Tout lu de..., chez moi, ça ne veut pas dire que l'auteur est incontournable, que je le classe parmi les 10 1ers du siècle, ou que ceux qui ne l'ont pas lu sont définitivement ridicules... Non, ça veut dire que le premier livre m'a plu, que, puisque je gagnais, j'ai continué à miser, et qu'il ne m'a jamais déçu. C'est strictement personnel. Les auteurs que je considère comme des génies, il est rare que j'ai tout lu d'eux. Exemple : Erskine Caldwell. "La route au tabac", puis "Le petit arpent du bon dieu", m'ont flanqué un grand coup de massue derrière les oreilles, un des plus gros coups littéraires que j'aie jamais reçu. Donc j'ai continué, mais je n'ai plus jamais ressenti la même chose et j'ai fini par me lasser. Il a dû s'embourgeoiser, perdre sa "flamme"... ou moi la mienne, pour lui...

Bon, les anciens, les morts, voire les classiques.
Pierre Benoit. Je suis un fan. J'ai pas tout lu car Benoit, un stackanoviste de l'écriture, écrivait un livre par an. Et il est mort vieux. Mais j'en ai lu énormément, et dès que j'en trouve un nouveau, je l'achète, ce gars ne se trouve que dans les vide-greniers.
René Fallet. Je suis venu à lui par Brassens et les deux faisaient la paire, chacun dans son domaine. Un régal.
Franz Kafka. Bon c'est pas dur d'avoir tout lu, il détruisait ses pages au fur et à mesure qu'il les écrivait. On doit le peu que nous avons de lui à son non-exécuteur testamentaire, le meilleur des traîtres, puisqu'il a refusé d'exécuter les dernières volontés de Kafka, qui étaient de tout brûler ! Là oui, c'est un "incontournable" !
Jack London. Ha, là, beaucoup de déchets, mais tellement de feu, d'énergie, de générosité, que je me suis accroché. Faut dire qu'il écrivait toujours dans l'urgence, à la mitraillette, et bon..., mais que les perles sont pures !
Boris Vian. Il est mort jeune, aussi, ça aide... C'est le grand frère, il savait tout faire, il le faisait bien, et vite. La guerre n'était pas loin dans le dos et il fallait avaler goulûment l'air frais. Qui sait jusqu'à quand il y en aurait !
Henri Bosco. J'en ai parlé ailleurs Bosco, ce sont les racines patientes du lierre entre les pierres, l'homme dans sa légèreté comme dans sa dureté, c'est le refus du mensonge...
Jules Verne. Le formateur, le crocheteur d'esprit qui libère tous les possibles. Un scénariste hors pair de films dont nous étions les réalisateurs, acteurs, caméramens... Le souffle de l'aventure.
Raymond Queneau. La plupart des romans, mais surtout l'intégrale de ses poésies. Un grand du collège de pataphysique. Quand le matheux fait de la littérature, ça pulse (voir Tant-Bourrin)
John Fante. Tout n'a pas dû être traduit en français car ça fait pas bezef. Il était surtout scénariste pour hollywood, mais ses romans à moitié autobiographiques de petit immigré italien et de son père maçon sont hi-la-rants. Et devant son style, je bave en continuité.
Bernard Moitessier. Ce n'est pas un écrivain, c'est un marin, qui, à force de faire des tours autour du monde, a développé une philosophie mondialiste, mais pas dans le sens pervers. J'ai lu ses 4 livres q:^)

Ya les polars, je suis très roman noir, et quand une série me plaît, c'est sûr que tout y passe !

Jean-Claude Izzo. C'est un marseillais, mais il a fait une carrière nationale avant de décéder prématurément. Il parle de Marseille avec la langue de l'amour et avec lui, les politiciens véreux, les magouilleurs, en prennent pour leur grade. C'est aux sans-grades qu'il réservait sa chaleur.
Fred Vargas. C'est Mamascha d'oc, une de nos commentatrices (trop rare) qui nous l'a faite découvrir, à TB et à moi... Je considère qu'elle a révolutionné l'écriture du polar en travaillant et en donnant du corps à ses seconds rôles. Et elle torture la langue comme j'aime.
Frédéric H. Fajardie. Un ancien de mai 68 qui a le style le plus incisif et noir que je connaisse. Un chirurgien des phrases qui a le coup de scalpel précis et redoutable. Nostalgique de ses diamants très purs qui m'hypnotisaient, j'ai été déçu par "les foulards rouges", son dernier best-seller, qui l'a remis sur le devant de la scène. J'ai pris ça comme une auto-trahison, mais l'amour et la haine, hein ?
Pierre Magnan. C'est un auteur local (Manosque) mais très doué. Ses intrigues sont sympas et tordues à la fois. Il est très agréable à lire.
Robert Ludlum. Je n'en suis pas très fier, mais j'ai lu tous ses livres. Enfin, ses livres, je sais même pas si c'est lui qui les écrit, mais je considère que "La mémoire dans la peau" est le meilleur thriller que j'ai eu dans les mains. Et les autres n'étaient pas mal non plus. q;^)
Maurice Leblanc. Jeune, je me suis farci tous les Arsène Lupin. Et même plusieurs fois. Loin de moi l'idée de défendre becs et ongles la qualité littéraire du genre, mais le redresseur de tort, Zorro, Robin des bois, Zapatta, les bandits d'honneur, les cambrioleurs de perception, ça met de bonne humeur, on peut pas s'en empêcher ! Donna Léon. Ce n'est que la deuxième femme, ya quelque chose qui cloche, hein ? Elle habite à Venise et en parle admirablement. Ses intrigues sont un peu politiques, écolos, son commissaire est parfait et sa femme est extra. Des polars très dépaysants.

Reste Amin Maalouf, qui n'est ni mort, ni auteur de polar. Je le relis régulièrement car il nous parle d'une époque où les arabes, les juifs et les chrétiens vivaient en relative entente, en tout cas ensemble, tout autour de cette Méditerranée qui est notre mère, et qui doit pleurer toutes les larmes de son corps, de voir ainsi ses enfants se battre.