Tu habites bien loin d’ici
Au pays de la fantaisie
Dans une maison tire-au-flanc
Balayée par le vent.

Tu as les mots crus des oiseaux
La robe trempée des chevaux
La fraîcheur du museau des chiens
Pour assouvir ta faim.

Quand descend le soir, droit devant
Tu suis le sentier tout craquant
Le thym caché sous le buisson
Te souffle sa chanson,

Et dans la nuit ensoleillée
Par la grosse lune allumée
Tu mets sous mon nez tes gâteaux
Tu m’emmènes en bateau.

Fantôme blond-blanc sur le drap
Bien fin celui qui te prendra
Tu caresses ma joue et pfuit,
Te renfonces dans la nuit,

Les oisons ne sont pas plumés
Qui bourreront de leur duvet
Les oreillers qui entendront
Ton oui après ton non.

Après ce rendez-vous tronqué
Je remballe tous mes paquets
Je remonte sur mon tapis
Et m’envole au logis.

Mais les miracles, ça existe
Pour les têtus stakhanovistes
Cent fois sur ce mouvant mirage,
J’ai remis mon ouvrage.

Moi cueilleur, et puis toi, cueillette
Grappe qui s’apprête à la fête
Vendange mûrie dans l’attente
Du désir qui patiente,

Et la glace une fois rompue
A ton corps de neige, j’ai bu,
Et sous tes bises à gros flocons
Frémi à ton frisson.

Etoile du jour ou de la nuit,
Tu scintilles dans mon ennui,
Tu décadenasses mon cachot
De tes bras doux et chauds,

Ton exorcisme de mes peurs,
Notre combat corps contre cœurs,
Lame de fond du fond des âges,
Ecume au goût sauvage.

Le flux nous rejette, épuisés,
Le sable humide et irisé
Nous destine à la découverte
De cette île entrouverte,

Explorer l’intérieur des terres,
Fouiller les pics et les cratères,
S’initier au jeu d’Il et Elle
Aux règles irréelles…