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dimanche 16 novembre 2008

Tant-BourrinBrouillon de culture

Jugeant que le niveau intellectuel de ce blog était en train de s'affaisser mollement, j'ai décidé de reprendre les choses en main et de créer une rubrique culturelle sur ce blog, dans laquelle je vous distillerai quelques précieux conseils qui vous aiderons à rester à la pointe de l'excellence neuronale et de briller dans les salons où l'on cause. Non, Souf', je ne parle pas du Salon de l'agriculture !

Voici donc le premier billet de cette rubrique, consacré aujourd'hui à la littérature. Tous chez vos libraires !





Huit clopes - Jean-Paul Tartre

Trois personnages, un homme et deux femmes, se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Hélas, l'homme, Cigarcin, est un fumeur invétéré alors que les deux femmes ne supportent pas du tout la fumée. L'une d'entre elles reproche vertement à Cigarcin d'en être déjà à sa huitième cigarette en moins d'une heure. La seconde lui fait remarquer qu'il a les dents plus jaunes qu'un gilet de sécurité et que son haleine devrait être interdite par la Convention de Genève. Les trois protagonistes finissent par se foutre sur la gueule et vivent l'enfer pour l'éternité, l'auteur faisant dire à un de ses personnages cette citation mythique : "l'enfer, c'est les goldos sans filtre".





Crie, mais gentiment ! - Fédor Dodoesky

Persuadé d'être un surhomme, un ancien étudiant de Saint-Pétersbourre nommé Raskolniquov s'efforce tous les soirs de faire mourir sa copine de plaisir au lit. Et de fait, celle-ci pousse de hauts cris. Mais, très vite, Raskolniquov est atteint de paranoïa et s'imagine que tous les voisins entendent les cris de sa copine à travers les cloisons de l'immeuble, ce qui le rend presque fou. Il finit par avouer à tout le monde que, oui, il nique comme une bête, puis il part en exil en Sibérie pour aller sodomiser des ours sans crainte du voisinage. A son retour, des années plus tard, sa copine lui révèle qu'elle simulait, ce qui le rend légèrement véner.





Maudit bic - Waterman Melville

Le capitaine Achab se fait un jour piquer le stylo Bic avec le lequel il était en train d'écrire ses mémoires. Le roman raconte alors un périple autour du monde à la recherche de son maudit Bic qu'il s'est juré de retrouver : "pour une fois que j'avais trouvé un stylo Bic qui marche à peu près, ça fait trop ièch' !"... Sa quête restant vaine, le capitaine Achab finit par sombrer dans la folie.





Légume des jours - Boris Viande

Cokin, jeune godelureau aisé, trouve un jour le grand amour en la personne de Chlouée et se marie avec elle. Mais, bien vite, Chlouée tombe malade : un chou-fleur pousse dans son orifice anal. Cokin tente tout pour la guérir et, au final, doit se résoudre à lui bouffer le cul jour après jour, ce qui va hélas lui donner de fortes flatulences.





Cinq semaines, emballons ! - Nulle Verge

Un guide pédagogique illustré de nombreux exemples et exercices pratiques pour devenir en cinq semaines un expert de la drague et goûter enfin au plaisir de la traversée de la trique.





Il chômera, mon amour - Marguerite Duraille

Un employé de bureau devient l'amant d'une femme superbe, une véritable bombe atomique. Dans les confidences qu'ils échangent, il raconte ses souvenirs d'un amour impossible avec une machine à composter le courrier : surpris au bureau en pleine relation sexuelle avec celle-ci, il a été viré sur-le-champ et pointe désormais à l'ANPE. Un livre essentiel sur le travail de mémoire.





La muette - Check-Off

La jeune héroïne de la pièce, Mima, est persuadée d'être née pour devenir star de la chanson. Son boyfriend DJ Konstant1 lui écrit un rap de la mort qui déchire sa race. Malgré cela, cette teupu de Mima se tire avec un autre keum, qui lui a promis de la produire et de lui faire gagner le concours de l'Eurovision. Mais une fois en studio d'enregistrement, Mima découvre qu'elle est muette de naissance, ce dont elle ne s'était jamais aperçue. Sa carrière de chanteuse s'en trouve donc légèrement compromise. Deux ans plus tard, elle rend visite à son ex-boyfriend DJ Konstant1. Celui-ci comprend alors l'inanité de sa vie et se suicide en écoutant l'intégrale de Michelle Torr.

jeudi 6 novembre 2008

Tant-BourrinTu paieras

Les oreilles en l'air, ceci est un détournement !

Un détournement de paroles en fait, rien de plus, comme j'en ai déjà commis un certain nombre sur ce blog (et vu mes capacités vocales, "commis" est le mot exact).

Cette fois, c'est la crise qui m'a inspiré, et c'est Claude Nougaro qui a fait les frais de mon inspiration : mon texte est décalqué sur "Tu verras", dont vous pouvez lire les paroles originales ici.

Et ne vous inquiétez pas pour le bruit de fond : c'est le grand Claude qui fait la toupie dans sa tombe ! :~)



Tant-Bourrin - Tu paieras

Téléchargeable directement ici


Tu paieras
Musique : Chico Buarque
Paroles : Tant-Bourrin d'après Claude Nougaro


Ah, tu paieras, tu paieras
Ton compte y passera, tu paieras, tu paieras
Les pauvres, c'est fait pour ça, tu paieras, tu paieras
Tu seras le couillon, tu lâcheras tes biftons
Tu t'en mordras les doigts, tu paieras, tu paieras
T'y laisseras ta maison, quelle tuile mes aieux !
Les huissiers seront là avec leurs papiers bleus
Et l'hiver frissonnant bientôt rappliquera
Et tu t'endormiras, tu paieras, tu paieras
Le devoir accompli, couché sur le trottoir
Avec le sentiment d'avoir sauvé, ma foi
Toutes les banques du monde

Ah, tu paieras, tu paieras
Des milliers de milliards, tu paieras, tu paieras
La crise, c'est fait pour ça, tu paieras, tu paieras
Tu paieras pour ce trou qu'il faut que tu remblayes
Au prix de ta santé, de ton sang, de ta paye
De la peau de tes fesses, tu paieras, tu paieras
Pour ces belles promesses d'un P.I.B. qui croît
A jamais et sans cesse et de pouvoir d'achat
Tu te crèv'ras le cul, tu paieras, tu paieras
Tu crèv'ras dans la rue, tu paieras, tu paieras
Plein de topinambours au creux de l'estomac
Et d'autres trucs immondes

Ah, tu paieras, tu paieras
Pour ces foutus rapiats, tu paieras, tu paieras
Ces putains de malfrats, tu paieras, tu paieras
Ces voyous en costard, tu paieras, tu paieras
Pour ces financiers fous, leur morale de rat
Ces traders à la noix te foutront la nausée
Avec leur CAC 40 et leurs billevesées
Tu seras fou furieux, tu paieras, tu paieras
Le coeur plein de dégoût mêlé de désarroi
Face à ces affameurs si replets et si gras
Car avec leur marché sans contrainte et sans loi
Ils ont pourri le monde

Ah, tu paieras, tu paieras
Mais tout r'commencera, tu pourras, tu pourras
Redécouvrir la joie, tu pourras, tu pourras
Redevenir enfant et oublier la peur
T'endormir gentiment sans antidépresseur
Et retrouver en toi le parfum du bonheur
Tu verras mon ami que ton bel écran plat
Et tous tes beaux gadgets ne vont pas te manquer
Tu n'paieras plus de mine, mais t'auras la beauté
Blottie au fond des yeux et le coeur dorloté
Et tous enfin unis nous pourrons cette fois
Réinventer le monde

Ah, tu paieras, tu paieras...

mardi 4 novembre 2008

Saoul-FifrePas de nouvelles, bonnes nouvelles

Méfiez-vous du bigophone.

L'engin est retors, hypocrite et imprévisible. Sous une fausse réputation d'objet foncièrement utile dont l'opportunité de l'invention n'a plus à être argumentée, il vous décoche parfois de ces coups de pieds en vache dont la gravité est bien réelle, toute d'ordre affectif qu'elle soit.

Je lui susurre un banal :

"Comment vas-tu, vieille branche, depuis le temps ?".

J'ai soigneusement choisi ma formule afin qu'elle soit la plus neutre, la plus poncifiante possible. La conversation pouvait dès lors s'engager sous des auspices socialement conventionnels, conviviaux, chaleureux et consensuels. Je pouvais tenir pour acquit que les sujets abordés ne seraient qu'effleurés et que rien ne déborderait du cercle convenu du bavardage poli. En recherche de notre plus grand dénominateur commun, respectueux des tabous, j'éviterai les phonèmes potentiellement exacerbeurs de tensions rappelant, que sais-je, des différences de classe sociale, un ancien conflit oublié des mémoires ou bien l'évocation d'un héritier peu valorisant, voire ignominieux.

Je me contenterai de circonscrire mes questionnements curieux dans un cadre classique ne pouvant déranger aucune habitude prise, m'attachant à employer des termes d'une banalité rassurante, ce brouhaha de mots simples et gais fleurant, si ce n'est le bonheur, du moins l'absence de noirs nuages dans le ton de ma voix. Je m'appliquerai à camoufler mes doutes, à tenir bien caché le dégoût profond que je ressens pour tant de choses, chez les autres comme chez moi, surtout chez moi, à simuler un dynamisme intérieur que je sais disparu dans mes veines depuis que... Vous comprenez, la communication doit se soumettre à des codes validés par tous pour le bien de tous ? Vous imaginez le désastre si la Vérité prenait la parole, donc le Pouvoir ? Si les gens nous révélaient le fond de leurs pensées, à sec, sans précautions oratoires ?

Me retrouver brutalement confronté au désespoir d'un ami, d'un amour, d'un parent. Qui m'a toujours généreusement protégé de cet odieux spectacle par respect, par pudeur, par courage. Et qui exige de moi la solidarité, l'altruisme, le regard en face. Et qui m'extirpe de ma cuirasse, de ma coquille protectrice, isolante, à coups de vérité sur la tête. Et qui me répond d'une voix rauque, bizarre :

"Mal, très mal. Je souffre. Les docteurs me donnent trois mois."