Vous me connaissez, je suis pas le genre à cracher dans la soupe, d'abord j'adore la soupe. Je suis pas comme mon second fils qui nous fait une crise de paranoïa aigüe chaque fois qu'il y en a sur la table, c'est à dire tous les soirs en hiver. Ce grand benêt (oui je trouve qu'on n'emploie pas assez le mot de "benêt") est persuadé qu'on le fait exprès pour l'embêter, c'est vous dire son niveau. Il croit qu'un régime à base de macaronis-rapé-beurre c'est équilibré si on fait glisser avec un cocktail de vitamines. Bon je vais arrêter de parler des maniaqueries gastronomiques de mes enfants sinon je vais encore mal digérer ma paella améliorée au restant de couscous.

Et le plus beau, c'est que, quand le sujet vient sur le tapis, toute la famille se retrouve pour dire que c'est de ma faute, que si quand ils étaient bébés je leur avais pas préparé amoureusement de tout mon cœur, des petits pots mixés "maison", à base de poivrons grillés, d'oignons revenus et d'aubergines à l'ail, hé ben ils seraient pas si dégoutés ???

Fouler ainsi au pied mes sentiments pas ternels du tout, qu'y disent, le perfectionnisme de mon projet éducatif, et je ne parlerai même pas de mes talents culinaires qui ont clafi des murs dans la France entière, jusqu'à ceux de notre soigneuse (et regrettée) Manou.

Je sais pas du tout pourquoi je vous parle de ces petits soucis domestiques, ce n'est pas du tout le sujet du jour.

Non je voulais vous dire que je vous aime bien, tous, non mais pas Pascal quand même, il m'angoisse trop avec ses histoires gore de mec qui court avec un pied fracturé, ça me rappelle "On achève bien les chevaux" et moi j'ai un auto-collant avec "Manger Crin-Blanc ou Tornado ... jamais !", ce qui n'a rien à voir, d'ailleurs.

Je vous aime tous, vous, les membres de la blogosphère, voilà mon sujet. J'aime cette grande idée de créer en public, en ayant des retours immédiats, j'aime ces aires de repos au bord des autoroutes de la communication, devant lesquelles des inconnus passent, et quelque fois s'arrêtent, jusqu'à y élire domicile, presque, quelquefois...

Les rencontres que le blog m'a permises, quand on passe de l'autre côté du miroir, quand le commentateur se fait chair, quand le pseudo bascule, fait un roulé-boulé et se relève en prénom, ont toutes un petit côté magique. Sans elles, dorénavant, je ne serais plus le même. Je ne citerai pas toutes les tronches croisées, découvertes, mais Manou, oui, la poète absolue. Je hais son job aux griffes possessives qui nous prive de ses fulgurances hilares et de son humanité rare.

Et plein d'autres, devenus de vrais amis. Mais vous êtes trop nombreux ! Je ne crache pas dans le potage mais qu'est-ce que ce web est chronophage ! En plus, comme une volée de moineaux dans les blés juste germés, venant de Blogspot, ont atterri chez nous plein de nouveaux, pleins de talents et bien polis ! Quand Épamin' et ses copines commentent, on se croirait téléporté dans ce Forum 1926 que nous avait présenté Tant-Bourrin il y a trois ans. C'est rafraichissant.

Alors je sais pas comment vous faites (je parle aux "actifs", là), mais je ne suis pas encore à la retraite, surtout s'ils nous l'annoncent pour nos soixante et dix ans, et j'ai du mal à assurer mon quota de commentaires, de billets, tout ça... Et puis Lundi, on part en congés, je sais pas si je vais prévoir un petit quelque chose. On verra.

Mais même avec des yeux dans le bouillon, je penserai très fort à vous, esclaves, galériens enchainés à vos blogs.