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mercredi 27 février 2013

Tant-BourrinSortez couverts ! (ou les aventures de Sigismond la fourchette) (3)

La première série fut un succès, la seconde un triomphe ! Préparez-vous au pire avec cette troisième série d'aventures de Sigismond la fourchette, le héros qui supplante désormais Mickey, Tintin et Astérix réunis dans l'imaginaire collectif !

A taaaable !




La loi du plus fork


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T'es soupeur grand !


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Mêlée couverts sur la table


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Un repas bourre à tifs


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Flip...


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... flop !


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I'll always be trous


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Une coupe dents en fer


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dimanche 10 février 2013

Tant-BourrinGuerre et pet

Ce jour-là, le garde-frontière Arturo Verbottsky-Dupond se sentait un peu ballonné. Sans doute aurait-il dû ne pas abuser des féculents lors de son déjeuner, mais Conchita Steinsteigger-Pichon, la cantinière du poste de douane, préparait les flageolets avec tant de talent qu'il n'avait pu résister et s'était resservi deux fois.

Après s'être éloigné de quelques dizaines de mètres du poste et assuré qu'aucun de ses collègues ne traînait alentours, il relâcha ses sphincters dans une gigantesque flatulence sonore qui lui fit le plus grand bien. Les tripes apaisées, il regagna le bâtiment pour aller taper le carton en attendant l'heure de la relève.

Les choses auraient dû en rester là. Malheureusement, elles ressemblent à de sales gamins excités et désobéissants : elles ne tiennent pas en place.

Le vent était ce jour-là orienté est-ouest, c'est à dire de la Pantalouchie vers le Gouzighoustan du Nord. Le sous-sous-brigadier Gunther Pepito, de l'autre côté de la frontière, urinait discrètement dans un buisson pour éliminer le trop-plein de bière de chou-rave qu'il avait ingéré avec ses collègues. Il faut dire que les toilettes du poste de garde étaient bouchées depuis de longs mois et que, faute de crédits, les gardes gouzighouzes avaient dû se résoudre à faire leurs besoins sous le regard placide des petits oiseaux.

Le sous-sous-brigadier urinait donc quand une étrange détonation le fit sursauter. Il jura : dans son sursaut, il avait arrosé le bas de son uniforme. Mais l'énervement laissa poliment sa place à la frayeur : une étrange odeur fétide se répandait alentours.

Bien sûr, on l'aura compris, il s'agissait là des effets sonore et olfactif de la grosse caisse lâchée par Arturo Verbottsky-Dupond de l'autre côté de la frontière, mais Gunther Pepito n'avait pas lu le début de cette histoire et l'ignorait donc.

Il se précipita, tout tremblant, vers le poste, sans même avoir pris le temps de ranger son matériel d'arrosage.

- Chef ! Chef ! Les Pantalouches attaquent !

Le sous-brigadier Wladimir Pronto écouta avec attention son sous-sous-brigadier, qui lui décrivait l'attaque chimique dont il avait été la victime. L'affaire remonta immédiatement jusqu'au brigadier Helmutt Rabanete qui, jugeant l'affaire de la première gravité, dressa un rapport en trois exemplaires qu'il fit parvenir à son cousin par alliance, Winston Ravioli, qui travaillait au Ministère gouzighouze des affaires étrangères.

Bien que ce dernier ne fût que technicien de surface au Ministère, il rédigea, en dehors des heures de bureau, pour faire plaisir à son cousin Wladimir, une lettre de vive protestation sur papier officiel avec l'entête de la République Démocratiquement Populaire du Gouzighoustan et l'adressa à l'ambassade de Pantalouchie.

Le chef de cabinet de l'ambassade, Genarro Zchwolmiskz-Duval, faillit s'étrangler en avalant de travers son sandwich banane-mozzarella lorsqu'il parcourut la lettre en question deux jours plus tard. Il y avait de quoi : jamais encore il n'avait eu l'occasion de recevoir un courrier officiel commençant par "Connard d'ambassadeur putride et gluant". Le texte qui suivait était assorti à cette entame fracassante et bourré de fautes d'orthographe. Ces Gouzighouzes du Nord étaient décidément des sauvages mal dégrossis !

Une cellule de crise fut vite réunie. Après avoir pris des consignes auprès du Ministère Extérieur aux Affaires de Pantalouchie, une réponse circonstanciée fut adressée aux autorités gouzighouzes par voie diplomatique, qui commençait par : "toi-même, trouduc !"

L'enquête diligentée sur place n'avait apporté aucun éclaircissement sur les "essais d'armes chimiques" qui auraient été pratiqués à proximité du poste frontière de Puerta del Schlumppsbrück, mais refusant néanmoins pour le principe de céder à l'ultimatum adressé par les Gouzighouzes et aux menaces de riposte armée en cas de nouvel essai, la réponse apportait un démenti formel aux allégations formulées et, au contraire, accusait les autorités pantalouches de pratiquer un épandage de produits neurotoxiques à proximité de la frontière dans le sens de l'écoulement des eaux et d'empoissonner les nappes phréatiques.

Ces graves accusations eurent l’heur de provoquer le courroux de Benvenuto Schlupfkopf-Chouinard, le Ministre des armées de la République Populairement Démocratique de Pantalouchie. Évidemment, il ignorait que les accusations des Gouzighouzes étaient très partiellement fondées, même si la nature du produit épandu dans les buissons n'était pas vraiment celle évoquée. Mais un Ministre des armées ne peut pas être au courant des problèmes de chiottes bouchées dans un petit poste frontière.

La mobilisation générale fut décrétée en Pantalouchie et la guerre déclarée au Gouzighoustan du Nord.

Immédiatement, le Gouzighoustan du Sud entra dans le conflit en faisant alliance avec la Pantalouchie, juste histoire de faire chier les Gouzighouzes du Nord.

Une première colonne de blindés franchit la frontière et pénétra sur le territoire gouzighouze. Malheureusement, la pente était assez forte et le sol plutôt boueux entre la Pantalouchie et le Gouzighoustan, tant et si bien que les tanks, emportés par leur élan, franchirent également la frontière avec le Guanoplano.

Les autorités guanoplanèques en prirent légèrement ombrage et firent décoller trois chasseurs pour aller procéder à quelques tirs de missiles en territoire pantalouche en guise de riposte graduée.

Malheureusement, Yamashita Rapoposandratanamanarive, le commandant de l'escadrille ne respecta pas le plan de vol et, pour aller plus vite, coupa tout droit et viola l'espace aérien mastoule.

Comme les forces armées de la Mastoulie étaient sur le qui-vive depuis le début du conflit dans la région, la défense anti-aérienne abattit les trois chasseurs, ce qui chagrina beaucoup le pouvoir guanoplanèque qui déclara la guerre à la Mastoulie, en même temps d'ailleurs que le Kamtchabwé sur le territoire duquel les avions s'étaient écrasés.

Face à l'embrasement général de la région, une séance extraordinaire du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Démunies fut organisée. Malheureusement, les intérêts des membres permanents du Conseil étaient fort divergents dans la zone du conflit.

Ainsi, la Fédération de Roussie était fortement présente au Gouzighoustan, qui constituait un gros débouché pour ses ventes d'armes et dont le sous-sol regorgeait d'uranium de schiste. Les États Sunnites d'Amémèrique avaient pour leur part mis le Guanoplano sous leur coupe réglée, allant même jusqu'à placer un homme à leur solde à la tête du gouvernement local. De son côté, la République Populaire de Choune avait quasiment acheté le Kamtchabwé. Quant à la Flanche, son représentant aux Nations Démunis se lançait dans de grandes tirades enflammées mettant en avant les droits de l'homme (et laissant, plus discrètement, le droit de continuer à exploiter le sous-sol de la Mastoulie en arrière).

Dans ces conditions, inutile de préciser que toute recherche de consensus en vue de l'adoption d'une résolution était vouée à l'échec : les débats houleux s'engluèrent dans des postures irréconciliables, jusqu'au jour où le représentant amémèricain, par ailleurs membre actif de la NFA (National Flingot Association), excédé par une insulte du représentant rousse qui l'avait traité de "galopin" (à cause d'un accent tonique mal placé par le traducteur, le représentant rousse l'avait en fait qualifié de "gros enculé chiasseux"), dégaina un gros calibre et l'abattit en pleine séance.

Le garde du corps du représentant rousse, vexé de voir qu'il allait perdre son boulot, défourailla aussi sec et transforma le représentant amémèricain en enseigne publicitaire pour le ketchup. Accessoirement, dans son dépit, il avait arrosé un peu large et abattu quelques représentants de nations diverses, dont celui de la Choune.

Les premiers missiles intercontinentaux furent lancés dans l'heure qui suivit, transformant nombre de mégapoles en poussière grisâtre et fumante.

Heureusement, toutes les choses, même les pires ont une petite faim : quand il apparut à tous les dirigeants que les perspectives de croissance économique liées à la reconstruction seraient suffisantes pour générer une période faste d'activité et de commissions occultes, un bel armistice fut signé par tous les belligérants (dont aucun toutefois ne reconnut sa défaite, hormis la république de Tulavu, île du Pacifrique qui se trouvait désormais à 500 mètres sous la surface de l'océan) . Dans la foulée, on érigea partout de beaux monuments pour perpétuer le souvenir de ce terrible carnage (deux milliards et demi de morts), en se jurant "plus jamais ça".

En, de fait, une longue période de paix radieuse s'ouvrit enfin pour l'humanité.

Enfin, disons plutôt : une période modérément longue.

De trois mois environ.

Jusqu'au jour où Conchita Steinsteigger-Pichon, cantinière au poste frontière de Puerta del Schlumppsbrück, se dit : "tiens, au fait, ça fait bien longtemps que je n'en ai pas fait : si je préparait des haricots pour le repas de midi ?"