Je ne sais pas depuis combien de temps je corresponds avec Tant-Bourrin. Je n'ai aucun point de repère : à chaque fois que j'ai nettoyé mon disque dur, j'ai oublié de sauvegarder mon courrier. Bonne pomme, il m'a renvoyé un dossier la première fois, et puis après, je n'ai plus osé redemander. C'est dur d'être une énorme tâche indélébile en informatique, vous ne pouvez pas vous imaginer. Ce dossier, je l'ai bien sûr perdu, et puis j'ai changé de bécane, et puis les versions des logiciels changent, et toutes les lettres accentuées disparaissent, et ça devient prise de tête, et même serre-tête, et puis ça s'dévisse, et puis les vidangeurs de cerveau débarquent, et c'est là qu'en principe je me mets à distribuer des migraines aux petits oiseaux...

Je ne sais plus. On s'écrivait tous les jours, au début. C'est moi qu'ai commencé, lui il est bien trop timide. Je l'ai félicité, bien poliment, pour des chansons à lui qui étaient sur son site. Et il avait entendu quelques uns de mes textes, fallait-il qu'il soit branché "chansons de paumés tout au fond de leur province" ! Il avait copié-collé 1000 fois le mot "Merci" (vous savez : en laissant les touches appuyées...) en terminant par "Merci 1000 fois". Moi, je savais même pas faire un copié-collé, ça m'avait impressionné, dis donc, j'avais trouvé ça gentil, qu'on me tape 1000 fois le mot "Merci" !

Pendant très longtemps, on s'est bien envoyé 3 mails chacun par semaine, et pas des "Bonjour, au revoir", hein ? Des tartines beurre-confiture bien épaisses ! On a abordé tous les sujets, on s'est engueulés ferme et je dois reconnaître qu'il sait rester plus zen que moi. On s'envoyait des jeux, des énigmes, des mots croisés. Ce salaud m'a mis minable aux tests concoctés par ces sadiques de Mensa, on s'envoyait nos textes, on les "essayait" sur l'autre. En fait, ça fait un bail qu'on se faisait notre blog à deux, en égoïstes. Et puis un jour on a décidé de partager tout ça, et depuis, on ne s'écrit presque plus. Snif, je crois que je vais faire une pause, je chiale toutes les larmes du monde en écrivant ça. Non, je déconne q:^). Bon, où je voulais en venir ? Ah oui : aux "objets" (ou "sujets" ?) de nos mails. On essayait de faire les malins. C'est là qu'est né le concept des "à-peu-près" blogborygmesques. C'était des fois des contrepèteries, des fois des mélanges complets de sonorités (on met une expression dans un sac et on secoue), ou bien une écriture différente du même son. Il y avait souvent un rapport avec le sujet abordé, ou avec l'actualité, et souvent l'un disait à l'autre : "heu, tu parlais de quoi, au fait :-( ?".

Plus c'était tiré par les poils de cul, plus c'était rigolo. Ou poétique. Un de nos premiers "objets" résuma un peu tous les autres, je trouve :

- Tout n'est que vanille-thé

Il y eut les bons vœux :
- Joyeuse Annie sert verres (anniversaire)
- Si Berre veut (cyber-vœux, j'habite à côté de l'étang de Berre)
- à pine nouille heurts (happy new year)
- Bonne à nez, bonne sentait
- Bonne athée, bonne sans nez

Il y en eut sur le Bibou :
- Un futur ténor du bas rôt
- Le Bibou squatte au logis (scatologie)
- Tu seras mineur de fond, mon fils, puisque tu es toujours premier en phtysique-chtimi (physique-chimie)
- Il est vraiment peu pro-l'X (l'X : polytechnique. Prolixe)

Bien sûr, des trucs de cul, vous seriez déçus, sinon ?
- Choses de la promise, choses dodues (choses promises, choses dues)
- Un fou de tracteur (un trou de facteur)
- Elle espérait que Pierre paierait la Suze (que Pierre Perret la suce)
- Quand on les lui coince, il danse (coïncidence)
- Les chèvres qui lèchent ont les lèvres qui cherchent
- La chambre aux mystères (le chibre au munster)
- La course des beaux culs (la bourse des cocus)
- Quand on dépouille aux élections, pend-on des couilles aux érections ?
- Cul trash rit (charcuterie)
- Quand la miss me broute au jonc, le bistre me monte aux joues
- Les vénitiennes qui jouèrent, et les vénériennes qui jouissent
- Les jolis cons longs, nids de vacances (les jolies colonies de vacances)
- Déficient en nichons, et, en définitions, chiant (après un mot croisés difficile)
- L'exsangue lolo, de l'eau donne (les sanglots longs de l'automne)
- Je tâte André... à la porte du garage (je t'attendrai... Il paraîtrait que la blague a été voulue par Trénet !)
- Le jeune Mozart "bi" (le jeu de mot zarbi)

Des divers et variés...
- Chape de plomb (plat de punch)
- Le malade à l'ail (le Dalaï Lama)
- Du Pastis dans les tuyaux, et voilà des orgues anisées (désorganisés)
- Neige... donc tant vécu que pour ces intempéries ?
- Je danse, donc je swingue (je pense donc je suis)
- Le bus, c'est trop laid (trolley)
- Larmes is tears (l'armistice)
- Caca d'ivresse (cadavre exquis)
- Ne t'en cuise, il niait (cuisinier)
- Quand c'est qu' t'as l' baume ? (concept-album)

Et pis des trucs un peu intemporels, politiques, et même actuels :
- Ils sont mous, ces fusains (ils sont fous, ces humains)
- Avant : il est fort, ce Messier ! Aujourd'hui : il est mort, son fessier !
- Une paire de Cac dans la gueule, ça fait courber le Dow
- 1 gode, 8 trusts, 9 raisons d'attaquer l'Irak (in God, we trust)
- Moderato Cantat bilieux (moderato cantabile. Après la mort de Marie Trintignant)
- La manif hèle, mais ça n'empêche pas le monde libéral de tourner (la manivelle)

Et puis cette devise d'un paquet de gens à l'heure actuelle :

- La communication... comme unique action !