Elle s'est approchée doucement, tout doucement du lit, puis elle s'est agenouillée, elle a pris la main chaude, si fine, si fragile, puis la posée sur sa joue, alors doucement, tout doucement elle a murmuré une histoire...

C'est une histoire qu'elle lui avait inventée il y a bien longtemps, lorsqu'il était encore petit, une histoire rassurante, comme aiment entendre les petits enfants...

C'est l'histoire d'un éléphant très gourmand, mais alors très très gourmand !

- C'est pas bien d'être gourmand...

- Non, c'est pas bien mon chéri, tu as raison.

- Alors cet éléphant mangeait tout ce qu'il trouvait à portée de trompe, les régimes de bananes, les grosses pastèques dans le jardin du voisin, les figues chez la voisine, il tendait sa trompe au maximum afin d'en cueillir le plus possible !

- Un jour cet éléphant très très gourmand leva les yeux au ciel, et vit passer de gros nuages blancs...

- Oh mais c'est de la barbe à papa pensa t-il aussitôt, ah si je pouvais les attraper, je me régalerais assurément !

Alors il se rendit à l'autre bout de l'île sur laquelle il vivait, là où trônait une immense montagne.

Soufflant, suant, il grimpa à grand' peine, et quand enfin il atteignit le sommet, il se mit en devoir d'aspirer tous les nuages !

Quel régal ! Il en aspira tant et tant qu'à la fin de la journée il se sentait tout léger, un dernier pour la route dit-il en aspirant encore un gros nuage moutonneux...

A peine l'avait il avalé qu'il se souleva dans les airs telle une Montgolfière...

- C'est quoi une Montgolfière ?

- C'est un gros ballon que l'on remplit d'ait chaud afin qu'il vole.

- Alors notre gros gourmand s'éleva dans les nuages, survolant plaines et rivières, il avait peur bien sûr en voyant son village tout petit, les habitants pas plus grands que des fourmis ! Jusqu'au moment où les nuages digérés, il retomba lentement sur le sol ! Mais sa peur avait été si grande, que plus jamais il ne mangea de nuages.

La dernière phrase à peine prononcée, Maxence s'est endormi.

- Christelle ! Viens te coucher, appelle son mari dans la chambre à côté, ça te fait mal, c'est tout, allez viens ma chérie... Et comme pour lui il murmure, laisse le reposer en paix.

Pour se rendre dans leur chambre, Christelle traverse un couloir, une porte à gauche, cette porte donne sur le garage...

Précautionneusement Christelle a poussé la porte, et actionné l'interrupteur, dans le coin, un tas de ferraille informe, deux roues tordues, les pneus crevés, sur ce qui reste du réservoir de ce qui fut une magnifique moto, pend en lettres chromées, ce qui reste de la prestigieuse marque : "WASAKI"