Je mourrai potencé en infâme gibier,
Je mourrai infarcté au milieu d'une pipe,
Je mourrai dézingué sous les coups d'un plombier,
Je mourrai tout rouillé d'une méchante grippe,

Je mourrai au vingt heures, sous l'oeil des caméras,
Je mourrai tranchouillé à l'instar d'un cigare,
Je mourrai discrétos dans les "et caetera",
Je mourrai yahourté, parfumé au Bulgare,

Je mourrai tout guindé, costard-encravaté,
Je mourrai désossé, vendu sous cellophane,
Je mourrai en avance d'un râle antidaté,
Je mourrai par le pieu d'un bouc érotomane,

Je mourrai rabougri, comme pris en sténo,
Je mourrai aux W.C. d'un accident de chasse,
Je mourrai lapidé sous des calculs rénaux,
Je mourrai hésitant tel un con d'essuie-glace,

Je mourrai solitaire comme un triste plaisir,
Je mourrai délaissé en amarre qu'on largue,
Je mourrai faisandé, société des moisir,
Je mourrai très cliché en gémissant un "aaargh !",

Et quand je serai mort de vingt mille façons,
Quand on mettra "the end" à la fin de mon livre,
Quand mon cerveau sera bouffé de charançons,
Alors je m'offrirai un peu le temps de vivre.

Tant-Bourrin                 
(1962 - 20...)