Blogborygmes

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mercredi 26 mai 2010

AndiamoLes chronocorolles

Linda mit sa main en visière, afin de masquer l’énorme soleil orange déjà haut sur l’horizon, le disque bleuté de Gératran disparaissait derrière les collines ocres et mauves de la chaîne des Morages.

Elle ne s’était pas trompée : un nuage orangé fait de cette fine poussière, présente sur Héliobulis, cette lointaine planète de la nébuleuse d’Andromède, barrait l’horizon.

Elle porta les jumelles prismatiques à ses yeux : c’étaient bien les hordes de Gummorh, qui bientôt allaient déferler sur ce havre de paix que Julien et elle avaient bâti.

Ainsi il avait perdu la bataille ! Les barbares étaient trop loin, Linda ne voyait pas ce que Gummorh tenait au bout de sa lance, mais elle savait ce que c’était… Sanglant trophée.

Lentement, elle laissa retomber les jumelles sur sa poitrine, une larme roula sur sa joue.

Quelques années plus tôt, ils avaient débarqué sur cette planète, ils étaient des pionniers, tels des Christobal Colombo. Une poignée d’aventuriers, Julien et elle, étaient tombés amoureux au cours du long voyage, cette planète leur avait plu, très peu peuplée, des espaces infinis, le paradis en regard des vingt-six milliards d’humains qui peuplaient la Terre !

Elle tourna son regard en direction du grand char à voiles. Voiles était un terme impropre, puisque c’étaient des ailes verticales orientables en carbone kevlar, dont il était muni.

Elle aimait parcourir durant de longues heures ces vastes étendues rougeâtres, fonds de mers en grande partie asséchées, sur lesquelles son engin poussé par les vents atteignait des vitesses vertigineuses.

- Tu finiras par te tuer ! ne cessait de lui répéter Julien

Elle lui répondait par un grand sourire désarmant.

Que s’était-il passé ? Les autochtones s’étaient montrés accueillants au début, tolérant bien les Terriens. Puis une maladie, un virus jusqu’alors inconnu avaient décimé une grande partie de la population.

Des rumeurs avaient couru, les « Terriens » voulaient les exterminer afin de prendre possession de leur planète !

Les raids contre les colons s’étaient multipliés, Julien et le reste des hommes avaient alors livré bataille.

Linda comprit que malgré la supériorité des armes, le nombre était venu à bout des hommes de la Terre.

Linda tourna les talons. En passant devant la fontaine, elle caressa le jet d’eau qui s’élevait au dessus des plantes aquatiques, fort semblables à nos nénuphars. Un oiseau papillon butinait l’une des fleurs. Sa trompe pourpre se gonflait au rythme des aspirations. Son corps, couvert de plumes comme celui des oiseaux, ses ailes, celles d’un papillon, mélange de bleu et de jaune.

En pénétrant dans la pièce à vivre, elle se dirigea vers un petit meuble en bois du pays que « son » Julien lui avait fabriqué pour Noël ! Un bien joli cadeau, s’était-elle esclaffée !

Délicatement, elle fait glisser le tiroir supérieur, en tire une paire de ciseaux d’argent, souvenir de petite fille… Un cadeau de sa grand-mère. Une autre larme roule sur sa joue.

Elle est revenue dans le patio, la fontaine émet son doux murmure. Au bord du bassin, pousse une étrange plante, c’est une chronocorolle, aux fleurs possédant un étrange pouvoir…

Linda choisit la plus belle, ses longs pétales pourpres et mauves, changent constamment de tons, tantôt foncés, tantôt très clairs… Pratiquement translucides.

D’un coup bien assuré, les petits ciseaux ont tranché la tige au ras de la branche qui la supportait, la sève bleue a taché la main de Linda, elle sait par expérience qu’il lui faudra plusieurs jours avant que celle-ci disparaisse, mais qu’importe !

La fleur tenue verticalement, Linda de sa main libre a porté les jumelles à ses yeux. L’horizon est à nouveau clair, les hordes ont disparues, aspirées par la spirale du temps.

Le temps a reculé, ça n’est que passager, cela durera l’espace de vie de la fleur coupée. Quand elle sera fanée, tout reprendra sa place, le nuage, les hordes de Gummorh…

Il lui faudra alors couper à nouveau une chronocorolle, l’arbuste est jeune, la nouvelle fleur qui se prépare derrière celle que Linda a cueillie, sera bien menue, elle retardera l’échéance d’une journée tout au plus… Tout au plus.


(ch'tiot crobard Andiamo )

dimanche 16 mai 2010

AndiamoC'est un beau bébé !


Un p'tit beurré touillou
Un p'tit beurré touillou... (air connu)



Blogbo à cinq berges ! Moi aussi, alors Champomy !

mercredi 5 mai 2010

AndiamoL'amiral Tortonov

Cette petite histoire, ou plutôt ce monologue m’a été récité deux fois par un copain, il y a fort longtemps.

Je ne pourrai pas vous restituer le texte original, et vous le comprendrez aisément. Toutefois j’en ai retenu l’essentiel et c’est bien ce qui compte n’est-ce-pas ?

Si un de nos lecteurs le connaît dans son intégralité, il peut le faire parvenir à BLOGBO… Merci.


Nous sommes en mai 1919, le Tsar Nicolas II a été exécuté voici dix mois.

Sa cousine Germaine, la Princesse Sonia, fort jolie veuve du colonel Bourbaski, assassiné lui aussi par les troupes Bolchéviques, reçoit, dans son grand salon de l’avenue Malakoff, l’Amiral Tortonov.

L’amiral Tortonov était grand amiral en chef de la flotte impériale de Nicolas II, Tsar de toutes les Russies. Il a miraculeusement échappé au massacre, et comme grand nombre de ses concitoyens il s’est réfugié en France, plus précisément à Paris.

Si il est là aujourd’hui, c’est pour être présenté aux filles de la Princesse Sonia, ceci afin d’en choisir une et l’épouser.

Le grand samovar d’argent encore fumant trône sur un guéridon aux incrustations d’ivoire. Le thé a été servi dans un délicat service de porcelaine aux armes de la famille Romanof.

Alors, pour la première fois de sa vie, la Princesse Sonia frappa dans ses mains.

Apparût une jeune fille aussi douce que belle, qui s’exprima en ces termes :

- Bonjour Amiral ! Amiral bonjour ! J’ai dix-sept ans, je suis vierge, je joue de la canne et du chapeau, je culotte admirablement les pipes, et je possède en outre quelques talents de société dont je vais vous donner la primeur.

S’étant placée face à la porte, puis s’étant reculée de cinq pas, elle se retroussa par devant, et là… D’un jet aussi fin que bien ajusté, elle urina à travers le trou de la serrure et ce… sans en mouiller les bords !

- KARACHO ! KARACHO ! s’écria l’Amiral : jeune fille, vous serez ma femme !

- Du calme Amiral, Amiral du calme : vitesse et précipitation sont souvent sources de déboires et de désillusions.

Alors pour la seconde fois de sa vie, la Princesse Sonia frappa dans ses mains.

Apparût une jeune fille aussi douce que belle, qui s’exprima en ces termes :

- Bonjour Amiral ! Amiral bonjour ! J’ai dix-huit ans, je suis vierge, je joue de la canne et du chapeau, je culotte admirablement les pipes, et je possède en outre quelques talents de société dont je vais vous donner la primeur.

Ayant disposé aux quatre coins du billard quatre bougies allumées, elle se retroussa par derrière, puis s’éloigna de six pas, et là d’un pet aussi magistral que bien ajusté : elle souffla les quatre bougies d’un coup, d’un seul, et ce… sans utiliser les bandes !

- KARACHO ! KARACHO ! s’écria l’Amiral : jeune fille, vous serez ma femme !

- Du calme Amiral, Amiral du calme : vitesse et précipitation sont souvent sources de déboires et de désillusions.

Alors, pour la troisième fois de sa vie, la Princesse Sonia frappa dans ses mains.

Apparût une jeune fille aussi douce que belle qui s’exprima en ces termes :

- Bonjour Amiral ! Amiral bonjour ! J’ai dix-neuf ans, je suis vierge, je joue de la canne et du chapeau, je culotte admirablement les pipes, et je possède en outre quelques talents de société, dont je vais vous donner la primeur.

Ayant saisi dans la grande coupe d’argent une noisette, elle s’allongea sur le dos, après s’être retroussée par devant, puis elle lança le fruit en l’air et le recueillit avec la partie la plus intime de son individu et là, d’un ciseau aussi violent que bien ajusté, elle fendit la coque en deux et ce… sans en esquinter l’amande !

- KARACHO ! KARACHO ! s’écria l’Amiral : jeune fille, vous serez ma femme !

Ils se marièrent, le temps passa, l’Amiral Tortonov n’est plus, quant à sa jolie veuve, il lui arrive encore de faire montre de ses talents de société.

Mais ça n’est plus avec une noisette qu’elle se met sur le dos… C’est avec une noix de coco !