N'ayant pas eu, avant mon départ en vacances, le temps de vous gratter quelque chose de valable, c'est mon fond de tiroir que j'ai gratté. J'en ai exhumé un vieux truc écrit il y a plusieurs années. Bof, je ne trouve pas ça terrible (trop mirliton pour être poète !), mais même si ça ne vous plaît pas, vous n'aurez rien d'autre, na ! :~)

Autrefois il fallait, pour écrire un beau livre,
Méditer sur la vie, vouloir briser des chaînes,
Célébrer la beauté, chanter son mal de vivre,
Inventer des histoires ou sonder l’âme humaine.

Parfois tout simplement, parfois avec emphase,
L’écrivain ciselait tel un humble artisan
Le moindre de ses mots, la moindre de ses phrases ;
Il voulait que son oeuvre survive au poids des ans.

Mais aujourd’hui, c’est sûr, autres moeurs, autres temps,
On se moque du style et de ces fioritures
Car, pour faire du chiffre, ce qui est important
N’est pas le contenu, mais bien la couverture.

A la littérature succède le show-bizness :
Passage à la télé, c’est dix mille assurés,
Ça peut faire le double si tu montres tes fesses,
Encore plus si t’écris sur une star décédée.

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...

Aujourd’hui, faut coller à l’actualité,
Faut être prêt à gratter au moindre événement,
Un crime de sadique, une reine alitée,
Un drame humanitaire, un nouveau président...

Le signal est donné et les nègres s’activent,
Trois chapitres chacun, pas l’temps de peaufiner,
En deux jours, c’est bâclé, on lance les rotatives,
Aussitôt imprimé, dans un mois périmé !

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...

Et ça fait de belles piles dans les supermarchés
Entre les petits pois, les barils de lessives...
"La mort d’une princesse", "la beauté sans tricher"
"Maigrir de dix kilos en mangeant des endives",

"L'horoscope de l'année", "le clonage des veaux",
"Confessions d’une star", "le drame d’Font’nay-aux-Roses"
Et "Comment j'ai vaincu le cancer du cerveau
En trempouillant mon cul dans de drôles de choses"...

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...

Dis adieu aux Lumières et aux plaisirs d'esthètes :
La lecture fast-food règne partout en maître,
Où essaient de survivre quelques bouquins honnêtes,
Mais bien vite écrasés sous des livres à paillettes...

La lecture est à terre, c'est faute de Voltaire,
Le nez dans le ruisseau, c'est faute de Rousseau,
Mais c'est surtout du fait de margoulins vulgaires
Qui ne veul'nt qu'une chose : engranger du cash-flow.

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Que j’m’la foute au cul...