Il y a 20 ans, quand je suis arrivé dans ce lieu de villégiature privilégié de Monsieur le Soleil et de sa femme la chaleur accablante, les figuiers de Barbarie étaient déjà là. Et ils avaient approximativement la même tronche. Mais ils ne se reproduisaient pas : pas une fleur, pas un fruit, jamais... Le soleil plombait, certes, mais les degrés cumulés étaient insuffisants pour initialiser une floraison. À 5 kilomètres d'ici, je connaissais des figuiers de Barbarie qui arrivaient à produire des fruits. Ils étaient installés plein Sud, accrochés courageusement au flanc d'une falaise de calcaire gris qui emmagasinait et concentrait la chaleur, et permettait la fructification. Pas le murissement. Mais chez nous, nib de queude.

Et puis depuis 5 ans, ils se sont mis à exhiber leurs organes sexuels, à rameuter des insectes pour leurs orgies fécondatrices. Vous le savez, que les fleurs sont belles et habillées de couleurs chatoyantes pour attirer les insectes pollinisateurs et se faire tripoter la corolle ? Vous le saviez, vous l'avez remarqué, que les filles rougissent quand on leur offre des fleurs ? Des images crues de gros bourdons poilus leur frottant les étamines dans le but avoué de leur saupoudrer le pistil de saccades brumeuses de pollen leur reviennent en mémoire. Souvenirs primaires enfouis, lovés dans des replis secrets, de mouvements reptiliens, de boutons épanouis ou de moiteurs d'algues... Waaaa, comme il fait chaud, tout d'un coup... Et vite, vite, elles prennent le bouquet, enfouissent le nez dedans, et lui trempent la queue dans l'eau froide !

Oui, il fait de plus en plus chaud en Provence. Le réchauffement climatique nous vient des bovins qui rotent et des bactéries méthanogènes des rizières (encore un coup des vaches chinoises). Cette année, l'été a pris ses quartiers chez nous il y a 2 mois. C'est la première fois que je vois un mois d'Avril et de Mai secs : Mai est la période de la 1ère coupe de foin, et quand on mouille du foin, on s'en souvient, car un foin mouillé est invendable. Moi je vous le dis : en Mai, il pleut. Si c'est pas au début, c'est à la fin. Ben, ça y est, ce genre de principe fait désormais partie des vieilles lunes de radoteurs. Autour de chez nous, l'herbe est jaune, morte comme si on était en juillet. Il va falloir que je songe à me reconvertir. Alors ya les figuiers de Barbarie qui ont l'air de bien venir et de se porter comme un charme. Ça sent la niche commerciale à grosses marges , ça...

La figa de ta ouèla, oui ? Comme on disait là-bas... La chatte à ta grand-mère... Oui, c'est exact : nos insultes étaient vraiment très vulgaires.

Faut dire qu'il faisait chaud.