C'est les vacances, je sais, pas pour tout le monde et ceux qui restent doivent travailler deux fois plus, même si ya des remplaçants, vu qu'ils n'y connaissent rien, et puis ceux qui bossent dans le tourisme, faut pas non plus leur parler de congés, vu qu'ils sont en pleine bourre dans les vapeurs de frites, mais bon, il est de tradition qu'en Juillet et en Aout, CERTAINS ne foutent rien tout en étant payés...

ALORS, pourquoi ne pas lire ? Et pourquoi ne pas lire des trucs qu'on ne lit jamais, des trucs qui vont vous parler d'autres mondes, de la façon de vivre "à l'ancienne", d'une époque ou l'on vivait en contact étroit avec les bêtes, ou l'on s'en occupait bien car elles et nous avions mutuellement besoin de l'autre, mais pas pour compenser artificiellement une solitude, comme un bichon ou un siamois peut faire, mais bien pour une question de SURVIE, relation autrement plus forte...

Vers quels auteurs aller grapiller, fouiner ?

Bon, comme écrivain rural, celui qui me revient de suite, c'est Maurice Genevoix. Je ne crois pas qu'il ait écrit sur un autre sujet. Ce n'est pas un auteur dont je fais mes choux gras, il a assez mal vieilli, mais on ne peut lui refuser une langue belle, pure, et un coup d'œil de vrai connaisseur sur le monde animal sauvage.
Un seul ? "Le roman de Renard".

Maupassant est aussi un rural. Evidemment, il s'intéresse surtout à l'homme, mais on y trouve quelques traits qui montrent que son sens de l'observation allait aussi vers la Nature.
Un seul ? "Contes de la bécasse".

Marcel Aymé, rural également. Un de mes auteurs préférés. Un grand créatif plein de malice, fourmillant d'idées et de vie, toujours sur le fil entre le respect du réel et le surréalisme.
Un seul ? "La vouivre".

Giono. Un bloc de chair, de sang, de nerfs. Un cœur. Tous les sens hypertrophiés. Et une tronche qui essayait de remettre toutes ces sensations, tous ces sentiments en phrases, avec bien du mal : on ne tire pas un feu d'artifice dans un coffre fort, on ne canalise pas un tsunami... Giono tire des symboles éternels de nos profondeurs et leur donne corps, Vie et larmes. Pagnol, qui devait détester épidermiquement Giono, a quand même saisi la force de "regain" ou de "la femme du boulanger"...
Tout est bon mais allez, deux au hasard ? "Que ma joie demeure" et "Le grand troupeau".

On reste dans la région avec Henri Bosco, un poids lourd de la littérature. Quand je pense qu'on le confine dans la littérature enfantine (l'âne Culotte, le renard dans l'île...) dans des versions raccourcies ? Le meilleur traducteur de l'âme provençale (la vraie, pas les pagnolades, vous m'avez compris). Le plus bon pour vous mettre en place une ambiance délétère bien glauque que vous n'allez pas pouvoir quitter. Un style dur, tranchant et suggestif à la fois, magique, hypnotique, et pourtant laissant une impression de liberté d'interprétation extraordinaire. Unique.
Tout, là aussi, mais relire "Le mas Théotime" et découvrir "Malicroix", pour son approche de la Camargue.

Toujours sur la Camargue, mais bon, il ne joue pas du tout dans la même cour que Bosco, mais c'est prenant quand même, ya Joseph d'Arbaud. L'intérêt de d'Arbaud, c'est qu'il était vraiment manadier et qu'il sait de quoi il parle.
Un seul ? "La bête du Vaccarès".

Avec Jules Renard et ses "Histoires naturelles", on arrive à la crème, au dessus du panier de tout ce qui a été écrit sur les animaux. L'œil du Grand Maître s'est posé avec une infinie tendresse sur nos frères subalternes. Une poésie épastrouillante se dégage de ce petit opus. Là, nous touchons à l'incontournable : si vous ne l'avez pas encore lu, vous voilà un but tout trouvé pour les minutes qui suivent, vous démerder de le trouver toutes affaires cessantes !
Ici Radio-Londres, je répète : "Histoires naturelles".

Et puis le meilleur, pour la fin, comme de bien entendu : Louis Pergaud. Vous connaissez son nom, c'est l'auteur de "La guerre des boutons", mais ce qu'il a écrit sur les animaux sauvages est proprement impressionnant, pour la connaissance du milieu que cela suppose, et pour sa langue magnifique, et pour les sentiments exprimés qui savent si bien vous serrer le cœur. Si vous avez un certain âge, et un âge certain, vous ne serez pas en terrain inconnu : ses nouvelles ont été pillées pour alimenter les extraits de textes que l'on nous proposait dans les livres de lecture du primaire. Elles le méritent. Chez Pergaud, tout est génial, mais bon, un peu dur à trouver au kiosque de la plage ? Une occasion d'aller à l'ombre dans la bibliothèque climatisée du coin et de se le déguster ?
"De Goupil à Margôt", avec une fantastique histoire de 2 petits paysans suivis de loin par un grand chien, par temps de neige... d;-|
"Le roman de miraut"
"Les rustiques"
"La revanche du corbeau"

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