Blogborygmes

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dimanche 23 décembre 2007

Tant-BourrinRéveillon

Fumeroles de vapeur échappées du plat de dinde aux marrons, au milieu de la table. Les assiettes se tendent. On se sert. On mange. On discute. Dans le coin du salon, là-bas, une guirlande multicolore clignote sur le vieux sapin synthétique qui doit en être à son quarantième Noël.

Bertillon mâche consciencieusement une bouchée de volaille, le regard perdu. Il a comme du vague à l'âme. Ou plutôt aux tripes. Oui, c'est ça, un spleen, une mélancolie souterraine qui le ronge là, aux plus profond de son être. Il se force à manger. A parler. A sourire même. A être dans l'humeur d'un réveillon. Mais il n'y est pas. Car il devine que certains autour de la table ne seront peut-être plus là l'an prochain.

Ses yeux passent de l'un à l'autre.

Son père. Si vieilli, si usé, si ridé qu'on eût dit une caricature monstrueuse du bel homme énergique qu'il fut naguère. Parlant avec peine. Les mains couvertes de tâches brunâtres et percluses de rhumatismes. Déglutissant difficilement. Son père si plein d'ardeur au travail autrefois... Hélas, cela faisait déjà si longtemps qu'avait commencé la dégringolade, si longtemps. Il lui suffisait de regarder la tapisserie aux murs du salon : elle avait près de quinze ans. Depuis, la vie de son père s'était peu à peu recroquevillée sur elle-même. Et Bertillon sentait que son père en peau de chagrin ne serait sûrement plus là pour fêter Noël dans la vieille maison familiale l'an prochain.

Sa mère. La mater dolorosa. Grimaçant sous la douleur de ses articulations, les cartilages usés, consumés de s'être trop dépensée. Sa mère qui a veillé sur ses jeux d'enfant dans cette maison comme elle veille aujourd'hui sur le père diminué, son ultime enfant, son ultime bébé, prêt à naître à la mort. Elle lui paraît si fragile désormais. Et les statistiques sont si froides, qui pointent implacablement la surmortalité chez les personnes âgées dans l'année qui suit un deuil. Si son père vient à disparaître, sa mère le supportera-t-elle ? De combien de pas le suivra-t-elle dans la tombe ? Bertillon frémit. Ses deux parents seront peut-être tous deux absents l'an prochain.

Sa soeur. Qui essaie de sourire en permanence mais qui n'arrive pas à masquer le voile de douleur et d'amertume qui lui voile la commissure des lèvres. Qui, trente ans plus tôt, attendait le Prince charmant. Et qui vit avec un gros lourd égoïste depuis vingt ans. Sa soeur qui boit, qui fume, qui se détruit discrètement. Qu'un cancer a commencé à grignoter il y a deux ans. Bertillon l'observe du coin de l'oeil. Par deux ou trois fois, alors que l'attention de la tablée n'était pas focalisée sur elle, il a cru déceler un rictus de souffrance sur son visage, comme venu du fin fond de sa tripaille. Le crabe aurait-il repris sa marche ? Et si sa soeur, elle aussi, venait à manquer à l'appel au prochain Noël ?

Sa nièce. Le même terreau à douleur que sa mère. Une môme complexée, souffreteuse, renfermée, qui s'emmuraille derrière la barrière de ses cheveux. Bertillon a toujours eu un mauvais pressentiment : elle sourit si peu, semble toujours ailleurs, il la devine dépressive et sent le suicide ou la drogue tout proches. Et ses parents qui ne veulent rien voir, entre une mère elle-même dépressive et un père décidément trop con.

Son beauf, justement. Le seul qu'il ne regretterait pas beaucoup autour de la table, mais aussi le seul dont la santé est éclatante. Un gros con, un trou à Castelvin qui boit, qui boit, qui boit. Non pour oublier un quelconque malheur, mais juste pour faire celui des autres. Le seul qui sera assurément là l'an prochain. A moins que, avec tout ce pinard en permanence dans ses veines, il ne finisse un jour par se viander en voiture...

Le coeur n'y est qu'à moitié. Bertillon ferme les yeux et se remémore les réveillons d'antan, plus festifs, plus gais, plus insouciants surtout. Depuis plusieurs jours, il n'arrive plus à penser à autre chose qu'au fait que c'est peut-être le dernier réveillon qui les réunit tous et que, l'an prochain,... Son regard erre sur les murs du salon qui ont vu son enfance et tant de bonheurs aujourd'hui si loin, si loin.

Onze heures trente. Bertillon se lève de table.

- Laisse, Maman, reste assise, c'est moi qui vais chercher la bûche !

Il revint quelques instants plus tard avec un plateau sur lequel trônait une pâtisserie industrielle achetée par sa mère au supermarché du coin.

- Tu ne prends pas de bûche, Bertillon ?
- Non, Maman, j'ai trop mangé, je fais une petite pause...

Ce fut sa nièce, la plus frêle de constitution, qui piqua du nez la première dans son assiette. Puis son père, sa soeur, sa mère, son beauf.

Bertillon repartit vers la cuisine, prit la boîte de somnifère vide et la jeta dans la poubelle. Puis il alla dans la remise. Il en revint avec la vieille carabine du père et une poignée de cartouches dans sa poche. Six cartouches exactement : une pour chacun et la dernière pour lui. Il arma le fusil et s'approcha de la table où tout le monde dormait.

Il n'avait plus aucune angoisse pour le prochain réveillon.

jeudi 13 décembre 2007

Tant-BourrinMon prochain album (7)

Cette fois, il faut regarder la vérité en face : ma carrière artistique connaît une petite période creuse. Qui n'est peut-être pas sans lien avec le fait que la sortie de mon prochain album traîne un peu. Retard peut-être légèrement lié au fait que j'ai déjà foutu par quatre fois les maquettes de mes enregistrements à la poubelle (voir , , , et ). Foutage à la poubelle faisant quelque part suite au peu d'enthousiasme que vous avez manifesté à l'égard des dites maquettes. Bref, vous me foutez ma carrière en l'air et je vous hais.

Et d'ailleurs, ça continue, au vu de votre froideur face à ma dernière mouture, j'ai piqué ma crise et foutu le feu à toutes les prises (et accidentellement à la console de mixage et, de proche en proche, à tout le studio d'enregistrement).

Bref, j'ai décidé de repartir de zéro.

Je me suis fourvoyé et je vais revenir aux sources, à des choses plus simples enregistrées dans un garage. Je vais donc me passer de producteur pour cette raison. Et aussi accessoirement un petit peu parce que je suis sur la black list des producteurs et que plus aucun n'accepte de travailler pour moi.

Et puis, soyons clairs, mon objectifs étant de refourguer des milliards de disques à la masse bovine des amateurs de chansonnettes, celui-ci aura d'autant plus de chances d'être atteint que je me cantonnerai dans un style primaire, proche du niveau des potentiels acheteurs dont vous êtes, amis lecteurs, les dignes représentants.

Voilà, c'est un enregistrement qui m'aura beaucoup marqué et je suis assez fier du résultat que je vous offre en exclusivité mondiale. Ça déchire grave la mort de la race de sa mère, non ?




Cliquez sur l'image pour voir la pochette en grand


Tant-Bourrin - J'gueule


Qu'est-ce c'est que ce connard qui m'fait une queue de poisson
Au volant de sa foutue bagnole ?
Au prochain feu rouge, je vais lui faire bouffer son caleçon,
Avec, en dessert, ses roubignoles !
Ah, j'gueule, j'gueule !

Quand c'est soir de match, je fais des stocks de chips et de bière,
Faut pas être à court de munitions !
Et je crie "bordel, tue-le, faut le tacler par derrière !"
D'vant mon poste de télévision
Ah, j'gueule, j'gueule !

J'aime pas les bouseux,
Les intellos, les journaleux,
Tout ça me soûle !
Les étrangers pas d'chez nous,
Les nantis en grève, ça me fout
Les boules, boules, boules, boules !
J'gueule, j'gueule !

Qu'est-ce que t'as, gros, con, dégage de là, tu veux ma photo ?
Me regarde pas de cet air bête !
Heu... attends, du calme, t'énerves pas, lâche-moi le paletot...
Aïe ! Non, s'il te plaît, pas sur la tête !
Aïe ! J'gueule, j'gueule !

(Téléchargeable directement ici)


Eh bien, vous allez pas le croire - c'est vraiment un mauvais comique de répétition ! -. de méchantes langues (oui, toujours les mêmes !) osent laisser entendre que peut-être il aurait éventuellement une vague ébauche de début de ressemblance approximative avec ceci...

Alors là, je dis stop ! Un groupe obscur et inconnu qui n'a d'ailleurs même pas le courage de mettre son nom sur la pochette ! C'est tout ce que vous avez trouvé, cette fois ?

lundi 3 décembre 2007

Tant-BourrinLe blogbodico (3)

Après le premier tome, après le deuxième tome, voici très logiquement le troisième tome du Blogbodico. Il est en revanche probable que le quatrième tome ne soit pas pour tout de suite : c'est un peu la facilité, ce genre de billets, c'est du quasi-mécanique à pondre et j'ai l'impression que je pourrais vous en torcher quarante sans vraiment me fouler, aussi ai-je envie de passer un peu à autre chose... Alors, profitez, c'est encore chaud et y'en aura plus de sitôt ! :~)




Alibidineux : (n.m.) Excuse foireuse d'un conjoint fautif pour se justifier après une absence suspecte. - De cinq à sept hier au soir ? Mais... heu... j'avais beaucoup de travail et j'ai dû rester au bureau, ma chérie ! - Ah oui ? Et c'est tout ce que tu as trouvé comme alibidineux ?


Anti-pas-trique : (n.m.) Aphrodisiaque. Les anti-pas-triques sont très prisés dans la doctrine tend-trique.


Brocolissimo : (n.m.) Plante crucifère particulièrement gazogène. - Oh punaise, mon salaud, t'as lâché une sacrée caisse ! - Oui, brocolissimo taille XL !


Cracravate : (n.f.) Chez les gros mangeurs peu distingués, bande d'étoffe qui se noue autour du cou et qui devient généralement peu râgoutante au fil des repas. Quel porc, ce Jean-Paul ! Sa cracravate était toute blanche en début de semaine, elle est maintenant toute cracramoisie !


Elec-trique : (adj.) Qui a du sexe à pile. J'aimerais qu'il soit élec-trique mais, hélas, tout ce qu'il a, ce sont des gaz !


Foutre-ball : (n.m. anglicissisme) Testicule. Si tu n'arrêtes pas de m'emmerder, je vais shooter dans tes foutre-balls et ça va faire but dans tes amygdales !


Imprimante religieuse : (n.f.) Périphérique d'un ordinateur permettant d'éditer des traitements sur papier et dont les risques importants de panne (bourrage, cartouche vide, etc.) font naître un vague sentiment religieux chez l'utilisateur sous forme de prières à chaque lancement d'impression. - Elle a l'air bien, ton imprimante, elle ne bourre qu'une fois sur deux. C'est quelle marque ? - C'est une Epsaume !


Margagarine : (n.f.) Corps gras comestible d'origine végétale favorisant le transit intestinal. T'aurais vu la vitesse à laquelle sont sortis mes étrons après que j'aie mangé de la margagarine : de vraies fusées !


Orgasthme : (n.m.) Point culminant du plaisir sexuel chez une personne asthmatique, caractérisé par un mélange de gémissements de jouissance, de bruits de suffocation et de quintes de toux. La Dame aux Camélias avait beaucoup d'orgasthmes.


Pampelunettes : (n.f.pl.) Paire de verres enchâssés dans une monture portée sur le nez pour améliorer la vision pendant la feria de Pampelune. - Oh, regardez donc l'adorable petit chevreau qui vient vers moi ! - Mets tes pampelunettes, papi, c'est un taureau d'une demi-tonne qui te fonce dessus !


Pare-fumier : (n.m.) Produit odorant destiné, chez les paysans, à masquer les émanations de fumier. Eh, la Jeanne, mets-y-toi donc ta robe du dimanche et du pare-fumier : ce soir, on dîne au village !


Passe-partouse : (n.m.) Carte d'abonnement permettant de prendre part à toute les parties fines de la Capitale. Son passe-partouse lui a permis d'être introduite dans le grand monde.


Primovaire : (n.f.) Glande génitale femelle dont l'éclosion se produit au printemps. Et dans l'exquise tiédeur du printemps naissant, les rues grouillantes de minijupes exhalaient la douce odeur des primovaires.


Quiprococo : (n.m.) Méprise qui fait prendre une personne pour un militant communiste. Salut camarade, dis-moi, tu n'es pas venu à la dernière réunion de la cellule... heu... désolé Monsieur le Baron, c'est un horrible quiprococo ! - (homonyme keep-rococo : mouvement architectural visant à préserver le style rococo)


Réciproctologie : (n.f.) Fesse à fesse. La réciproctologie, qu'est-ce que c'est cul-cul !


Sodomicile : (n.m.) Lieu d'habitation dont l'entrée principale se trouve sur la façade arrière et non sur la rue. Pour venir à mon sodomicile, n'oublie pas de descendre à l'arrêt.


Tétonique : (n.f.) Etude attentive des seins. Certains experts africanophiles sont spécialisés dans la tétonique des blacks.


Torticouillis : (n.m.) Douleur rhumatismale des parties génitales masculilines. J'ai dû trop me tripoter hier au soir, je me suis réveillé avec un méchant torticouillis.


Triquoter : (v.i.) Avoir une légère érection. Je dois me plier aux désirs de mon mari qui triquote en permanence : il faut que ça m'aille à l'endroit et que ça m'aille à l'envers !