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mardi 31 mai 2005

Saoul-FifreFais pas ta Geneviève...

Héhéhé... Tant-bourrin est en mission à l'étranger (enfin : dans un des états de notre beau pays, l'Europe) et m'a mailé "Ne fais pas ta Geneviève" en me confiant les clés du blog. Un peu, mon nœud vieux, que je vais faire "ma Geneviève" ! Depuis le temps que j'attends cet instant !

Vous l'aurez compris sans coup férir à la lecture des phonèmes pseudo-intellos dont il truffe ses billets, Tant-bourrin est l'archétype parfait du Parigot / tête de veau. Son baragoin hyperspécialisé n'est pas imprimable à l'extérieur de l'enceinte de la grosse structure qui l'emploie. Ces modernes Diafoiri se doivent de justifier leurs salaires d'un niveau dont vous n'avez point idée et marquent leur différence et soi-disant supériorité en utilisant une sorte de latin technocratique imbittable dont les mots ne sont dans aucun dictionnaire. Le Savoir, c'est le Pouvoir et chaque corporation s'est inventé un lexique abscompréhensible par les autres citoyens. Merci aux médecins, aux avocats, aux théologiens, aux rédacteurs de constitutions, aux inspecteurs d'académies, aux psycho-socio-choses... Chacun son patois, et Tant-bourrin, interdisant à sa langue les subtilités de celle du Bas-Armagnac, choisit d'intégrer les rugosités de celle de l'élite parisianiste.

Il n'a conservé de ses robustes et rurales ascendances gersoises que ses lèvres régulièrement gercées (sic) malgré la douceur climatique francilienne. Ses ancêtres, propriétaires de 30 hectares de vignes en appellation d'origine Armagnac contrôlée, superbement exposés sur un coteau plein sud, y distillaient une liqueur dont l'arôme reléguait loin derrière elle les meilleurs whiskies des Highlands. Des bienfaiteurs de l'humanité souffrante, en un mot.

Leur descendant, toute honte bue, est inscrit à la section des anti-alcooliques anonymes de son quartier, sous le pseudo de Tant-bourrin, et NE BOIT QUE DE L'EAU. C'est de l'assassinat économique pur et simple ! Cela s'appelle maintenir la tête de la viticulture française sous l'eau ! (saoulaud, bof) Ah, où est-il, l'heureux temps où les travailleurs de force se sifflaient leurs 3 litres par jour comme qui rigole... Ha, ça y allait à la tirette ! Et le travail était quand même fait, et mieux qu'à l'heure actuelle !

Ses cousins engraissaient le plus gros troupeau d'oies à l'ouest d'Auch avec les céréales et le maïs qu'ils récoltaient sur les gras et noirs boulbènes entourant la Baïse, dans la famille depuis de nombreuses générations. Des colis partaient pour le monde entier, remplis de confits, de foies gras truffés, de cous farcis, de pâtés en croûte cuisinés avec Amour dans le petit atelier artisanal.

Tant-bourrin, la question de le renier ou de le bannir de la tribu revient souvent sur le tapis au cours de ces repas familiaux interminables et truculents, car il SURVEILLE SA LIGNE ! Il saute son repas de midi et le soir, se contente d'un steak, d'une salade sans sauce et d'un yaourt 0 % à l'astarpame. Vous parlez d'un exemple ! Quelle contre-publicité pour les bons produits diététiques et gastronomiques du Sud-Ouest ! Ce manque flagrant de fidélité envers ses anciens, sans qui nous ne serions pas ici et ce mépris pour tout lien du sang est vraiment confondant.

Ha vraiment, comme le monde a pu changer en si peu d'années ! Le sens de la discipline s'est littéralement évaporé : Thierry Chaporon te dit de consommer plus pour relancer l'économie et toi, Tant-bourrin, tu te serres la ceinture ! Regarde les américains, ils se bourrent la gueule au bour-plus-ou-moins-bon et vont se goinfrer de bicmags. Un pays d'obèses est un pays de bons citoyens responsables qui ont à cœur de faire pencher la balance économique du bon côté ! Et un bon indien est un indien ivre-mort.

jeudi 19 mai 2005

Saoul-FifreImmaculée ! Signé : la mouche

Après le premier jet de Tant-bourrin, si puissant dans la pénétration des fondements même de nos demi-blogosphères, je crains que la suite de notre avancée prospective n'aboutisse assez rapidement à une difficulté à pousser plus avant notre désir mutuel de communiquer. Le transit intellectal, privé de débouchés, risque de nous acculer dans une position déséquilibrée intenable sans de multiples et répétées crispations internes. Avec l'assoupissement qui guette, c'est la chair de notre axe réflexif qui se racornit et perd de sa substance dans des baudruches qui ne résistent pas au premier glissement sémantique contenant/contenu. La fonction réveille l'organe et il n'est plus l'heure des relâchements intempestifs. Nous connaissons nos annales sur le bout des doigts et ne sommes pas du genre à faire l'impasse sur des matières à l'examen... Accumulant pointes, saillies, introduisant pour ce faire l'humour gras, au risque de nous enfoncer profondément dans le ridicule, nous ouvrirons aussi nos colonnes aux analyses et aux insinuations de lecteurs qu'habiterait une ardeur durable de bel acabit. Nous serons toujours prêts à recueillir les geysers de vos créativités et à les répandre sur la toile. Là sont les leviers de nos aspirations profondes, des plus linguistiques aux plus pompeuses.

Tendancieusement vôtre
Saoul-fifre

mercredi 18 mai 2005

Tant-BourrinUn message essentiel

Chère lectrice, cher lecteur,

pardonne-moi par avance le ton solennel que je souhaite donner à ce billet, qui se trouve constituer ma toute première contribution à la pensée blogosphérique.

Bien sûr, je mesure - et avec quelle humilité ! - la fate vanité qu'il y a à vouloir délivrer un message essentiel au monde avec pour tout porte-voix un dérisoire blog - que dis-je : un demi-blog dans le cas présent, partagé avec Saoul-Fifre - noyé parmi des millions d'autres blogs.

Mais je mesure tout autant la force indomptable de la pensée, l'irrésistible courant de la parole, l'attraction quasi magnétique du clavier sur mes doigts. Le temps a d'ores et déjà fait choir la neige de la maturité sur mes cheveux et raviné mon front des rides de la sapience. L'expérience a modelé le frêle bambin que je fus pour en faire un homme. Et je me dois de partager le lourd bagage qui est aujourd'hui le mien comme l'ont partagé hier les anciens avec moi.

Aussi, amie lectrice, ami lecteur, comprendras-tu que ce premier billet soit empreint d'urgence. Le compteur de ma vie a beaucoup tourné et je n'ai plus de temps à perdre en de stériles digressions : aller à l'essentiel, toujours à l'essentiel, droit à l'essentiel, telle pourrait être la devise ornant le fronton de ma vie.

Je ne ferai donc pas ici un énième billet pour ne rien dire : quoi de plus consternant que ces blogueurs polissant des phrases sans fin, privées de sens profond, tournoyant sur elles-mêmes à l'instar de maelströms mous et ineptes, ces blogueurs lançant des mots à l'emporte-pièce, en état d'hypnose extatique devant leur propre prose et emportés par elle dans un néant cotonneux, ces blogueurs à la pensée SMS et à l'écriture du même acabit ? En d'autres termes : quoi de plus vide que le vide ?

Point de vide ici : je veux que ce premier billet soit lourd de sens, porteur d'un message universel, charpente d'une philosophie qui - je n'ai pas d'autre ambition que celle-ci - sous-tendra la ligne éditoriale de ce blog. Fi donc des circonvolutions verbeuses, je ne suis pas de ceux qui tournent, tels de médiocres satellites, autour du pot. L'essentiel, vous dis-je, toujours l'essentiel !

Permets-moi toutefois, amie lectrice, ami lecteur, de pouffer sans chercher en aucune façon à masquer mon hilarité inextinguible en songeant à ces pisse-encre, ces diarrhéiques de l'écriture si imbus de leurs propres déjections textuelles (je te prie de bien vouloir excuser cette image passablement audacieuse) qu'ils en oublient jusqu'à l'objectif initial, le piètre message qu'ils souhaitaient délivrer, tout empêtrés qu'ils sont dans les épais cordages d'un style précieux et pompier.

Je rejette tout cela en bloc : je fais simple, direct, efficace, mon message n'en sera que plus percutant. Un premier billet est trop important : le message délivré donne le pouls, le rythme fondamental d'un blog. Clarté, concision, logique, tout doit concourir à rendre évident le message que je vais te délivrer dans ce premier billet.

Car vois-tu, amie lectrice, ami lecteur, je suis un coureur de fond, pas un coureur de forme. Le verbiage creux, les redondances, les discours qui tournent en boucle sans jamais délivrer de message, tout cela m'est inconnu : mes lignes d'écriture sont des lignes droites, je garde l'essentiel en ligne de mire, et mon esprit acéré appuie sur la détente, en laissant aux autres les fariboles.

Voilà, je mets là le point final à cette bien trop synthétique introduction, cette première leçon de vie partagée avec toi. J'ai le sentiment d'avoir été, par souci pédagogique, bien trop simpliste dans mon discours et dans la délivrance de mon message. Je nourris même étrangement le désagréable et obscur sentiment d'avoir oublié quelque chose. Mais baste, point de temps à perdre : l'essentiel, toujours à l'essentiel, droit à l'essentiel.

Je laisse les creuses tergiversations aux autres.