Blogborygmes

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samedi 23 mars 2013

Tant-BourrinLe Blogbodico (17)

C'est le printemps ! Tout dans la nature respire la joie de vivre et l'énergie !

L'énergie ? Tiens, une idée : et si j'en faisais la thématique d'une fournée du Blogbodico ? Car il y a bien longtemps que je n'ai point complété cette œuvre colossale destinée à être publiée en 200 tomes vers l'an 2098... Pour l'heure, contentez-vous des 16 livraisons précédentes : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15 et 16.

Le Blogbodico, le beau dico qui vous redonne de l'énergie !




Chauvage électrique : (loc.) Perruque munie d'une résistance intégrée permettant aux personnes souffrant d'allopécie de conserver leur cuir chevelu au chaud en période hivernale. Aux beaux jours,.le chauve avisé délaissera son chauvage électrique au profit d'une élégante moumaoût (voir ce mot). Technologies alternatives : chauvière à condensation, poils à mazout (voir ces mots).

Chauvière à condensation : (loc.) Perruque munie d'une système performant de chauffage basé sur la combustion d'une énergie fossile, généralement du de gaz naturel, et la récupération de la chaleur latente de condensation de la vapeur d'eau émise. Moi, je suis un chauve respectueux de l'environnement : ce tuyau derrière moi permet d'alimenter directement ma chauvière à condensation avec mes flatulences. Technologies alternatives : chauvage électrique, poils à mazout (voir ces mots).

Gaz de shit : (loc.) Gaz issu de la combustion du haschich et dont le pouvoir calorifique peut être valorisé. Les opposants au gaz de shit mettent généralement en avant la nocivité des techniques de fracturation (de portes, de fenêtres, etc.) utilisées par les producteurs pour se procurer leur dose.

Hure-à-gnons : (n.f.) Visage antipathique donnant une irrépressible envie de le frapper violemment. Quand la réciproque est vraie, on est face à une situation iso-tape pouvant provoquer une réaction en chaîne. Tu vas voir, ta sale hure-à-gnons, je vais l'énucléer !

Ma-raie-motrice : (adj.) Qualifie une énergie basée sur la force de réaction des flatulences. Ça se sent quand un piéton décide d'avancer plus vite grâce à l'énergie ma-raie-motrice. Ça se sent vraiment !

Mégaouate : (n.f.) Unité de mesure de la puissance de sommeil. - J'ai bien dormi cette nuit, ma chérie, un sommeil d'au moins 20 mégaouates ! - Eh bien moi pas ! Car tes ronflements, eux, faisaient au moins 130 décibels, sans parler de tes flatulences de force 9 sur l'échelle de Beaufort !

Moumaoût : (n.f.) Coiffure de cheveux postiches légère et aérée, destinée à être portée pendant les mois de forte chaleur. En été, on porte généralement la moumaoût sans sous-tifs, afin de laisser le cuir chevelu respirer.

Panneaux salaires : (loc.) Panneaux d'affichage sur lesquels sont exposés, dans certaines entreprises, les salaires des employés pour les inciter à découpler leur énergie au travail. - Pfff, je suis crevé ! Je bosse comme un âne depuis un mois pour prouver que je mérite de gagner ce qu'il y a sur le panneau salaires. - Eh bien, moi, ce n'est plus le cas ! Je prépare mes cartons : mon nom figure sur le panneau radiant !

Poils à mazout : (loc.) Perruque muni d'un système de chauffage intégré basé sur la combustion de mazout. - Ouah ! Qu'est-ce que tu as bonne mine ! Tu es drôlement bronzé, dis donc ! Tu es parti en vacances sous les tropiques ? - Non, c'est juste de la suie : le brûleur de mes poils à mazout est encrassé. Technologies alternatives : chauvage électrique, chauvière à condensation (voir ces mots).

Pompes à chaleur : (loc.) Chaussures équipées d'un système de chauffage intégré, destinées à éviter les engelures en période hivernale. Grâce à un astucieux système de valorisation thermique des déjections canines, j'ai transformé mes pompes à merde en pompes à chaleur.

lundi 4 mars 2013

AndiamoLe pont

Elle était accoudée à la rambarde du pont des Arts, comme un matelot à son bastingage, une gribelle « Gavroche » posée sur sa tête. Cigarette à la bouche, elle fumait comme un homme, je parle des mecs qui bossaient en usine, la clope toujours collée à la lippe. Car prendre une cibiche dans ses pognes quand elles sont pleines de cambouis, ça gâche le cambouis justement !

Les cadenas bloqués par tous les locdus qui tenaient pour éternel leur amour ainsi verrouillé, alors qu’ils ignorent ces pauvres cons que l’amour a besoin de souffle, d’air, de liberté, d’une paire d’ailes comme une jolie colombe… S’il s’envole ? C’est que tu n’auras pas su le captiver, le nourrir suffisamment et c’est tant pis pour ta tronche, faut savoir leur parler… les étonner… les aimer.

Je m’approchais. Elle était belle, une belle chevelure blonde, et quand elle a tourné son visage vers moi je n’ai vu que ses yeux … verts, et là le choc ! Cette gisquette... Mais ça n’était pas possible, je l’avais rencontrée cinquante balais auparavant ! Du coup j’ai fait tomber la mienne de tige, une gauldo années cinquante sans filtre, la camarde au bout du perlot ? Peut-être, mais alors plus vite !

Elle s’est baissée et m’a tendu ma clope…

- Tiens, on fume les mêmes ! Des cibiches d’homme aurait dit Audiard ! Aujourd’hui, on n’en trouve pas facilement, ainsi je me les procure…

- Au bar-tabac qui fait l’angle de la route de Flandre et de la rue Mathis continuai-je. Le Balto, tu ne changes pas tes habitudes Sylviane. Malgré les longues années, tu ne changes rien, pas même toi !

Elle me regarda avec insistance, fronçant légèrement les sourcils.

- Rémy !… Tu es Rémy, ça y est, je te reconnais ! Putain, ça fait un bail !

- Près de cinquante balais, ma belle amazone !

- Ah oui, tu m’appelais ainsi, je m’en souviens, à l’époque je montais dans un haras du côté de Chantilly.

- A la Chapelle-en-Serval exactement.

- La vache, quelle mémoire ! C’étaient des années bénies, je les ai appelées : « les années baise à l’aise », la pilule, pas encore le sida, alors on s’en est donné à cœur joie, ce qui est pris n’est plus à prendre : CARPE DIEM ! Combien de temps sommes-nous restés ensemble ?

- Quatre mois, douze jours et sept heures…

- La vache, t’avais tenu une comptabilité ?

- Non, mais y’en a qui auraient bien voulu que le carpe vive un peu plus qu’un diem ! Mais toi, Sylviane, tu n’as pas vieillie, c’est quoi ce truc ? Tu débarques d’où ?

- Je suis venu dans mon OVNI, me dit-elle en me montrant un vieux gréement amarré quai Conti, là il est camouflé en barlu, biscotte ça attirerait les curieux. S’en suivit un formidable éclat de rire.

- Je me souviens que tu redoutais septembre à cause de cet hiver dont tu ressentais les prémices, aux premiers vents aigres et aux feuilles qui tombaient. Tu avais horreur des arbres dépouillés, on dirait des squelettes disais-tu… BEURK ! Tu vis où maintenant ?

- En Guadeloupe, je suis venue passer quelques jours à Paris, un coup de nostalgie. On va boire un kawa ? Je crèche à deux pas, un copain qui est en visite à Saint-François chez ses parents m’a prêté sa piaule, il savait que j’avais un peu le blues de Paris.

D’autor elle a passé son bras autour du mien, je suis revenu près de cinquante ans en arrière, sauf que maintenant c’est moi qui ai du mal à la suivre…

- J’habite rue de l’Echaudé…

- Sais-tu où on le met, l’index, dans la rue de l’Echaudé ?

- Dégueulis, dégueulis, voilà l’Evèque qui vomit ! Et nous éclatons de rire en nous remémorant ce poème de Prévert.

C’est à quelques pas, une chambre de bonne au sixième sans ascenseur, elle a grimpé ou plutôt avalé les six étages d’un trait, moi derrière je souffre un peu et souffle beaucoup !

- Mais comment tu as fait ? Près de cinquante balais et tu n’as pas pris une ride ni un gramme d’ailleurs ! Tu vis seule apparemment, pas de mec, pas de mômes ?

- Pas pris un gramme ? En disant cela, elle a retiré son pull, elle est nue dessous. Libertad ! ni mec, ni chiares, pas un mec mais des mecs… Je ne suis pas une nonne !

J’ai tout oublié, le lieu, le temps, mes rides, et tout le reste…

Puis elle s’est levée a allumé une clope, me l’a collée entre les lèvres.

- C’est bon après l’amour, a-t-elle dit en allumant la sienne avec un vieux « Zippo » à essence bien puant !

Toujours nue, sans complexes - et il y avait de quoi ! -, elle se baladait dans cette pièces en tirant sur sa sèche, l’œil droit fermé à cause de la fumée, elle préparait un kawa, après tout on était venus pour ça non ?

Elle ouvrit un petit placard, en sortit un grand pot de verre dans lequel se trouvait une sorte de gelée verdâtre, elle y plongea une cuiller à café et la porta à sa bouche en faisant une grimace.

- Ça a l’air dégueulasse ce que tu bouffes ? lui dis-je.

- Si il mio caro, ma quando drovebbe essere ! *

C’est vrai qu’elle avait des origines Ritales, elle s’appelait Marcelli ou Morcelli… Un truc comme ça.

Je me levais, elle avait posé le bocal sur le coin de la minuscule table qui lui servait aussi bien pour taper sur son P.C. que pour manger, dans 14 mètres carrés, c’est difficile de se loger.

Je plongeais la main dans le bocal en retirait une belle quantité de ce truc verdâtre, que j’engloutissais d’un coup ! L’amour que nous venions de faire m’avait donné une faim de loup.

- NON CHE ! hurla-t-elle à s’en péter les carotides !

Depuis, elle s’occupe de moi, je dois avoir 10 ou 11 ans, je ne l’épouserai jamais… Nous ne vieillissons pas !

* quand il faut, il faut.

(chtiot crobard Andiamo 2013)