Odilon Bellefeuille rêvait de postérité mais n'arrivait même pas à conquérir un vague renom de son vivant. C'était pourtant l'époque de la prophétie warholienne, cette triste période de l'histoire de l'humanité où le premier trou du cul venu pouvait devenir une idole rien qu'en se grattant le nez devant une caméra.

Mais voilà, Odilon Bellefeuille rêvait de mieux, de bien mieux : il avait de hautes ambitions culturelles et brûlait du désir inextinguible d'entrer au Panthéon de la littérature française. Hélas, malgré tous ses efforts, malgré toute la flamme qu'il y mettait, ses manuscrits lui étaient invariablement retournés par les éditeurs. "Pas assez ceci", "trop cela", "manque de qualités littéraires", les prétextes à ces refus étaient nombreux. Odilon n'y voyait pourtant qu'un manque de lucidité de la part de vieux barbons qui ne comprenaient décidément rien à son talent et en conçut une certaine amertume.

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