À la demande générale de Salomé , voici les aventures salaces, sales et salopes de ces *&%#!$? de Vénusiens et de mon cousin Roger. Et vous noterez que je n'ai pas dit "salomesques", même si je l'ai pensé très fort.

Je ne sais pas si vous savez, mais Mercure est la planète la plus proche du Soleil et sa température au sol monte jusqu'à 400 ° centigrades. Autant dire que le gigot est carbonisé. Vénus est un peu plus éloignée de la source de chaleur, possède une atmosphère, et un épais nuage l'entoure en permanence. Les vénusiennes sont donc chaudes et humides. Enfin, ce ne sont pas exactement des filles. Ou plutôt : pas seulement. L'Etre vénusien n'est pas restrictif ni spécialisé, en matière de sexualité. Parler de sexualité à son sujet est d'ailleurs dépourvu de fondement (excusez-moi, je n'ai pas pu m'en empêcher), puisqu'on ne peut pas dire que le sexe soit un domaine particulier de sa vie, ou une période spécifique à laquelle il consacrerait son énergie, ou une de ses activités parmi d'autres. Non, le vénusien n'est en fait qu'un gros sexe, et il ne pense qu'au sexe. Non, ce n'est pas encore ça, c'est vraiment difficile de parler de lui avec des mots terriens. Il ne pense pas puisqu'il n'a pas de cerveau. C'est un sexe, seulement un sexe, mais alors : complètement un sexe. Pas un sexe à moitié, quoi... Il a aussi des capacités de déplacement phénoménales, qui n'ont rien à voir avec les notres. En fait, il ne s'embarasse pas de technique. Quand il a envie de quelque chose, il y arrive. Naturellement. Comme si l'univers était obligé de lui obéir, tellement son désir était puissant. J'imagine que c'est comme ça que les 2... pieuvres, je ne sais pas comment dire autrement, sont arrivées à Drihac-Ipocon sur Vouivre, dans les Monts d'Amprozac, chez mon cousin Roger Jekyll, première étape dans leur périple d'érotisation globale de la galaxie.

Roger, 50 ans, célibataire endurci, n'avait donc pas d'épouse pour l'astreindre à des ablutions insanes régulières. Il prenait son bain annuel en septembre, dans le tonneau disposé sous la descente de gouttière de sa ferme, et mettait quinze jours à s'en remettre. Il ne quittait jamais ses vêtements de labeur, exceptées ses bottes qu'il daignait retirer avant de se glisser sous la bache de camion qui recouvrait sa paillasse. En ce chaud matin d'aout, il se leva à 5 heures, à son accoutumée, sortit le fumier de la veille et de son étable, aida la Rosette à véler, et mit un doigt à quelques poules pour voir où en était leur œuf. Des cons finis les avaient confinées. Il se dirigeait vers ses pieds de patate (plante aimant beaucoup l'azote) afin d'y libérer le contenu matutinal de sa prostate quand ses deux visiteurs se matérialisèrent devant lui. Il parait que ça fout un choc, surtout à un vieux garçon à la verge vierge.

Comment dire ? Un vénérien en rut, c'est grand, c'est plein de protubérances, de ventouses, ça change tout le temps de forme avec des bruits de succions évocateurs, ses membres raccourcissent et s'allongent, grossissent et s'amenuisent, leurs terminaisons pointent, s'épanouissent en corolles, en doigts, en inflorescences hérissées, en bulles, en lèvres. L'image qui s'est imposée à Roger pour tenter de se raccrocher désespérément à quelque chose de familier, c'est l'escargot. La façon dont il déploie ses antennes, les fait onduler, les replie, les rétracte, donne une légère idée de comment fonctionnait les bestiaux extra-terrestres. Les formes phalliques s'inversaient, se retournaient comme des chaussettes pour se retrouver réceptacles, bouches, sphincters, puis à nouveau langues, couleuvres, manches... Les deux obsessionnels avaient pris Roger en tenaille. Ha pour une initiation, il eut droit à la totale. Ils étouffaient ses pauvres cris d'égorgé sous leurs baisers baveux et s'étaient mis en demeure de fouiller l'intégralité des orifices de leur hôte, dont ils espéraient des plaisirs inouïs et nouveaux. Des tentacules vermiculaires partaient à la découverte des conduits auriculaires, y dégustaient le cérumen, se gorgeaient de jus et s'éjectaient avec un Plop de bouchon de champagne, puis recommençaient. Des bouches voraces avaient déchiqueté et ingurgité les différentes couches de vêtements que portait Roger en permanence, comme un oignon ses pelures. Des muqueuses brûlantes ne laissaient pas un pouce de peau inexploré, puis se durcissaient pour les mordiller, racler, griffer, les noyer de jus de plaisir. Une grotte de chairs agitées de spasmes s'est refermée sur la tête à Roger qui souffle, s'agite, mord ces sources et avale cette liqueur toujours renouvelée. Un doigt, puis deux, puis trois s'insinuent dans un long couloir que jamais Roger n'aurait imaginé être un jour investi. Les doigts s'amusent, deviennent becs, aspirent, jets, crachent. Ils ramonent, ils avalent. Des bouches douces, profondes, le massent, le sucent, le pressent, le saucent, le rincent, le jouissent.

Les glands se font langues, les langues se font lêcheuses, mouilleuses, mangeuses, nettoyeuses, récureuses, et les lèvres et les dents. Roger a eu plus que son bain. Il a été briqué comme un sou neuf, sucé jusqu'à l'os, raclé jusqu'à la moelle. Et il a mis un sacré moment à s'en remettre. Mais deux qui ont eu du mal à digérer Roger, c'est les vénuzobs, là... Une grosse envie bien pressante les a renvoyés sur leur planète dans la foulée. Dégoûtés des voyages. Ha, ils sont pas prêts de refaire du tourisme !

Mon cousin Roger, ben il a sauvé la galaxie !