Blogborygmes

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jeudi 27 septembre 2007

Tant-BourrinUne histoire assez raide

Cela faisait des mois que Jean-Paul Grotachon avait fait la connaissance de la belle et douce Marie-Aglaé, des mois à échanger des sourires polis, à se saluer sobrement dans le couloir, à échanger quelques mots anodins à la machine à café, à manger une ou deux fois ensemble à la cafétéria.

Mais, depuis quelques jours, il était excité et angoissé tout à la fois : Marie-Aglaé avait enfin accepté son invitation à venir dîner chez lui. Il avait dû pour cela passer outre sa grande timidité et déployer des trésors de tact et de diplomatie : c'était une jeune fille de bonne famille, et la perspective d'aller manger chez un inconnu, célibataire de surcroît, avait dû terriblement l'effrayer de prime abord. Mais Jean-Paul Grotachon était si bien élevé, si prévenant, si réservé et timide que les digues de ses dernières réticences avaient fini par céder. Elle avait dit oui.

Et Jean-Paul n'en dormait quasiment plus : il craignait de balbutier, de rater ses plats, de ne pas faire montre de suffisamment de savoir-vivre, bref de ne pas être à la hauteur.

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mardi 25 septembre 2007

Saoul-FifreLa fente de l'esprit qui viole

Sacré Victor ! A t-il pensé à ce contrepet bizarre lorsqu'il a dit que le calembour était "la fiente de l'esprit qui vole" ? Sans doute pas, mais jouer avec les mots, inverser les sonorités, les mélanger, le Grand Victor Hugo savait le faire ! Si le calembour est un art mineur auquel il s'adonnait quand même avec plaisir, il est évident qu'il représente un exercice de style, un travail de recherche, un apprivoisement de la langue qui, intégré par l'esprit, devient effectivement une composante "noble" du Style. Les allitérations, les chevauchements de sons, les renvois, les rappels sont des repères qui rythment l'écoute. L'oreille a à peine conscience de cette familiarité des mots entre eux, mais leur accolade donne une impression de lutte contre le hasard, d'écrit de toute éternité, de création nécessaire et attendue.

La lourdeur viendrait plutôt d'une répartition statistiquement logique des bruits. L'attente d'un son engendre l'ennui, l'an-ouï. Sa répétition régulière crée une connivence, une fraternité inconsciente, un refrain tissé à l'intérieur des mots, un clin d'œil complice. L'effet ne doit pas être simpliste au risque de tourner au procédé. Un peuple de grandes gueules doit se héler, se répondre, s'interpeller d'une phrase à l'autre, leurs appels s'entrechoquer et le résultat être celui d'un orchestre cacophonique, mais avec un feeling harmonique.

Le même brouhaha sympathique se retrouvant bien sûr au niveau sémantique.

Mais l'essentiel étant de bien s'amuser, ce que nous n'avons pas manqué de faire dans notre correspondance , Tant-Bourrin et moi. Voici le tome II de nos "subjects" :

Ah oui : les glaïeuls ?... ou Aïeuuuuh, les glaouiiiis !?

Qui part de nombril ... ou compile de nibards ?

La raison à Tom ... ou la maison a tort ?

Le confort ouaté du train ... ou le ton "or fouetté" du crin ?

Les pépins avec leur contrainte ... ou les pré-teintes avec leur con peint ?

Chantier ... ou t'es chiant ?

Florent Pagny ... ou rafl' li pognon ?

Tuteurée ? Galéjade ? ... ou tu te régales, hé, Jade ?

Personne a l'con de butteur ... ou Personal Computer ?

Jenny semble ouïr ... ou génie sans bouillir ?

Électrons, pièges à ions ... ou élections, piège à cons ?

Bagdad ... ou bad gag ?

Kaboul ... ou pas cool ?

Tu préfères de l'éther, Eugène ... ou de l'hétérogène ?

Line te le met ... ou Lynda Lemay ?

Les rats sueraient ! T'es rassuré ?

Service à Aix ... ou serre-sexe à vis ?

Les copains d'au bar ... ou les copains d'abord ?

Caca aux raies ... ou Karaoké ?

L'attente en France ... ou la fente en transe ?

Et puis, une dernière pour la route, sans traduction, je vous fais confiance :

Sainte Thérèse
Dieu, qu'il advienne
Dieu qui l'apaise...

jeudi 20 septembre 2007

Tant-BourrinLes ondes µ

"Messieurs, l'instant est historique : nous allons procéder à la première expérimentation du rayon µ à l'échelle de la planète !"

Un infime tremblement dans la voix du professeur Burton Tarin trahissait son émotion. Le résultat de près de dix années de recherches intensives allait se jouer à quitte ou double devant les représentants du Pentagone et de l'US Army. Dix années de recherches dans le cadre d'un projet destiné à conférer un avantage décisif à la nation sur le reste du monde. Dix années de recherche engagées dans une voie qui avait paru insensée à tout le monde au départ. Et pourtant, le jour arrivait qui allait voir le triomphe du professeur Tarin. Tout du moins, ce dernier l'espérait-il : il fallait juste que l'expérimentation soit réussie.

"Vous connaissez tous plus ou moins la teneur de mes travaux, je vais toutefois vous en retracer les grandes lignes."

"Sans doute avez-vous entendu parler de la fameuse loi énoncée par le Capitaine Edward A. Murphy Jr, à savoir que si quelque chose peut mal tourner, alors ça tournera mal. Cette loi, aussi connue sous le nom trivial de loi de l'emmerdement maximal, a, pendant des décennies, paru appartenir à un gentil folklore de superstitions et de croyances non fondées. Certaines personnes, quand les choses tournaient vraiment mal, parlaient même de mauvaises ondes. Bref, de l'empirisme grossier basé sur des perceptions purement subjectives."

"Et pourtant, j'ai voulu creuser au-delà de l'apparence des choses et vérifier s'il n'y avait pas VRAIMENT de mauvaises ondes. Et, de fait, même si cela peut paraître fou, il y en avait bien. Ou, tout du moins, des ondes d'une nature inconnue à ce jour, dont j'ai pu mettre l'existence en évidence grâce à un capteur de mon invention."

"Pendant des jours et des mois, j'ai mesuré l'intensité de ce flux ondulatoire, et j'ai fini par observé une bien étrange corrélation : chaque fois que celui-ci augmentait, un incident, une gaffe, une erreur de manipulation se produisait dans les parages immédiats."

"Oui, je devine la question que vous allez poser : non, les auteurs de ces ratés n'étaient pas au courant des travaux sur lesquels je travaillais, ni même de l'évolution des mesures : leur comportement n'a pu être en aucune façon influencé de façon plus ou moins consciente."

"Ayant dès lors acquis quelques certitudes sur l'existence des mauvaises ondes et de leurs effets, je décidai de travailler d'arrache-pied à les recréer artificiellement en laboratoire. Ce fut la partie la plus ardue de mes recherches."

"J'ai fini par mettre au point mon premier prototype il y a six ans. Oh, bien sûr, sa portée était extrêmement réduite et, au-delà de la pièce dans laquelle on l'actionnait, nul effet n'était perceptible. Mais l'expérimentation fut convaincante, et d'ailleurs, certains d'entre vous étaient déjà là à l'époque et s'en souviennent peut-être : à peine avais-je mis mon générateur en marche que le Colonel Ouman, qui était légèrement enrhumé, éternua violemment, ce qui eut pour effet de projeter - excusez-moi des détails - une grosse giclée de morve sur l'uniforme du Général Leo Raffusi. Celui-ci eut un mouvement de recul qui fit s'effondrer sous son poids la chaise un peu branlante sur laquelle il était assis. Bref, une réussite totale : les ondes générées étaient bien des mauvaises ondes ! C'est d'ailleurs ce jour-là que j'ai eu l'idée de les appeler "ondes µ", les choix de la lettres grecque "mu" étant bien sûr un hommage discret au Capitaine Murphy."

"Partant de là, mesurant l'intérêt stratégique que pourrait procurer à notre pays cette invention, si tant est qu'on arrive à diriger les ondes sur le reste du monde, il a été décidé de passer à la phase suivante : la tester à grande échelle."

"J'ai, dans un premier temps, réussi à augmenter considérablement la puissance émettrice de mes générateurs d'ondes µ, puis, compte tenu de ce premier succès, des crédits secrets ont été alloués pour que chaque satellite militaire mis sur orbite ces dernières années embarque systématiquement émetteur µ un à bord."

"Et nous voilà rendu à aujourd'hui, en espérant ne pas vous avoir trop ennuyés avec ce petit rappel historique. La couverture satellitaire de la planète est maintenant complète. Il faudra, bien entendu, ultérieurement peaufiner le pilotage à distance des générateurs pour faire en sorte que seul le reste du monde soit plongé dans leur champ. Mais pour cette expérimentation, le champ couvrira également les USA : cela nous permettra de mieux mesurer l'impact sur notre territoire d'une courte période d'émission et d'extrapoler les effets potentiels que nous pourrons produire par la suite sur le reste du monde."

"Voilà, je n'ai plus qu'à actionner ce bouton du poste de commande pour déclencher l'émission d'ondes µ. Nous allons procéder à une expérimentation de courte durée, de trois minutes exactement."

Le professeur Burton Tarin, excité par la solennité du moment, enfonça le bouton. Là-haut, bien au-dessus de leur tête, les générateurs entrèrent en action et irriguèrent le monde entier de leurs ondes µ.


A Varsovie, Radoslaw Czetesky ouvrit par mégarde son porte-monnaie à l'envers : une pluie de pièces de monnaie chuta sur le sol, malheureusement à proximité d'une grille d'égout qui en avala la plupart.

A Libreville, Omar Nkogho fit un écart à vélo pour éviter une crotte de chien sur la chaussée et fut mortellement percutée par l'autocar qui arrivait en face.

A Reykjavik, Gunnar Jakob Karlson vissa la dernière cheville, accrocha son étagère au mur, mais celle-ci s'effondra par terre juste après qu'il y ait disposé ses précieux bibelots dessus.

A Osaka, Eichi Makimura renversa malencontreusement sa tasse de thé brûlant sur ses genoux et se brûla au troisième degré.

A Alice Springs, Tom Suttler, un employé de la société locale de chemins de fer, absorbé par un appel téléphonique de sa belle-mère, oublia de manoeuvrer un aiguillage et envoya un train de marchandise se fracasser sur un buttoir au bout d'une voie de garage.

A Coimbra, Nuno da Silva, dont le nez coulait, baissa son bras pour prendre un mouchoir dans sa poche et le bout de sa manche fut happé par la machine-outil sur laquelle il travaillait : son bras fut broyé.

A Guayaquil, Segundo Espinoza se cassa le petit orteil en heurtant violemment le pied d'une chaise alors qu'il marchait pieds nus dans son salon.

A Tallahassee, William Baker s'aperçut que son GPS l'avait orienté dans une mauvaise direction ; en voulant faire demi-tour, sa voiture fut pulvérisée par un poids lourd.

A Issy-les-Moulineaux, Patrick Lagueille oublia de remettre le tuyau d'évacuation d'eau de sa machine à laver dans l'évier, ce qui provoqua une inondation dans sa cuisine. L'écoulement d'eau dans l'appartement du dessous provoqua à son tour un court-circuit et un début d'incendie, avec deux victimes à la clé.

A Tananarive, Sariaka Randrianarisaina reçut une fiente de pigeon sur le sommet du crâne alors qu'elle s'était assise sur un banc pour se reposer.

Et, au même moment, des milliards d'autres événements malheureux tels que ceux-ci se produisirent dans le monde entier.


"Messieurs, les trois minutes se sont écoulées ! Je vais mettre fin à l'expérimentation, et il ne nous restera plus qu'à consulter les dépêches d'agence dans l'heure qui arrive pour mesurer l'efficacité de notre flux d'ondes µ !"

Le professeur Tarin appuya sur le bouton pour envoyer vers les satellites l'ordre de couper les générateurs d'ondes µ.

"Heu... C'est étrange, je ne reçois aucune confirmation... Je vais réessayer... Ah, c'est embêtant, on dirait qu'on a un tout petit problème..."

Il fallut vite s'en rendre compte : le dispositif de pilotage, lui-même soumis aux flux d'ondes µ et donc à la fameuse loi de Murphy, était devenu définitivement inopérant et ne put jamais être réparé.

La Terre continua donc d'être inondée d'ondes µ accidentogènes. Et, par conséquent, toutes les tentatives pour détruire les satellites émetteurs se soldèrent par des échecs cuisants, les fusées chargées de missiles restant clouées au sol ou explosant en plein vol. Il allait donc falloir apprendre à vivre dans un univers qui tourne mal en permanence...

La grande ère de Murphy commençait pour l'Humanité.

lundi 17 septembre 2007

Tant-BourrinBlogue

Que le blogueur qui ne s'est jamais posé de question sur son activité de blogage me jette la première pierre !... *aïeuuuh !*... Hé, Anténor, du calme !

Je voulais dire, via cette introduction douloureuse (*frottement de crâne endolori*), qu'il arrive un temps où le blogueur ressent inévitablement une certaine lassitude à pondre, sous la pression amicale de ses lecteurs adorés, des billets à la chaîne.

C'est ce sentiment que j'ai voulu mettre en chanson en détournant les paroles de "Rame", la sublime chanson d'Alain Souchon.

Initialement, j'avais eu l'intention de m'enregistrer chantant ces paroles, et puis j'ai reculé devant :
1°/ la difficulté d'enregistrer des choeurs en canon sur le final, comme dans l'original
2°/ la crainte de mettre subitement fin à la période de relatif beau temps que nous connaissons enfin
3°/ un gros coup de flemme, mais en parfaite cohérence avec le thème de la chanson

Bref, contents ou pas contents, vous n'aurez rien d'autre, na ! :~p

Allez, poussez à fond le son de vos enceintes ! Heu... enfin, pas trop, le fichier midi est vraiment pourri !

Musique !

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mardi 11 septembre 2007

Tant-BourrinSarko v1.0 : le générateur automatique de promesses

Avez-vous remarqué que nous avons pour Président le Lucky Luke de la promesse, le Zébulon de l'engagement, le scout toujours prêt à engager les réformes en réaction à la moindre information, au plus minuscule fait divers, au premier pet de travers ?

Vous vous demandez peut-être comment fait-il pour trouver toutes ces idées de promesses, tant sa créativité paraît dépasser, et de loin, les capacités humaines.

Hé, hé, hé ! Blogborygmes va vous révéler son petit secret, suivez le guide...

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mardi 4 septembre 2007

Tant-BourrinExit

C'est dans la douce chaleur enveloppante d'entrailles féminines que je suis venu à la conscience. Doucement. Mollement. Dans le tempo d'un battement cardiaque et de vagues échos de voix.

C'est là que, tranquillement, j'ai grandi, cellule par cellule, jusqu'à finir par me sentir à l'étroit, prisonnier de ces parois charnelles, ma gangue de vie.

Et puis, subitement, tout bascula : il y eut les contractions, de plus en plus violentes, accompagnées de gémissements lointains. Je me sentais poussé, oppressé, chassé du paradis originel vers un passage étroit, de plus en plus étroit.

Je vis alors subitement la lumière et je compris que ma vraie vie commençait là.

Mais à peine avais-je quitté ma matrice que je me sentis chuter. Une sensation de froid m'envahit immédiatement : je venais de tomber dans une eau glacée. Etait-ce donc ça, la vie ? Je regrettais déjà amèrement mon cocon douillet.

Je ne comprenais décidément rien de ce qu'il m'arrivait. Je vis des choses étranges me tomber dessus, tout en légèreté et en blancheur, mais souillées de tâches brunâtres.

Aussitôt après, il y eut un grand bruit. Des gerbes d'eau, tout aussi glacée que celle dans laquelle je trempais, jaillirent de nulle part et dévalèrent en trombe sur moi. Un terrible maelström se forma, un tourbillon irrésistible qui m'entraîna, m'entraîna vers de sombres profondeurs...

Et avant de perdre définitivement conscience, j'eus à peine le temps de hurler intérieurement : "c'est quoi cette vie de meeeeeeeeeeeeerde ?"