Blogborygmes

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mercredi 18 octobre 2006

Saoul-FifrePin-Art

Dans la salle d'attente
Il y a trois clochards
Dans la salle d'attente
De cette jolie gare

L'un de ces trois clodos
Sort un harmonica
L'un de ces trois clodos
Joue pour ceux qui sont là

Les bourgeois sont ravis :
C'est des chansons d'Amour
Les bourgeois sont ravis :
Alors, il joue toujours

Quand il est fatigué
Il cesse de jouer
Quand il est fatigué
Il dit : "applaudissez !"

Tout le monde applaudit
Alors, il est content
Tout le monde applaudit
"Bon ! Donnez de l'argent !"

Le chapeau à la main
Il passe pour les sous
Le chapeau à la main
"Merci ! Merci beaucoup !"

Comme il n'est pas voleur
Il rejoue un morceau
Comme il n'est pas voleur
C'est son air le plus beau

Et avec cet argent
Le salaire de son Art
Et avec cet argent...

...il se rue vers le bar !

mardi 17 octobre 2006

ManouUne aurore authentique



Envers et contre tous, il l'aima
Elle
Il décida aussi d’aimer son ventre rond
Et de se transformer en père
Puis les enfants l’ancrèrent
Le soir, il les aidait à leurs leçons
Tandis qu'elle
Cuisait les repas

Faire et défaire
L’ennui, se taire

Un jour elle est partie
Une autre vie

Au bout de quelques mois, il y a cru
Il est allé dormir devant sa porte
A elle
La nuit, malgré le froid polaire
Malgré les autres, réfractaires

Malgré les vents contraires
Il est revenu
Avec elle
Les Bruits, les plaintes se sont tus

dimanche 15 octobre 2006

Saoul-FifreContre-poèterie

La douceur de l'air
La rousseur de l'aide
La douceur de l'aide
La rousseur de l'air

L'erreur là-dessous

Odeur d'aisselles
Lourdeur des seins
Couleur de neiges charnelles
Odeur de flammes éternelles

Douceur de l'aine
Douce heure de laine
Fleur de piloselle
Sans fioriture ni florilège

Touffeur de l'Eve
Éleveuse de sève
Langue à lèvres
Briquet à allumer la fièvre

Assaut de caresses

Sous l'arceau, mais lequel est-ce ?
Annonceur de la moiteur ?

Envelopper ses lettres
Lentement peloter ses lèvres
Humecter le bord du rabat
Humer becqueter les sabords
Le mat de misaine
Les voiles cinglant vers Boura-Bourra

La raideur nous saoule, nous soude
La roue de l'heure décède
Les défenses chancellent et cèdent

La mousse clapote sous les secousses
La motte se pousse
se frotte se presse se trémousse
Jalouse de ce jalon qui s'allonge
Jauge qui ose tous les jeux
Téméraire serré incarcéré
Pour qu'ils ne puissent s'enfuir
Pour qu'ils s'enfouissent
Dans la jouissance
Jouet de leurs sens

Que la liesse se soulève s'achève
Que les blessures susurrent aux morsures
Des secrets frais et farouches
Que les bulles de plaisir
Irisent et se fissurent

Dans un grand consensus d'éclaboussures

vendredi 13 octobre 2006

Tant-BourrinLe stylo

Odilon Bellefeuille rêvait de postérité mais n'arrivait même pas à conquérir un vague renom de son vivant. C'était pourtant l'époque de la prophétie warholienne, cette triste période de l'histoire de l'humanité où le premier trou du cul venu pouvait devenir une idole rien qu'en se grattant le nez devant une caméra.

Mais voilà, Odilon Bellefeuille rêvait de mieux, de bien mieux : il avait de hautes ambitions culturelles et brûlait du désir inextinguible d'entrer au Panthéon de la littérature française. Hélas, malgré tous ses efforts, malgré toute la flamme qu'il y mettait, ses manuscrits lui étaient invariablement retournés par les éditeurs. "Pas assez ceci", "trop cela", "manque de qualités littéraires", les prétextes à ces refus étaient nombreux. Odilon n'y voyait pourtant qu'un manque de lucidité de la part de vieux barbons qui ne comprenaient décidément rien à son talent et en conçut une certaine amertume.

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