Très jeune, la poésie m'a kidnappé. J'apprenais avec beaucoup de plaisir et de facilité les poèmes que l'on devait savoir "par cœur", très belle expression dont on a oublié le sens premier, "par amour", pour la galvauder dans le sens "ânonner par cœur", sans essayer de comprendre, comme un âne...

Le vrai poète s'exprime effectivement "par cœur", ou bien "de toute son âme", comme chantait Charles Trénet. Les mots ne sont pas filtrés par le cerveau avant de gagner la bouche ou la main. La poésie est de l'écriture automatique non édulcorée par des contingences sociales, politiques, commerciales, raisonnables, elle est l'expression de la liberté de l'individu, mais aussi de sa soumission à une inspiration, un génie qui le dépasse. Qui transgresse ces deux conditions est un parolier, un pondeur de textes, un pisseur de copie.

La 1ère fois que mes parents m'ont demandé quel métier je voulais faire quand je serai grand, j'ai répondu : "poète". Autant vous avouer tout de suite que je n'ai jamais réussi à faire grimper mes capacités sur la côte pentue de mes ambitions. Tant-bourrin et moi, entres autres mauvaises actions, avons commis quelques textes que nous nous sommes envoyés mutuellement en rougissant de honte. Celui que je vais vous recopier n'a d'autre légitimité à sa sélection que le fait que Tant-bourrin ne le connaît pas encore. Il est un peu nullos, c'est vrai, mais allez, faites péter les vôtres, ça sert à ça, les commentaires ?

Jeannot, le fin fond des promoteurs,
à 120 mètres de hauteur,
visitait le caca qu'il avait fait construire
pour ceux qui savent LÀ où il faut investir...

Jobard, le pauvre garçon d'ascenseur,
à 120 mètres de hauteur,
faisait le métier le plus con.
Et c'est dur, de savoir qu'on est perçu comme l'un des plus cons...

Jonas ! Ha, Jonas, le martin-pêcheur,
à 120 mètres de hauteur,
filait gaiement dans l'air d'azur,
à la recherche d'une truite aux mœurs pures...

JBX23(*), le martien venu d'ailleurs,
à 120 mètres de hauteur,
décidait de s'amuser à atterrir
pour foutre la trouille, les glandes et la quinte aux brav's gars d'Paris...

Une particule composée de cellules, d'atomes et d'électrons vengeurs,
à 120 mètres de hauteur,
comme elle était en chaleur,
fit se liquéfier un peu d'vapeur...

Wouah, l'été pourri d'sa mère !?!?