Héhéhé... Tant-bourrin est en mission à l'étranger (enfin : dans un des états de notre beau pays, l'Europe) et m'a mailé "Ne fais pas ta Geneviève" en me confiant les clés du blog. Un peu, mon nœud vieux, que je vais faire "ma Geneviève" ! Depuis le temps que j'attends cet instant !

Vous l'aurez compris sans coup férir à la lecture des phonèmes pseudo-intellos dont il truffe ses billets, Tant-bourrin est l'archétype parfait du Parigot / tête de veau. Son baragoin hyperspécialisé n'est pas imprimable à l'extérieur de l'enceinte de la grosse structure qui l'emploie. Ces modernes Diafoiri se doivent de justifier leurs salaires d'un niveau dont vous n'avez point idée et marquent leur différence et soi-disant supériorité en utilisant une sorte de latin technocratique imbittable dont les mots ne sont dans aucun dictionnaire. Le Savoir, c'est le Pouvoir et chaque corporation s'est inventé un lexique abscompréhensible par les autres citoyens. Merci aux médecins, aux avocats, aux théologiens, aux rédacteurs de constitutions, aux inspecteurs d'académies, aux psycho-socio-choses... Chacun son patois, et Tant-bourrin, interdisant à sa langue les subtilités de celle du Bas-Armagnac, choisit d'intégrer les rugosités de celle de l'élite parisianiste.

Il n'a conservé de ses robustes et rurales ascendances gersoises que ses lèvres régulièrement gercées (sic) malgré la douceur climatique francilienne. Ses ancêtres, propriétaires de 30 hectares de vignes en appellation d'origine Armagnac contrôlée, superbement exposés sur un coteau plein sud, y distillaient une liqueur dont l'arôme reléguait loin derrière elle les meilleurs whiskies des Highlands. Des bienfaiteurs de l'humanité souffrante, en un mot.

Leur descendant, toute honte bue, est inscrit à la section des anti-alcooliques anonymes de son quartier, sous le pseudo de Tant-bourrin, et NE BOIT QUE DE L'EAU. C'est de l'assassinat économique pur et simple ! Cela s'appelle maintenir la tête de la viticulture française sous l'eau ! (saoulaud, bof) Ah, où est-il, l'heureux temps où les travailleurs de force se sifflaient leurs 3 litres par jour comme qui rigole... Ha, ça y allait à la tirette ! Et le travail était quand même fait, et mieux qu'à l'heure actuelle !

Ses cousins engraissaient le plus gros troupeau d'oies à l'ouest d'Auch avec les céréales et le maïs qu'ils récoltaient sur les gras et noirs boulbènes entourant la Baïse, dans la famille depuis de nombreuses générations. Des colis partaient pour le monde entier, remplis de confits, de foies gras truffés, de cous farcis, de pâtés en croûte cuisinés avec Amour dans le petit atelier artisanal.

Tant-bourrin, la question de le renier ou de le bannir de la tribu revient souvent sur le tapis au cours de ces repas familiaux interminables et truculents, car il SURVEILLE SA LIGNE ! Il saute son repas de midi et le soir, se contente d'un steak, d'une salade sans sauce et d'un yaourt 0 % à l'astarpame. Vous parlez d'un exemple ! Quelle contre-publicité pour les bons produits diététiques et gastronomiques du Sud-Ouest ! Ce manque flagrant de fidélité envers ses anciens, sans qui nous ne serions pas ici et ce mépris pour tout lien du sang est vraiment confondant.

Ha vraiment, comme le monde a pu changer en si peu d'années ! Le sens de la discipline s'est littéralement évaporé : Thierry Chaporon te dit de consommer plus pour relancer l'économie et toi, Tant-bourrin, tu te serres la ceinture ! Regarde les américains, ils se bourrent la gueule au bour-plus-ou-moins-bon et vont se goinfrer de bicmags. Un pays d'obèses est un pays de bons citoyens responsables qui ont à cœur de faire pencher la balance économique du bon côté ! Et un bon indien est un indien ivre-mort.