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mardi 27 décembre 2005

Tant-BourrinPTIZOB

Les fêtes de fin d'année... L'occasion de procéder à quelques regroupements familiaux et de partager quelques menues collations frugales en buvant du Champomy. Mais également une époque de l'année peu propice à la tenue d'un blog : accueillir des hôtes ne laisse que peu de temps pour la rédaction de billets puissamment ciselés.

C'est pourquoi, dans un billet antérieur, je vous avais invités à assister, en avant-première mondiale, au test d'un plugin de pilotage automatique destiné à prendre seul les commandes de ce blog pendant de telles périodes et à rédiger des billets imitant mon style à la perfection.

Hélas, si vous êtes un fidèle de ce blog (si, si, il y en a !), vous avez pu noter que ledit plugin nécessitait encore un peu de mise au point, et que la version V0.2 est encore en gestation.

Mais je ne vous ai pas raconté mes expériences plus anciennes en la matière...

Il faut savoir qu'avant d'explorer ainsi la voie purement logicielle, j'avais creusé la voie matérielle (hardware pour les zanglophones) pour le développement de ce pilote automatique de blog.

Bon, autant l'avouer tout de suite, le résultat n'a guère été brillant.

Esthétiquement, ça faisait son petit effet : voici une photo de mon pilote automatique, que j'avais baptisé PTIZOB (Pilotage Technique Informatisé de ZOne Bloguesque)... Joli, non ?

Mais dans la pratique, une catastrophe ! Raide comme un manche à balai, PTIZOB n'a jamais pu s'asseoir et se mettre au clavier. En fait, quelques difficultés mécaniques que je n'ai pas su maîtriser ont fait qu'il restait à peu près inerte tout le temps, mis à part ses yeux : il me suivait du regard en permanence !

Au final, non seulement il ne m'a pas fait gagner de temps en rédigeant lui-même des billets pour le blog, mais il m'a au contraire fait perdre le temps que j'ai dû passer par la suite en séances de psychothérapie pour soigner ma paranoïa naissante...

Ah, qu'il est dur de faire progresser la science !

vendredi 23 décembre 2005

Tant-BourrinVous voilà prévenus...

- Yaaap, yaaaaa !

Tchac !

Le fouet claquait dans l'air glacé, activant la course des deux rennes, brève brisure dans le murmure cotonneux du glissement des patins du traîneau sur la neige poudreuse.

- Yaaap, yaaaaaaa !

Le vieillard embarbé de blanc encourageait son attelage de la voix. Le paysage immaculé faisait crier son manteau rouge.

A ses côtés, une immense hotte emplie de milliers de cadeaux. La nuit tombait peu à peu. Elle allait être longue.

- Yaaap, yaaaaaaaa !

Le vent gelé de Laponie lui ponçait la face. Malgré l'immensité de la tâche qui l'attendait au cours de la nuit, il aimait cette heure perdue où commençait sa course folle, il se consumait par avance de la joie partagée, de rires, des yeux illuminés que son labeur ferait naître. Il se sentait comme...

Tout bascula soudainement. Au sens propre comme au sens figuré. Le traîneau avait versé brutalement après qu'un renne se soit effondré dans sa course. Emmitouflé de neige collée, il se releva péniblement et découvrit l'horreur : une de ses bêtes s'était brisé la patte dans sa chute.

Mauvais. Très mauvais.

Rien à faire.

Le Père Noël, puisque c'est bien de lui qu'il s'agissait, décida d'abréger les souffrances du pauvre animal. Il chercha dans sa hotte le jouet adéquat. Il en sortit un pistolet pour enfants.

Le coup craqua comme un cri de métal.

"Bigre, ils sont de plus en plus impressionnants, ces jouets modernes !" se dit le Père Noël en se passant la main sur le visage pour en ôter les fragments de crâne et de cervelle qui avaient giclé sur lui et jusqu'à vingt mètres alentours.

Mais maintenant qu'il était loin de tout, que faire ? Pas le choix : essayer de continuer avec un seul renne. Mais cela risquait d'être difficile et long.

Et cela le fut. Le poids des jouets était tel, en ce début de tournée, que l'équipage avançait péniblement, et ce d'autant plus que le vent s'était mué en blizzard.

Le renne se mit subitement à chanceler. S'effondra à son tour. Crise cardiaque. Trop d'effort.

Le Père Noël se maudit intérieurement d'avoir pris son coupé ce soir-là, avec juste deux rennes d'attelage, et non pas son break familial avec six rennes dans le moteur.

Mais il était trop tard pour revenir sur le passé, seul comptait désormais le présent. Et le présent était loin d'être brillant.

Que faire ? Bon sang, que faire ?

Ses neurones semblaient se couvrir de cristaux de glace, paralysés par le froid. C'est à peine si son manteau rougeoyait encore, tout encollé de neige cinglante qu'il était. L'heure était grave. Très grave.

En bon polyglotte qu'il était, il frémit en songeant au sens de "grave" en anglais.

Cela lui donna l'énergie du désespoir.

Il fouilla dans sa hotte et en sortit une voiture à pédales. En y mettant toute son énergie, peut-être parviendrait-il à gagner le premier village à une vingtaine de kilomètres de là ?

Il s'inséra péniblement sur le siège conçu pour le corps d'un enfant de six ans, se tordit les jambes jusqu'à l'extrême limite de ses vieilles articulations, et il pédala, pédala, pédala...

Des heures durant, il ne fut plus qu'une paire de jambes, une machine basique dont la seule fonction était de faire tourner ce foutu pédalier et avancer cette saleté de voiture en plastoc dans deux mètres de neige.

Vers minuit, il avait parcouru environ 300 mètres. Plus que 19,7 kilomètres !

Vers deux heures du matin, il était mort. D'épuisement. Son corps raide déjà. Plus aucune trace ne subsistait de lui, que la neige rageante au vent avait englouti de blancheur nocturne.


Et donc, si cette année le Père Noël ne passe pas, vous saurez pourquoi. Si vous avez malgré tout des cadeaux, c'est qu'un usurpateur aura pris sa place.

Et si vous ne croyez ni à cette histoire, ni au Père Noël, n'ayez crainte : je ne vous en blâmerai pas.

Car qui pourrait avoir envie de croire en un vieux type vêtu de rouge vif, même pas rasé, mort en Laponie au volant d'une voiture à pédales en plastique en cherchant à joindre des secours, alors qu'il avait plusieurs milliers de téléphones portables en attente d'être distribués dans sa hotte ?

Pas moi en tout cas...

lundi 19 décembre 2005

Tant-BourrinLe vieux clown et la mort

Face au miroir, il ne voit qu'un vieillard épuisé.

Le teint blafard.

Et pourtant, il y a longtemps qu'il ne s'enduit plus la face de poudre de riz, comme quand il s'agissait d'entrer en piste et de faire rire les petits et les grands.

Longtemps qu'il ne met plus son gros nez rouge pour entomater son visage.

Longtemps que ses joues rondes se sont creusées, que son front s'est raviné, que ses cheveux couleur de feu se sont éteints.

Oui, si longtemps que sa tenue de scène est remisée dans un grenier poussiéreux. Son chapeau pointu, sa veste verte, son énorme noeud papillon ne seront plus portés. Seules quelques mites s'y intéressent peut-être encore.

Désormais, dans cette maison de retraite sordide, seul un pyjama défraîchi suffit à l'habiller. Il n'a plus d'yeux d'enfants à illuminer, plus de sourires à ensemencer, plus d'applaudissements à faire tonner. Il sent se refermer le chapiteau de sa vie. A jamais.

Bianca, sa vieille jument, ne trottera plus : il a fallu l'abattre voici plus de dix ans, tant elle était décharnée, à bout de force, en attente du grand néant cotonneux. Son vieux chat Ratibus s'est fait écraser par une automobile il y a déjà bien longtemps aussi. Et Pip'lett, sa perruche, ne s'est pas réveillée d'une nuit sans rêve...

Il n'y aura plus d'animaux à ses côtés. La parade est finie. Les projecteurs sont éteints.

Eteints surtout depuis ce jour où Laura l'a quitté. Laura, qui là-haut, sur son fil, ballerine de l'éther, semblait ne pas être de ce monde. Laura pour qui battaient tous les coeurs. Laura...

Laura et cette terrible chute dont elle ne se remit jamais vraiment. Laura qui quitta le cirque. Laura qui sombra dans l'alcool. Laura qui finit par fermer ses yeux à jamais, le corps empli de métastases...

Le vieillard au visage blafard pleure dans le miroir.
Pleure sur un passé vagabond de ris et de joies.
Pleure sur la plaie purulente de ses amitiés tombales.
Pleure sur les enfants grandis trop vite.
Ces enfants qu'il faisait rire hier.
Ces enfants devenus employés, chefs d'entreprise, chômeurs, boutiquiers, clochards, cadres commerciaux, pédophiles, traders, criminels, femmes au foyer, hommes politiques, routiers, gardiens de prison, assureurs...
Ces enfants devenus adultes.
Tristement adultes.
Et qui ne rient plus aux pirouettes d'un clown fatigué.

Il sait que c'est fini. Qu'il n'a plus rien à attendre.

Mais, peu à peu, derrière le goût salé des larmes, lui vient une envie, l'envie ultime, sa dernière envie.

Non, il ne se laissera pas cueillir par la mort les yeux rougis de chagrin. Il se couvrira à nouveau la face de poudre de riz. Il s'entomatera le visage de son gros nez rouge. Il ressortira sa tenue de scène.

Et quand la mort viendra et lui dira "suis-moi, Kiri", il saura lui arracher un sourire à force de pirouettes.

Peut-être la mort a-t-elle gardé une âme d'enfant ?


Kiri le clown est revenu sur France5 depuis le 17 décembre. Mais il s'agit d'un ersatz, d'une nouvelle série réalisée en animation 3D, avec un nouveau générique. Un pâle clonage. Car pour le vrai Kiri, il est trop tard...

dimanche 18 décembre 2005

Saoul-FifreSphèriture du cube

Je pense que vous n'auriez jamais eu droit à ce texte, que je trouve un peu simplet, mais la concordance avec le superbe billet d'hier de Tant-Bourrin m'a fait craquer. Désolé.
Petit détail pour les djeuns : André Frossard a été résistant, journaliste au Figaro, et est surtout connu pour sa conversion tardive et son livre "Dieu existe : je l'ai rencontré".

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vendredi 16 décembre 2005

Saoul-FifreColis-surprise

Matino, le missiveur du quartier
sur son beau biciclo pététon,
rasé, fonctionnavé de frais,
m'a jeté un paquet su'l' peton.

J'ai engueulavé cet amoindri,
j'y ai chouravé son guidon,
j'y ai fait lécher mes panaris,
et supplier dix-sept fois pardon.

Il a rampé jusqu'au véli-vélo,
s'est mis à pédalader à fond,
moi, j'trouvais ça riragolo,
mais derrière, j'entendis mon blason.

C'était le colis qui blablatait
comme quoi j'étais un grand énerveux,
que les brutes qui se tempêtaient,
c'est qu'ils étaient malbonheureux...

Que lui, dans son indigénie,
au pays des polis costaux,
les gronchons ne font pas un pli :
ils se retrouvent désopilos.

Il m'a racontiné que là-bas,
ils boivent du vin condensé
qui coulisse des grobinets
et qui fait valser la samba.

Les mômes étudent à chantouner
en esgourdant les hirondelles,
et ils prennent pas de fessées
si on les voit se rouler des pelles.

Quand il manque un peu de courant,
on dresse le grimpe-au-toit,
on régule la machine à vent,
on y met de la graisse d'oie...

Pour les légumes et la verdure,
on a un troupeau de bestioles,
elles nous font la fumure,
le lait, la viande-à-casserole...

On montage nos lits, nos roues,
on musique sur des roseaux,
on fait des cabanes aux hiboux,
on se torche avec les impots.

Maintenant, si tu veux t'y pointer,
va t'falloir flairer un moment,
c'est pas près des caves à banquiers,
ni des keufs et leur fourniment.

La télé, l'auto, le ronron,
c'est pas si tranquilo que ça,
dans bombe à neutrons, ya "étron",
enfin, c'est toi qui vois...

Et le colis explosionna.

mercredi 14 décembre 2005

Saoul-FifreDécouvrir l'intérieur de l'île

le dernier billet de Manou , et aussi le commentaire que Tant-Bourrin a mis dessus, a remué mes souvenirs et remonté un de mes vieux textes à la surface. Ça se corse, ne vous éloignez pas du guide !

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vendredi 9 décembre 2005

Tant-BourrinLa Baleine

Autant prendre les devants : j'ai honte de ce billet, honte de ce qui va suivre...

Car voilà : me trouvant, pour cause de travail débordant et donc de manque de temps, à court de matière pour alimenter ce blog, j'en ai été réduit à fouiller dans mes vieux écrits. Et puisque vous avez apprécié mes précédentes parodies, j'en ai exhumé une autre, mais... hem... comment dire... je crains que mon image n'en sorte pas grandie auprès de nos chères lectrices. Car ce texte est légèrement irrévérencieux pour une pute spécialiste des placements boursiers et politiquement peu correct.

Pour ma défense, je dirai simplement que quand je l'ai écrit, il y a quelques années, j'avais un personnage caricatural à la Dubout en tête, et j'ai donc tâché de forcer le trait. Et puis je n'imaginais pas que je tomberais un jour si bas que j'en serais réduit à publier cette parodie sur un blog !

Bon, allez, foin des avertissements, allons-y... Vous pouvez au préalable vous remémorer le texte original de la chanson ici.

Et maintenant, musique !

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