A Noël, je crois bien vous l'avoir déjà dit, on a eu Billy à la maison avec ses enfants, les enfants de Blanche. La Calunette a dans les 10 ans et le Bilune, 2 ans et demi, rien à voir donc avec nos trois grands dadais de post-ados qui ne croient plus en rien, même pas en eux, ni en la magie de Noël, ni à l'arnaqueur au nez et au manteau rouge, ah si, je suis en train de médire, il y a Zoé qui croit encore dur comme fer à l'insondabilité des cartes bleues de ses parents.

Enfin, j'étais surtout parti pour vous dire qu'on s'était donc arraché les doigts du luc pour que ce soit un vrai Noël. D'ailleurs le Bilune a de suite été mis au parfum quand il m'a vu sur le quai de la gare avec ma tignasse pleine de givre, ma longue barbe poivre et sel et mon pull couleur bordeaux (trente ans de vomi). Après on lui a montré les rennes (les chèvres et puis le lama) et le traineau (une vieille carriole hippomobile). Je reconnais qu'il n'a pas neigé, et ça manquait à la perfection du décor mais vraiment, la location des canons à neige on a pas pu : ils étaient tous pris par les stations de ski au dessous de 2500 m d'altitude, réchauffement de la planète oblige.

Mais j'avais coupé une branche de cyprès qui gênait le passage du tracteur et la Calunette l'a décorée avec plein de trucs qui brillent et font pétiller les mirettes aux mômes. Et le lendemain, elle a aidé Zoé à faire la crèche, disons que Calunette était le directeur technique du chantier, du haut de ses deux ans de catéchisme. Et puis on a attendu le matin pour ouvrir les cadeaux sous le "sapin" alors que les "grands" n'attendent même pas le début de l'apéro du 24 au soir pour déchirer leurs beaux emballages, d'habitude. Et puis Calunette nous a appris des comptines modernes et puis on a chanté ensemble des plus anciennes.

La Mère Michel , par exemple...

Et tout en chantant, je me disais in peto, comme Tant-Bourrin : maimais c'est que je n'ai pas encore traduit "La Mère Michel" en comptine pour adultes et pourtant, à première vue, à la louche, a priori et en première approche, ça ne devrait pas être trop difficile à dénaturer, cette sombre histoire de fille perdue et de chat éploré, ah mais non, c'est l'inverse. Oui je suis un peu comme ce faux-frère de Charb de Charlie-Hebdo qui vient de perdre son procès en appel contre Siné qui a obtenu du journal 90 000 € d'indemnités pour licenciement abusif.

Je ne recule jamais devant l'occasion de commettre un bon vieux sacrilège mais je choisis soigneusement mes sujets pour ne pas me retrouver devant un tribunal .

C'est la mère Belles-miches qui se caresse la chatte
Elle crie par la fenêtre à qui la lui mettra
C'est le père Suce-tout-cru qui lui a répondu :
"Tes cris, la mère Belles-miches, l'immeuble en a plein le cul !"

Sur l'air du dard qui se dilate
Sur l'air du drap qui devient moite
Sur l'air de la dame qui se doigte
et qui demande du rab' !

C'est la mère Belles-miches qui lui a rétorqué :
"Prenez donc vos deux pieds et grimpez l'escalier !
Montez-moi le matou qui est dans votre pantalon
Car ma chatte l'attend, elle veut votre étalon !

Sur l'air du dard qui se dilate
Sur l'air du drap qui devient moite
Sur l'air de la dame qui se doigte
et qui demande du rab' !

Mais le père Suce-tout-cru ne tient même plus debout
Faut dire que son matou n'a plus de jus du tout
Rien ne repousse derrière la mère Suce-tout-cru
C'est la reine du quartier pour la turlutte Hutue !

Sur l'air du dard qui débande
Sur l'air du drap qui en redemande
Sur l'air de la dame qui se doigte
mais qui n'aura pas de rab' !