans, Epi m'a envoyé ses condoléances, il est solidaire, il est de la classe. Ma famille aussi s'est apitoyée, sous couvert de félicitations, et pourtant, il n'y a vraiment pas de quoi : 50, c'est le bel âge, l'âge mûr, sucré, juteux, fondant, coloré, odorant... l'âge idéal où il convient de cueillir la vie dans ce qu'elle a de plus aboutie, expérimentée, connaisseuse...

Bon, un poil de plus en maturité, et la peau se fend, la fermentation commence, la pourriture s'installe, les vers s'y mettent, des liquides malodorants s'en échappent, les rides se creusent et le fruit se ratatine, se recroqueville, se dessèche pour donner vie au futur noyau, futur arbre, futur porteur de fruits... Attendez ? Il faut laisser la place aux jeunes, on est trop nombreux, vive la grippe aviaire et le terrorisme intellectuel qui ose mettre ses idées en pratique !

Je m'excite, je m'excite, mais je n'en suis pas encore à la fin du livre. Je me doute juste qu'il va mal finir et que le héros ne reviendra pas pour un deuxième tome. Vu l'hygiène de vie draconienne à laquelle je me suis astreint, j'estime les années que j'ai vécues, et bien vécues, à 50 % du total de vie que je m'accorde. Donc : 50 au jus. J'ai le temps d'acheter ma quille, rien ne presse.

20 ans de tabagisme militant et forcené, ya pas photo, non ? Tout le monde connaît l'excellente pérennité de la viande fumée, qui permettait aux boucaniers de traverser les océans ? De même, vous avez entendu parler des conserves à l'alcool qui défient le temps ? C'est bien entendu dans un but sanitaire que je m'imbibe et me désinfecte l'intérieur tous les soirs, au whisky, avant de me laisser glisser dans le sommeil réparateur. La choucroute au Riesling, les cornichons au vinaigre, les confitures de gratte-culs..., aucune technique de conservation ne m'est étrangère. Même si je ne les maîtrise effectivement pas de manière professionnelle, et que je fais largement 10 ans de plus que mon âge...

De toute manière, toute coquetterie mise à part, et en tout cas, en ce qui me concerne, la seule manière d'obtenir des compliments sur ma bonne mine malgré le poids des ans qui m'accable, c'est d'en avouer 15 de plus. J'ai donc passé ma journée à tester cette technique sur des connaissances éloignées, des commerçants, des clients de Super U...

Ce n'est pas fondamentalement réjouissant, car ça ne change rien au problème réel de base, mais quelques regards admiratifs et quelques bouches ouvertes stupéfaites à votre vue font toujours plaisir... On se fait les petits cadeaux d'anniversaire qu'on peut.