- "T'affole pas, Tonton, lui avait dit sa jeune nièce de douze ans, chuis sûre que tu vas lui déchirer la race de sa mort ! Elle va te kiffer à donf !"
- "Puisses-tu avoir raison, Bégonia, puisses-tu avoir raison !" répondit pensivement Jean-Paul ("et puisses-tu parler un jour français", se disait-il in petto)

Hélas, la confiance en soi ne constituait pas sa qualité première et sa nervosité en était presque palpable. Sa jeune nièce, sensiblement plus délurée que son oncle, sentait bien que le tonton flippait et que ça risquait de lui couper tous les moyens. A ce rythme-là, jamais il ne trouverait une meuf !

Comme Bégonia aimait bien son oncle, elle décida de lui donner un petit coup de pouce. Le matin du jour J, elle se rendit chez son grand-père et déroba une dizaine de cachets de viagra dans sa pharmacie. Et l'après-midi, elle alla sonner chez Jean-Paul, une demi-heure avant l'arrivée prévue de son invitée.

Celui-ci était, sans surprise, blême.

- "Oh, Bég.. Bégonia, c'est t.. toi ?"

Il en bégayait d'émotion mal contenue.

- "Oui, Tonton, je viens te donner un dernier petit coup de main pour que tout soit d'enfer !"
- "M..Merci, c'est ge.. gentil !"

Bégonia fit mine de s'activer une dizaine de minutes, puis profita de ce que son oncle, en proie à une véritable diarrhée émotive, s'enferme quelques instants dans les toilettes pour lui préparer un petit cocktail à base de jus de fruits et de cachets de viagra pilés.

- "Avec ça, il va overperformer, le tonton !", se dit-elle.

Et quand son oncle, plus blanc que jamais, reparut sur le seuil de la cuisine, elle lui tendit le verre en disant :

- "Tiens, Tonton, un bon jus de fruits, les vitamines, ça va te pulser un peu !"
- "M.. Merci b.. beaucoup !"
- " Bon, c'est pas tout, Tonton, mais l'heure file ! Ta meuf arrive dans dix minutes, je m'arrache ! Go ! Tu vas tout défoncer !"

Jean-Paul Grotachon sourit faiblement. La confiance de sa nièce était plaisante, mais elle n'empêchait pas ses jambes de flageoler.

Quand la sonnette retentit, son coeur s'arrêta quasiment de battre. Rex, son épagneul, s'était mis à aboyer et à frétiller de la queue. Jean-Paul ouvrit la porte d'entrée. Marie-Aglaé était là, plus belle, plus désirable que jamais, qui rosissait légèrement en lui adressant la parole :

- "Bonjour Jean-Paul, comment allez-vous ?"
- "B... Bien, t... t... très bien, même ! Et v... vous ? Mais rent... trez, j... je vous en prie !"
- "Oh, comme votre intérieur est décoré avec goût ! C'est charmant, vraiment !"
- "M... merci, v... vous me flattez ! M... mais ass... asseyez-vous, je vous en prie ! P... puis-je v... vous of... offrir quelque chose à b... boire ? C... couché, Rex !"
- "Votre chien est magnifique, j'adore les chiens..."

La conversation continua ainsi, de sourires coincés en plates politesses, de bégaiement en légers rosissements.

Mais il se passait quelque chose d'anormal.

Jean-Paul sentait comme une tension poindre dans son bas-ventre. Une tension de plus en plus lancinante. Oh mon Dieu, non, il n'allait pas...

- "... et je pense donc aller repasser quelques jours en Bretagne d'ici la fin de l'année. Et vous, Jean-Paul, aimez-vous cette région ?...... Jean-Paul ?"
- "Hein ?... Heu... oui, p... pardon, j'étais un p... peu dist... distrait !"

Comme cela était gênant ! Et comment pouvait-il avoir de telles pensées impures face à une si frêle, si innocente jeune femme ?... Mais, au fait, à bien y réfléchir, Jean-Paul ne se rappelait justement pas avoir eu de pensées impures ! C'était comme si son sexe agissait de façon autarcique, en parfaite indépendance de son cerveau.

Et plus la conversation s'éternisait, plus Jean-Paul se sentait mal à l'aise. Son sexe, il le sentait, était raide et gonflé comme jamais il ne l'avait ressenti et ça en devenait presque douloureux. Assis sur le canapé en face de Marie-Aglaé, il gardait les bras croisés, le plus bas possible, pour essayer de camoufler tant bien que mal la protubérance au niveau de sa braguette.

Cela ne pouvait pas durer : il fallait absolument changer de position pour que la chose reste cachée. Il proposa à son invitée de passer à table et il se leva lui-même avec un rapide mouvement circulaire du bassin pour lui tourner le dos et filer à la cuisine.

Il ne comprenait décidément pas ce qu'il lui arrivait : non seulement son érection ne se calmait pas, mais elle semblait au contraire vouloir prendre des proportions inquiétantes. Il en peinait presque à marcher !

Ne pouvant décemment pas laisser son invitée seule plus longtemps, il revint en portant un plat de hors-d'oeuvre, en prenant soin de le tenir suffisamment bas pour camoufler ce qui pouvait l'être.

Une fois assis, il respira un peu : la table offrait un abri à son excroissance sexuelle. Il n'en était pas moins cramoisi et avait le plus grand mal à tenir une conversation cohérente.

La douleur était maintenant insupportable et il avait le plus grand mal à ne pas hurler.

- "Je vous prie de bien vouloir m'excuser, Jean-Paul, mais, avant de passer au plat suivant, pourriez-vous m'indiquer où se trouvent les toilettes ?"

Elle avait demandé cela d'une toute petite voix, les joues empourprées, puis s'était absentée un court instant. Jean-Paul sauta sur l'occasion pour se soulager : il saisit la carafe d'eau glacée, ouvrit sa braguette et déversa un bon demi-litre de liquide dans son pantalon. Certes sa tenue allait en souffrir et il allait avoir du mal à camoufler son humidité, mais, en attendant, qu'est-ce que ça lui faisait du bien !

Marie-Aglaé revint peu après s'asseoir.

- "Heu... Jean-Paul, c'est surprenant, mais... j'ai l'impression que vous êtes en train de fumer !"
- "N... non, non ! Je n'ai... n'aime pas le t... tabac."
- "Pardon, je me suis mal exprimée : je voulais dire que vous êtes en train de dégager de la fumée !"

Jean-Paul pencha la tête : c'était vrai ! De légères fumerolles se dégageaient de son bas-ventre : l'eau glacée était déjà en train de s'évaporer sous l'effet du brasier qu'il ressentait dans son bas-ventre, qui redevenait douloureux.

- "Ce... ce n'est r... rien, j'ai... j'ai juste un p... peu chaud !", répondit-il en éventant son pantalon avec sa serviette de table pour essayer de disperser la vapeur.

Jean-Paul souffrait de nouveau le martyre. Il avait l'impression que tout son corps n'était plus qu'un immense sexe en érection, gonflé de sang jusqu'à en éclater. S'il attendait encore un instant, il ne pourrait plus retenir ses cris de douleur, il devait de façon urgente trouver de quoi soulager son bas-ventre.

- "Je... je v... vais al... aller chercher la... la suite !"

Il se leva, tâchant de masquer son état aux yeux de Marie-Aglaé avec sa serviette de table, puis se rua dans la cuisine et chercha désespérément du regard la première chose qui pourrait lui rafraîchir l'entrejambe. Les steaks tartares. Il ne réfléchit pas plus : il en pris un et l'enfourna dans son slip.

Son sexe était toujours raide comme une barre d'acier, mais au moins la douce fraîcheur enveloppante du steak tartare lui donnait-elle une sensation d'apaisement. Et peut-être son érection allait-elle bientôt se calmer ? Il ne comprenait toujours pas son état. Il fallait croire que Marie-Aglaé lui faisait un effet incontrôlable.

Et pour ce qui était de la suite du repas, tant pis pour les steaks, ils se contenteraient des légumes ! Il n'aurait qu'à faire croire à Marie-Aglaé qu'il était végétarien !

Il prit le plat de légumes, s'en fit un bouclier anti-regard en le tenant suffisamment bas et se prépara à regagner la salle à manger. Mais son chien, qui somnolait jusque-là paisiblement dans son panier, s'était levé et vint lui renifler l'entrejambe avec insistance en lui barrant la route.

- "Non, Rex, laisse-moi passer ! Arrête, Rex, couché ! Couché ! COUCHÉ !!! Mais.. aïeuuuuuh !"

Rex, rendu fou par l'odeur de la viande, venait de mordre à pleine dent dans le bas-ventre de son maître, arrachant au passage un large morceau du pantalon et du slip de celui-ci, sans toutefois réussir à entamer trop profondément l'acier de son sexe.

Marie-Aglaé, alertée par le cri de douleur et le bruit de vaisselle brisée, se précipita vers la cuisine. Mais elle n'alla pas plus loin que le seuil de la porte : elle découvrit un spectacle d'horreur, Jean-Paul, le sexe à l'air et couvert de chair sanguinolente, à côté de son chien qui dévorait à pleine dent des restes de la même chair sanguinolente. Ce fut trop pour elle, elle bascula automatiquement en mode veille et s'évanouit.

Jean-Paul, affolé, se précipita, tâta son pouls. Mon Dieu, que faire ? Du bouche-à-bouche ! Oui, c'est ça, il fallait lui faire du bouche-à-bouche !

Inutile de vous faire un dessin, vous avez deviné la suite : Marie-Aglaé reprit conscience et trouva, somme toute, la chose très agréable. Sous la frêle et pure jeune femme se cachait en fait une nymphomane insatiable et délurée qui s'ignorait, et Jean-Paul put enfin réellement soulager son sexe endolori deux jours durant, quasiment sans discontinuer.

Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.