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jeudi 28 octobre 2010

AndiamoSur les dents

Le commissaire Chauguise est sur les dents.

- Quelle grevure ! Tu t’rends compte, Crafougnard, ce salingue a remis ça !

- Euh… oui patron, c’est déjà la quatrième !

- Tu comptes bien, Dugland ! J’te d’mande pas un relevé d’comptes, mais tu pourrais te masturber un peu la matière grise, au lieu de chancetiquer d’un pied sur l’autre, comme une gnasse qu’a envie de lancebruquer !

Toujours aussi aimable avec son adjoint fraîchement sorti de l’école de police, notre commissaire divisionnaire Chauguise !

On se souvient de quelle manière, il avait résolu l’affaire de l’étrangleur du XVIIIème, et ce grâce au fécaloscope.

Il faut dire que depuis quatre mois, et ce tous les douze du mois, une femme est égorgée dans le IXème arrondissement, quartier Madeleine.

Et pas n’importe quelle femme : que des prostiputes de luxe !

Des putes en astrakan ou en vison, qui tapinent au volant de leur « Buick roadster » ou de leur « Facel Véga », souvent garées en double file rue Gaudot de Mauroy, rue Vignot, ou encore rue Tronchet… la bien nommée !

Les flics chargés de contrôler le stationnement sont coulants, moyennant une petite gâterie de temps en temps, sous la pèlerine, en cachette de Clémenceau, vite fait, bien fait ! Un furtif de portière en quelque sorte…

Ces Dames sont toujours exécutées de la même façon : la gorge tranchée au rasoir « coupe-choux », de l’oreille droite à l’oreille gauche façon « sourire Kabyle ». C’est ainsi que l’on nommait cette façon d’égorger au moment de la guerre d’Algérie !

- Tu vois, Dugland, de la manière dont il égorge ses victimes, je peux te dire que notre maniaque est un gaucher ! C’est le légiste qui ma l’a confirmé.

- Ah ! « Couillette » !

- Dis donc, Dugland, pour toi c’est « Monsieur Bourrieux » ! Non mais, en voilà des familiarités !

Crafougnard bredouille un : « s’cusez-moi, patron », puis regarde ses pompes.

- On a monté des « planques », reprend le divisionnaire, rien n’y a fait. Il est rusé le garenne ! Toutes les gagneuses du coin sont averties. Leur chiffre d’affaires est en baisse, m’a avoué Dédé la cerise, mon indic : un Julot casse-croûte qui drive trois gisquettes. Elles ne veulent plus « monter », elles ont le traczire de se faire égorger, les pauvrettes ! Sans compter que ça gâcherait leur lardeuss !

Content de sa boutade, Chauguise se fend d’un petit gloussement.

- Et puis là, sentant qu’on le surveillait, il a opéré rue de Tracy, dans le IIème, près de la porte Saint-Denis. C’est un malin c’t’enflure ! T’entends, Dugland ? Va falloir se r’muer l’fion, au lieu de garder tes pognes dans tes glaudes, à jouer au ping-pong de poche* !

- Oui, patron, justement j’ai un peu de paperasserie à la bourre, je vais y aller !

Crafougnard s’est éclipsé. Au passage, il a récupéré une liasse de paperasses.

Dans les années cinquante, il n’y avait pas encore d’appareils réduisant en filoche les documents devenus inutiles. Aussi c’est au massicot qu’on les coupaient en bandes.

Le timide adjoint s’installe sur un tabouret, puis commence à couper consciencieusement les documents.

Soudain, le commissaire entend un hurlement ! Il se précipite… Dans la pièce réservée au massicot, il aperçoit son adjoint, la main gauche en sang !

- Putain, j’me suis tranché le doigt !

Gardant son sang froid, Chauguise a sorti son mouchoir immaculé, puis a entrepris de comprimer fortement, le bout du doigt ensanglanté.

- Bordel ! Préparez tout de suite la « 15 », je l’emmène à l’hôtel Dieu, c’est l’hosto le plus proche.

A peine deux minutes plus tard, Chauguise embraye brutalement. La traction avant 15 chevaux six cylindres démarre dans un crissement de pneus, remontant le quai des Orfèvres, puis la rue de la Cité à gauche. A pleine vitesse, il entre dans la cour pavée de l’hôtel Dieu.

Le planton se précipite : Chauguise lui exhibe sa carte rayée bleu, blanc, rouge, sous le pif.

- Conduis nous aux urgences, Ducon, et fissa !

Chauguise est nerveux, bien sûr il rabroue un peu (beaucoup) son adjoint, mais il l’aime bien dans le fond.

Il tourne en rond, allumant ses clopes « boyards » papier maïs, l’une au mégot de la précédente. Il n’a même pas songé à retirer son vieux bada, sur le sommet duquel on voit nettement les deux trous, résultat d’un tir de « parabellum » neuf millimètres. Ce jour-là, il l’avait échappé belle, et depuis, ce vieux bitos, c’est son porte-bonheur.

Au bout de deux heures apparaît le chirurgien, grand tablier blanc maculé de sang, petit calot rejeté en arrière.

- Vous êtes de la famille ?

- Non, c’est mon adjoint, Docteur : je suis le commissaire divisionnaire Chauguise.

- Je vous connais, commissaire : l’affaire de l’étrangleur, c’était vous ?

- Oui, oui, balbutie Chauguise.

- Rassurez-vous, il s’en est bien tiré, juste deux phalanges de l’annulaire gauche que j’ai dû amputer, ça l’empêchera peut-être de faire une connerie ?

- ???

- Eh bien, oui : il sera un peu emmerdé pour mettre son alliance !

Les deux hommes se marrent.

Deux jours ont passés. Chauguise malgré son air bougon, est allé rendre visite à Crafougnard.

- Alors Julien, tu t’la coules douce ?

C’est bien la première fois qu’il m’appelle par mon prénom, songe Julien tout ému !

- Vous savez, patron, je préfèrerais être au trente-six !

- Je sais, môme, j’te charrie. Tiens, je t’ai apporté des clopes.

- J’fume pas, patron !

- Ouvre, Dugland.

- Oh ! Des chocolats… Merci ! Vous savez dans mon malheur j’ai eu de la chance, j’ai été opéré par le grand patron en personne le professeur Spéculos ! Les internes l’appellent : Docteur Frankenstein !

- Pourquoi ?

- C’est depuis qu’il a recousu un mec qui s’était fait trancher la gorge par une pute, alors qu’il voulait la troncher façon : j’passe par la p’tite porte ! Ça n’avait pas plu à la mesquine, le micheton s'était montré violent, alors elle a sorti un « coupe-choux » et COUIC, le sourire Kabyle ! Il paraît que le professeur Spéculos l’a recousu d’une façon si parfaite, qu’il n’y paraît plus. Mais il n’empêche que les internes l’ont baptisé du nom du Docteur Frankenstein, rapport à Boris Karloff qui ressemblait plus à un rosbif ficelé, qu’à un être humain !

Chauguise a laissé Crafougnard terminer son récit.

- Ça ne te met pas la puce à l’oreille, toi, c’t’histoire ?

Crafougnard fronce les sourcils.

- Non !... Patron, vous voulez dire que…

- Ben tiens, ça lui ferait un sacré mobile à c’t’endoffé, un p’tit air de vengeance, à ce désaxé !

Chauguise a foncé littéralement dans le bureau des administratifs. On lui a fourni le nom et l’adresse du miraculé, opéré par le professeur Spéculos il y a huit mois, le douze juillet exactement.

Le commissaire divisionnaire flanqué de Crafougnard, sorti prématurément au motif : « pour rien au monde je ne voudrais rater ça ! », roulent à tombeau ouvert, en direction de la rue Laffitte. Sans prendre le temps d’admirer, la magnifique affiche du tout nouveau film de Jacques Becker, sur laquelle figurent Jean Gabin et Jeanne Moreau : « touchez pas au grisbi », au fronton du cinéma le REX.

Car, dans le fond, c’est un peu grâce à Julien et à sa maladresse qu’en ce matin du vingt-trois mars 1954, à six heures du matin, au 14 de la rue Laffitte, le très efficace commissaire divisionnaire Chauguise, flanqué de son amputé d’adjoint et d’une escouade de flics en kébourre, frappait au domicile de Lucien Merchaud, dit le gaucher, en gueulant :

- POLICE ! Au nom de la loi, OUVREZ !



Je vous ai dégoté l'affiche... On est comme ça chez BLOGBO.


*PING-PONG de poche, pour les ceusses qui ne savent pas : c’est quand un gonze se tripote les joyeuses, et ce…. avec les mains dans les poches !

mercredi 20 octobre 2010

Tant-BourrinLa nuit s'est noyée

Ce billet est l'histoire d'un naufrage.

Mais à l'origine, il fût celui d'un coup de cœur. Pour une mélodie. Pour des mots. Pour une chanson.

Une chanson frêle, naïve, venue du fond des âges et d'on ne sait où. Comme un cri d'amour qui aurait survécu aux battements du cœur dans lequel elle est est née...

Cette chanson s'appelle "Black is the color (of my true love's hair)". Elle serait apparue quelque part dans les Appalaches ou en Écosse, aux alentours de 1915 ou bien avant, et il existe bien des versions différentes des paroles.

De nombreux artistes ont repris cette chanson qui est devenue un standard depuis que Nina Simone l'a fait sienne en 1959 : de Pete Seeger aux Corrs en passant par Joan Baez et bien d'autres...

Mais il est une version que j'adore entre toutes : celle qu'en fit Christy Moore, toute en délicatesse et retenue...



Et c'est pourquoi l'envie m'est venue d'essayer d'adapter cette chanson en français, sans faire de la traduction mot à mot (ce qui tuerait toute la poésie des paroles) mais en essayant toutefois de rester le plus possible dans l'esprit du texte original (ou, tout du moins, la version des paroles retenue par Christy Moore).

Mais hélas (et nous en arrivons au naufrage annoncé), j'ai voulu donner plus de corps à ma version en en enregistrant une version chantée et là... Le désastre ! Cette chanson n'est vraiment pas faite pour ma voix, si tant est qu'il existe la moindre chanson au monde qui le soit ! En fait, ce n'est pas la chanson qui n'est pas faite pour la voix, c'est ma voix qui n'est pas faite pour la chanson !

Tant pis, n'ayant plus depuis longtemps peur du ridicule, je la mets en ligne...



La nuit s'est noyée (dans ses cheveux fous)

Paroles : Tant-Bourrin / Musique : Traditionnel


Téléchargeable directement ici


La nuit s'est noyée dans ses cheveux fous
Et dans leurs flots noirs, mon cœur échoue
Qui guettait la lumière tendre d'un sourire
Le feu de ses yeux, à en mourir

Ma vie entière est entre ses mains
Mon seul horizon, mon seul chemin
Mène à la porte close de son amour
Où je frappe en vain, jour après jour

Dans ma pauvre âme brûle un mal étrange
Ce rêve de suivre le vol d'un ange
L'adorer en silence, tel est mon sort
A jamais souffrir de mille morts

La nuit s'est noyée dans ses cheveux fous
Et dans leurs flots noirs, mon cœur échoue
Qui guettait la lumière tendre d'un sourire
Le feu de ses yeux, à en mourir





Voilà pourquoi je lance un appel au secours à tous ceux et celles qui savent couiner juste (à l'inverse de moi) : si l'un ou l'une se sent d'enregistrer une version plus écoutable que la mienne, je me ferai un plaisir de la mettre en ligne sur ce billet (je peux même fournir la bande-son pour les non-guitareux ; envois à adresser à blogborygmes(at)club.fr)...

D'avance, merci pour nos oreilles ! :~)

vendredi 8 octobre 2010

Tant-BourrinLe Blogbodico (12)

Je sais bien qu'entre Alzheimer et l'encéphalite spongiforme bovine, votre mémoire est soumise à rude épreuve, aussi l'avez-vous peut-être oublié : j'ai déjà commis onze tomes du Blogbodico, le dico qu'il est beau. J'en veux pour preuve les onze billets (oui, oui, un par tome, vous avez tout compris !) que vous pouvez aller consulter à titre de rattrapage ou de compensation des effets des maladies susnommées ici : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11.

Les plus goupils parmi nos lecteurs auront compris que, si je vous parle de ça, ce n'est pas pour enchaîner sur le bulletin météo du jour mais bien pour vous présenter un douzième tome.

Et, puisqu'il est ici question de culture, je conclurai cette courte introduction par un dicton bien connu des bouseux fiers représentants de la gent agreste : "Tome douze, bonne bouse"... J'en connais qui vont attendre le tome treize avec impatience !




Arthristique : (adj.) Qui a rapport à l'art ou au sens esthétique chez le troisième, voire le quatrième âge. Les concours de patinage arthristique se terminent en général par des fractures du col du fémur.


Casse-toi-niet : (n.m. inv.) Refus de la part d'une personne de sexe féminin de céder aux avances d'un gros lourd. Pop. : veste, râteau, vent. Quand ils ne recueillent que des casse-toi-niet, les dragueurs éconduits en sont généralement réduits à se gratter la guitare.


Cure-temps : (n.m. inv.) Rémission, guérison apportée par les vertus curatives du temps qui passe. Quand on a un mauvais souvenir coincé entre deux neurones, rien de mieux qu'un cure-temps !


Entubeurculose : (n.f.) Douleur rectale à tendance infectieuse, provoquée par une politique économique et sociale inique. Au début du troisième millénaire, l'action politique de Nicolas Sarkozy provoqua tant de cas d'entubeurculose qu'il fallut faire appel au Fion Monétaire International.


LacrymOGM : (adj.) Issu de produits transgéniques et qui provoque des larmes. Lors de la dernière manifestation anti-OGM, les CRS ont utilisés des gaz lacrymOGM : les manifestants se sont mis à pleurer des larmes bleues phosphorescentes, on a pu les tracer jusqu'à leur domicile quand ils se sont enfuis.


Machine à tripoter : (n.f.) Nom parfois donné aux godemichés. Ta machine à tripoter, elle pue l'ovaire !


Multicrise : (n.f.) Succession rapprochée de crises économiques donnant à penser qu'on n'est pas sortis de la merde. - Crise asiatique, crise internet, crise des subprimes, et puis quoi encore ? - C'est vrai, c'est une multicrise éclectique !


Ordinatoire : (adj.) Qui fait office de dîner dans un milieu de geeks. Un buffet ordinatoire est généralement à base de pizza froide et de paquets de Pépito, le tout accompagné de discussions techniques sur la dernier applet pour Iphone ou sur un quelconque gadget à la mode. Syn. pour les non-geeks : purge.


Pas-tinette : (n.f.) Fait de ne trouver aucun lieu d'aisance alentours pour soulager une envie d'uriner. Antonyme : trop-tinettes. On va généralement beaucoup plus vite en pas-tinette qu'en trop-tinettes.


Raie-au-sol : (n.f.) Position d'une personne assise à même le sol. La raie-au-sol ayant tendance à comprimer le volume intestinal, elle peut provoquer des émissions fortuite de méthane, connues sous le nom d'effet à raie-au-sol. Beurk, ça schlingue ! Une vraie bombe, la raie-au-sol !


Roussethon : (n.m.) Opération caritative destinée à lutter contre la raréfaction des rousses dans la population féminine. Et pour le roussethon, qui quête ?


Teubprime : (n.f.pl.) Problèmes érectiles auxquels les acteurs des marchés financiers sont confrontés après l'effondrement des valeurs boursières. Crise des teubprimes : problèmes de couple que les teubprimes finissent immanquablement par générer. Quelle débandade, cette crise des teubprimes : les petits traders n'arrivent plus à avoir de petites raideurs !