Souvent nous nous enchaînons nous mêmes. C'est le cas ici puisque honeybees a choisi toute seule comme une grande de faire partie de cette chaîne, et moi itou. Mais nous ne la transmettons pas. Arriba la libertad q:^) !!

Ce concept de table pour nain m'interpelle. Il me titille, il me secoue, il me touille, me fouille, me chatouille, me gratouille et, bien évidemment, à force, il m'excite. Celle sur la photo a une histoire.

On n'a pas tous les ans 20 ans, et je vivais seul dans un studio au rez-de-chaussée d'une tour. Mes possessions matérielles se résumaient à :
- Un matelas posé par terre.
- Un gros réveil russe mécanique avec 2 cloches pour la sonnerie. Je l'avais choisi pour le bruit d'enfer qui avait fait sursauter tous les clients du magasin. Comme cela ne suffisait pas pour me tirer de mon sommeil plombé, je l'installais dans une assiette pleine de pièces de monnaie.
- Les instruments de cuisine de base. Je me suis toujours mitonné de bons petits plats.
- Une seule assiette, mais plein de verres.
Quand j'ai emménagé, l'électricité marchait. Ça ne m'a posé aucun problème. Au bout de 4 mois, on me l'a coupée. Je me suis dit que EDF allait essayer de me faire payer la facture du précédent locataire qui avait dû partir sans payer, et je n'ai pas bronché. J'ai été acheter une vieille lampe à pétrole, et ça donnait une ambiance super hypra cool pour les soirées sympas entre copains. Je vous raconte tout ça pour que vous compreniez bien quel mec pas compliqué j'étais q:^)

Je n'avais pas envie de m'installer dans la vie. J'étais "Le voyageur sans bagages" d'Anouilh. J'étais "Le chat qui s'en va tout seul", de Kipling. Mais, n'ayant pas de chaise, il m'est venu une envie de table basse. J'ai acheté une plaque d'aggloméré, et, comme je bossais dans le téléphone, j'ai scié des poteaux et des goulottes métalliques PTT de récupération, et j'ai fait les pieds avec. Des années après, mon beau-frère de la main gauche, avec qui nous vivions en colocation, a flashé sur cette table et m'a demandé la permission de bosser dessus. Sachant que j'adorais les échecs (non, je n'aime pas perdre), il a tracé sur le plateau un superbe échiquier, imitation marqueterie, avec des lasures claires et foncées. C'était magnifique. Mais l'œil du game addict que je suis remarqua de suite la couille dans le potage. Ce con n'avait pas mis la case blanche à droite. Il dut tout poncer et recommencer.

Ce pote s'est pendu quelques années plus tard, en plein bonheur professionnel, parental et conjugal, sans autre raison objective que sa folie intérieure, son "mal de vivre". Cette table basse que j'ai quotidiennement sous les yeux me rappelle les pétées de rire et les bons moments que nous avons passé ensemble.

Alors dessus, il y a les journaux que je lis. Comme quotidiens, "La Provence" et "La Montagne". J'aime bien les pages politiques de "La Montagne". Ne jamais oublier que c'est dans ces pages qu'Alexandre Vialatte écrivait ses merveilleuses chroniques publiées sous le titre qui était son refrain : "Et c'est ainsi qu'Allah est grand". Les journaux professionnels, "L'Agriculteur Provençal", "Le Pâtre"... Le livre qui accompagnait mon APN, cadeau familial : "La photo numérique pour les nuls". Le cadeau du Playb' et de son épouse, la plèbe : la BD tirée du film Renaissance , qui est sur les écrans en ce moment. Très belle histoire, très bien écrite, il faut qu'on aille le voir. Encore merci ! Ya le dernier Echo des savanes, celui où les scénarios de Folie Privée sont publiés pour la 1ère fois, un collector ! Celui que Ab6 doit envoyer à Yael , mais finalement c'est plus la peine... Il y a le Figaro magazine de ma belle-doche, avec le 1er Sudoku "diabolique" que j'ai réussi à faire ! Ça s'arrose ! Il y a les reliefs du dernier apéro : Lagavulin/Anisette/Salers. Il y a le cendrier sale et le paquet vide traditionnels. Personne ne fume chez nous, mais les fumeurs sont accueillis avec bienveillance. C'est notre côté "anti-américains". La salle "non-fumeurs/oui-emmerdeurs", elle est dehors, si vous voyez ce que je veux dire ? Ya aussi le n° mythique de Charlie sur les caricatures de Mahomet. Quand la conversation retombe, ça la fait redémarrer. De toutes façons, dans les années qui viennent, on s'apercevra que les autres sujets de discussion seront des anecdotes sans intérêts.

Et puis ya le dernier Canard, enfin, le dernier sorti, dieu m'tripote, j'espère que ce n'est pas le dernier, qui tient bon le cap de la laïcité et de la liberté de penser et de blâmer. Doux Jésus, quand je pense que c'est le Figaro qui a squatté la célèbre phrase de Beaumarchais ! Enfin, dans le dernier Canard, j'ai constaté que la pensée maréchalesque, et en particulier son concept de "filet garni", marquait à nouveau des points. Antenor surfe sur la mode, il la chevauche, la devance, l'invente, la lance, lui serre le kiki, la destructure, la passe au mixer ! On ne va bientôt plus rien pouvoir dire sans être convaincu de plagiat par les avocats de notre Maréchal ! Que le Docteur Schneider et sa clique de blouses blanches le protègent et fassent rentrer les cotisations !