Je m’appelle Tergeist, Paul Tergeist, dans notre famille et ce depuis des générations, nous faisons du bruit, même du tintamarre, c’est notre Graal, notre but ultime, emmerder les vivants, nous sommes nés pour ça les Tergeist !

Mon trisaïeul Paul Tergeist premier, arrivait par sa seule volonté à faire sonner le Bourdon de Notre Dame ! Plus tard mon bisaïeul Paul Tergeist second du nom, arrivait d’un souffle à faire carillonner « la Savoyarde » la grosse cloche du Sacré Cœur !

Ah ils en ont emmerdé du monde ces deux là, les bons Parisiens pensaient que c’était le tocsin ! Un raffut çacom en plein neuille pensez donc ! Tout l’monde dehors, qui à loilpé, la flamberge en berne, qui en liquette, la mère Tapautour, les miches en ballottage, gesticulant, vociférant comme une harangère, et mes ancêtres se marrant comme des bossus, se tapant sur les cuisses devant un tel spectacle !

Et moi me direz vous ? Paul Tergeist troisième du nom, incapable de faire bouger le moindre Bourdon ou la plus petite Savoyarde, tout juste si j’arrive à faire osciller une clarine… Alors !

Puis l’autre jour passant Rue Brise-Miches, j’avise à droite du portail du couvent des sœurs de la Sainte Constipation, j’avise disais-je une toute petite clochette, je souffle et… Miracle elle tintinnabule (j’adore ce mot pas facile à placer, surtout lors d’un repas de funérailles), aussitôt branle bas (expression choisie quand elle s’adresse à des religieuses) dans le couvent, sœur Marie des Angoisses se pointe (y’a pas de hasard) prête à faire choir la chevillette, après avoir tiré ( !) sur la bobinette, et là Nada !

Depuis ce jour, je tire les sonnettes à défaut de tirer autre chose, et je me marre, si une nuit le carillon de votre porte d’entrée sonne de manière intempestive, rendormez vous en pensant à ce pauvre Tergeist Paul troisième du nom, c’est long l’éternité disait l’autre, surtout sur la fin, alors je passe ma mort en farces et rigolades