Blogborygmes

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 21 juin 2010

Tant-BourrinBrouillon de culture (9)

Huit numéros de "Brouillon de culture" (visionnables ici : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 et 8) ont fait de notre chronique le mètre-étalon de bon goût et du vrai chic parisien.

Alors ne mollissons pas et attaquons derechef un nouveau numéro, consacré aujourd'hui aux séries télévisées...

Voici donc quelques chefs-d'oeuvre télévisuels que j'ai sélectionnés spécialement pour vous dans ma vidéothèque que même l'INA jalouse... Savourez et nourrissez vos esprits malingres !





Les Brigades du chibre

Les Brigades du chibre est une des plus grandes séries télévisées françaises, que tout homme de goût se doit d'avoir vu au moins une fois dans sa vie.

Au début du XXe siècle, une brigade de police motorisée, dirigée par le commissaire divisionnaire Fève, est créée afin de traiter, avec des méthodes plus modernes que celles utilisées jusque-là, les affaires de moeurs, qui se multiplient alors.

Constituée par le Commissaire Saint-Valentin et les inspecteurs Terrouston et Pulagnôle, la brigade se distingue vite par ses méthodes peu orthodoxes. Ceux-ci sont en effet aussi portés sur la chose que la faune interlope à laquelle ils ont affaire, et leur statut de policier leur ouvre bien des portes et bien des alcôves. La main toujours à portée de leur braguette, prêts à dégainer leur arme fatale, ils acquièrent vite une grande renommée et leur équipe se voit surnommée "la brigade du chibre".

Ils exerceront leur activité jusqu'à l'âge de la retraite, à 40 ans, la pénibilité de leur travail ayant été reconnue par le Ministère de l'Intérieur.





Les petits oiseaux se cachent pour pourrir

Cette série commence lorsque le père Ralph de Brisefalsard est muté en Nouvelle-Galles-du-Sud où il fait la connaissance de Mary Carson-Cuayer, une riche éleveuse de moutons. Cette-ci tombe très vite folle amoureuse du séduisant prêtre et le poursuit de ses assiduités. Mais celui-ci se contrefout de cette vieillarde semi-croulante et n'a d'yeux que pour Meggie, la nièce de celle-ci, dont il finit par tomber follement amoureux.

Ralph de Brisefalsard est tiraillé entre sa passion et sa foi. Il repart au Vatican, puis, des années plus tard, revient en Australie pour découvrir que sa passion est toujours brûlante. Après bien des péripéties, bien des atermoiements, Ralph et Meggie cèdent à leur pulsion et vivent une folle nuit d'amour. Mais malgré le bonheur intense qu'il a éprouvé avec elle, il ne veut pas quitter l'Église et dit adieu à Meggie.

Quelques jours plus tard, Ralph commence à sentir une vive douleur dans l'entrejambe : cette salope de Meggie lui a refilé la chtouille. Sa passion pour elle devient subitement moins brûlante que son bas-ventre...





Au nom de l'aloi

Cette série mythique raconte les aventures de Josh Capello, chasseur de fautes d'orthographe dans le Far West, armé d'une Winchester à crosse et canon sciés. Animant à l'occasion des soirées littéraires et ludiques dans les saloons, baptisées les "Josh de vingt heures", il ponctue ses interventions d'un "de bon aloi" en cas de bonne réponse, et d'une balle entre les deux yeux en cas de mauvaise réponse.

Ayant de plus en plus de mal à trouver des candidats désireux de participer à ses "Josh de vingt heures", il se retira dans son ranch et fit fortune avec son élevage de nourrains.

mardi 15 juin 2010

AndiamoAu poêle !

Par ce beau dimanche de juin de l’an de disgrâce 1915, la grande guerre fait rage depuis près d’un an.

Petit, grande barbe soigneusement entretenue, chapeau melon dissimulant une calvitie naissante, canne à pommeau d’argent, portant beau comme on disait à l’époque, monsieur Henri se promène dans les allées du marché aux puces.

Toutes les conversations ne traitent que de la guerre.

- Les nôtres ont repris une position aux boches.

- Oui, on les aura ! Notre canon de « 75 » est bien le meilleur, sans compter l’excellence des fusils « Lebel » ! Et ce Maréchal Joffre… Quelle poigne ! Un meneur d’hommes assurément !

- Ah ! Ça oui, pardi !

Monsieur Henri, âgé de quarante cinq ans, avait échappé à la conscription, de justesse ! Bah, soupirait-il, il y a suffisamment de jeunes, et puis tout sera terminé dans quelques semaines... Tout au plus !

Il aimait tout particulièrement flâner au marché Biron, délaissant un peu Vernaison, Malik ou bien le marché Paul Bert. Le doux parfum de la cire, dont les antiquaires faisaient un large usage en étalant consciencieusement la jolie pâte aux teintes de miel sur les meubles chargés d’histoire, provenant de ventes plus ou moins licites.

Cette odeur si caractéristique lui rappelait sa chère Maman, répondant au doux prénom de Flore. C'est elle qui entretenait amoureusement leur petit appartement parisien, quand ses travaux de couture à domicile lui en laissaient le temps.

Parfois, sa main se pose sur un bureau « dos d’âne » ou une jolie commode « Régence », il en caresse la marqueterie, s’imprégnant les doigts du doux parfum de la cire, puis, discrètement faisant semblant de lisser sa moustache, il hume alors ses doigts imprégnés de l’effluve, porteuse de doux souvenirs.

Alors qu’il vient de rouvrir les yeux après avoir respiré la merveilleuse fragrance, arrivant face à lui, une femme de belle allure. Grande, large chapeau noir avec voilette, la longue robe, de percale noire elle aussi, laisse juste apparaitre la pointe de ses bottines de chevreau, marque d’un bottier de qualité.

Feignant de regarder ailleurs, Monsieur Henri la bouscule légèrement. Sursautant, il se confond en excuses, retirant son melon, se pliant en courbettes, toutes plus obséquieuses les unes que les autres.

- Chère Madame, acceptez mes excuses, quel distrait je fais ! Je ne vous ai pas blessée au moins ?

- Non… Non Monsieur, tout va bien je vous assure…

- Permettez que je me présente : Henri Frémyet, agent de change.

- Thérèse Laborde-Line, veuve.

- Oh ! Je suis navré et sincèrement désolé, et croyez bien que je ne vous dis pas cela par pure convention, car je suis veuf également !

- Deux malheurs se sont croisés… Un peu brutalement, ajoute-t-elle en souriant.

- Permettez-moi, chère Madame, et ceci en tout bien tout honneur, de vous offrir un rafraîchissement.

- Je ne sais si je puis accepter.

- Acceptez, je vous en prie.

Ils sont là, attablés dans ce petit bistrot de la rue des rosiers, lui devant un bock, elle s’est fait servir un thé.

- Il faut boire une boisson chaude lorsqu’il fait chaud, j’ai appris cela de mes voyages en Afrique du nord. Mon mari m’y emmenait souvent lorsqu’il voyageait pour affaires.

- Que faisait-il ?

- De l’import-export… Une très grosse situation vous savez : à sa mort, il m’a laissé de quoi vivre très confortablement jusqu’à la fin de mes jours.

- Ah ! Le saint homme, ajoute Henri en hochant la tête.

- Oh ! Mon Dieu ! Dix-huit heures trente déjà, il faut que je rentre, le temps passe si vite…

- Permettez, Madame, que je vous raccompagne.

- J’habite avenue Henri Martin, à l’autre bout de Paris !

- Qu’à cela ne tienne, nous prendrons un fiacre, je ne vous laisse pas seule, d’autant qu’il faut tout de même emprunter une partie de la zone (1) avant d’entrer dans Paris, où nous trouverons aisément un « sapin » (2)

- Vous êtes très prévenant ,cher Monsieur, et c’est avec joie que j’accepte.

- Tout le plaisir est pour moi !

Le fiacre les a déposés devant l’immeuble très cossu de style hausmannien. En galant homme, Henri a ouvert la porte le premier, et a obligeamment aidé la Dame à descendre. Levant un peu la jambe afin de poser le pied sur le trottoir, elle a laissé entrevoir sa cheville gainée du chevreau de ses bottines. La jolie courbe que forme la cambrure du pied menu trouble visiblement Henri, lui donnant toutes les audaces.

- Et si nous nous revoyions ? Nous promener de nouveau au marché Biron me ravirait.

- Est-ce bien raisonnable ?

- Sans doute !

- Bon, alors, disons dimanche prochain ici même : à quatorze heures.

- Merci, merci, très chère.

Ils se sont vus et revus. Tant par ses prévenances que par ses bonnes manières, Henri a réussi à devenir l’amant de la très belle, et bien en chair Thérèse Laborde-Line, veuve de son état.

En fin diplomate, Monsieur Henri a réussi à obtenir procuration de tous les comptes et obligations de l’accorte veuve du roi de l’import-export.

Un joli dimanche de septembre, l’arrière-saison étant particulièrement clémente en cette terrible année de combats, Monsieur Henri propose à Thérèse de passer une fin de semaine avec lui dans sa maison de campagne, une « villégiature » comme on les désignait alors, située près de Rambouillet.

- Ah ! Enfin, je vais connaître ce petit nid d’amour dont vous me rebattez les oreilles constamment, cher Henri !

- Oui, ma douce, vous verrez comme nous serons bien ! Vous, moi, et les petits oiseaux.

- J’ai l’impression que le beau merle, c’est vous, conclut-elle en riant de bon cœur.

Ce beau dimanche, Henri et Thérèse se retrouvèrent à neuf heures précises sous la grande horloge de la gare du mont Parnasse.

Les locomotives ayant été endommagées ou réquisitionnées pour l’effort de guerre, c’est une antique et poussive « Tigerli » qui emmènera le convoi très réduit, faible puissance oblige, jusqu’à Rambouillet.

Ces machines servant habituellement aux manœuvres, il ne faudra pas s’attendre à battre des records. Mais qu’importe : à la guerre, comme à la guerre, a dit si gentiment la jolie Thérèse.

Brinqueballés sur d’inconfortables banquettes de moleskine, nos deux amants arrivent enfin à Rambouillet. De là, on emprunte un fiacre jusqu’à Gambais, lieu où réside Monsieur Henri.

Une modeste demeure, un peu à l’écart, l’immense forêt à deux pas, un réveil au chant des oiseaux a promis l’aimable Monsieur Henri.

Près de toucher au but, Henri a un peu accéléré le pas, il précède largement Thérèse qui souffle un peu, n’étant pas habituée à pareils efforts.

- Attendez-moi, mon ami, vous courez littéralement !

- Mais c’est pour vous ouvrir le portail, très chère… Prenez votre temps !

Quand Thérèse arrive enfin, les joues rouges et le souffle court, Henri est planté devant la boîte à lettres, la masquant totalement. Et sur laquelle on pourrait lire sur un petit bristol format carte de visite, dans un petit espace protégé par une vitre le mettant à l’abri des intempéries :

Madame et Monsieur Henri Landru, en caractères gothiques du plus bel effet.




Pour les perdreaux de l’année :

(1) La zone était un genre de no man’s land situé entre les « barrières de Paris » et les faubourgs, un endroit où il ne faisait pas bon traîner ! Ça a donné "zoniard" : individu peu recommandable, et "zoner" : traîner à l'affût d'un mauvais coup.

(2) Sapin : nom familier donné aux fiacres.

J'ajoute : je m'absente du 16 juin au 17 juin, je répondrai à vos commentaires (si vous m'en laissez) la semaine prochaine... Merci.

mercredi 2 juin 2010

Tant-BourrinBoîtes (nouvel enregistrement)


Boîtes

Paroles : Tant-Bourrin - Musique : Erik Satie


Téléchargeable directement ici




Oui, je sais, ce n'est pas vraiment un nouveau billet puisque je vous avais déjà proposé ce morceau il y a fort longtemps, les plus croulants anciens s'en souviennent peut-être. Mais voilà : en ce moment, je me tire une grosse flemme d'écrire et, comme l'a justement fait remarquer Françoise dans un commentaire précédent (que j'ai également la flemme de rechercher), écrire sans envie c'est comme pratiquer le sexe sans amour.

En revanche, il y avait quelque chose dont j'avais depuis longtemps envie, c'était de réenregistrer correctement mon "boîtes" de juin 2006. A l'époque, Saoul-Fifre, Manou et moi tenions un rythme de folie : un billet par jour sur le blog, un billet à écrire pour chacun tous les trois jours donc. A l'époque pas le temps de peaufiner, c'était du flux tendu ! Et pour le coup, j'avais écrit et enregistré à l'arrache ce texte (particulièrement guilleret, vous l'aurez noté !) sans avoir le temps de résoudre mes problèmes de prise de son (résolus depuis), d'où une voix métallique et nasillarde dans la première version, ce qui m'avait un peu chagriné.

Comme bloguer doit rester un plaisir, j'ai décidé de m'offrir le temps de faire ce dont j'avais envie depuis quatre ans : réenregistrer le morceau, calmement, posément, en faisant plusieurs prises (et non pas une seule comme à l'époque), jusqu'à être à peu près satisfait du résultat, que vous pouvez écouter ci-dessus.

Voilà. Rendez-vous dans une dizaine de jours pour un "vrai" billet de ma part. Ou pas.