J'avais quatorze ans, j'étais en vacances à Cannes, chez une tante... Mais non pas la sœur de Trigano ! Il faisait beau bien sûr, c'était en 1953, Louison Bobet en chiait dans le tour de France.

J'allais à la plage tous les jours, je prenais ma dose d'U.V., le soleil était très bon à l'époque ! Mais oui, c'est après qu'il devenu méchant avec ses saloperies de mélanomes à la con qu'il vous collait un peu partout, sauf sur les miches et les doudounes des Madames, car elles ne se faisaient pas bronzer à poil... hélas !

Bon, bref, je ne vais pas vous parler de ma couenne qui ressemblait plus à une peau de phoque mazouté, au bout d'un mois, qu'à un yaourt même périmé !

Vous le savez, à Cannes, l'été, on ne sort pas avant trois ou quatre heures, ancien horaire n'est-ce pas ? On était toujours à l'horaire que l'on appelle aujourd'hui "heure d'hiver", saloperie qui nous fait un coup j'avance, un coup j' recule... Comment veux-tu ?

Donc, après le déjeuner, petite sieste, puis surtout lecture... Ben oui, il n'y avait pas de télé en 1953, on avait dans les maisons une télé mais sans les images, putain c'était génial : on appelait ça une T.S.F (téléphonie sans fil), un poste de radio. Mais à lampes, le poste, sans les transistors, ça marchait aussi bien qu'avec les transistors du reste !

Bien sûr, des heures à lire, ça aurait coûté cher en bouquins ! D'autant que ma sœur, 15 mois de plus que moi, et ma Tante (plus de 15 mois), lisaient aussi, et facile chacune un bouquin par jour si ça n'est deux !

Alors on les louait, ça n'était pas cher, en transposant je dirais 30 centimes d'euro par bouquin échangé, au profit d'un autre.

Il existait, près de la rue d'Antibes, une petite boutique, placée en contrebas de la chaussée. Je la revois, avec sa façade d'un jaune pisseux, pour y accéder il fallait descendre deux ou trois marches, sur cette façade écrit en noir : "Librairie Rinaldi".

L’odeur en entrant ! Les vieux bouquins, des rayonnages pleins à craquer ! Et c'est là, dans cet antre que j'ai commencé à lire des bouquins de science-fiction.

Je choisissais toujours les bouquins des éditions "Fleuve Noir", série "Anticipation", au dos une fusée dessinée par Brantonne, les couvertures idem ! Putains de vaisseaux de l'espace ! Complètement délirants, avec même, tenez-vous bien : des tourelles munies de canons, comme sur les croiseurs, les cuirassés ou encore les porte-avions !



je vous ai dégoté un vaisseau à la Brantonne, délirant non ?.

C'est là que j'ai découvert : Jimmy Gieu (j'ai voulu relire l'un de ses bouquins alors que j'avais une quarantaine d'années, hier en somme, j'ai stoppé à la vingtième page ! La magie n'opérait plus !), Richard Bessière, Stefan Wul ou B.R Bruss, qui étaient les principaux auteurs de cette série. Stéfan Wul était à mes yeux le meilleur, quelques-uns de ses bouquins ont été adaptés au cinéma, tels que :

- OMS en série, devenu au cinéma un dessin animé intitulé : La planète sauvage.

- L'orphelin de Perdide, devenu au cinéma un dessin animé intitulé : Les maîtres du temps.

J'étais très jeune (oui je vous assure ça m'est arrivé). Eh bien ces deux bouquins m'avaient emballé ! Et quand j'ai vu un jour à la téloche la présentation des "Maîtres du temps", je me suis écrié : "la vache, mais c'est l'orphelin de Perdide de Stefan Wul" ! Mes enfants m'ont regardé, ils ont dû penser que j'étais devenu zinzin quand je leur ai affirmé que cette histoire avait environ trente ans !

Bien sûr, il n'y a pas eu plagiat, dans le générique du film on cite : librement inspiré du roman de Stefan Wul "l'orphelin de Perdide".

A l'époque, j'avais adoré ces deux bouquins qui émergeaient du lot ! Comme quoi, même très jeune, on sait reconnaître le bon du tout venant !

Ma Tante, elle, dévorait des bouquins d'espionnage, les OSS 117, Hubert Bonisseur de la Bath, écrits par Jean Bruce, il y avait aussi "Coplan" par Paul Kenny.

Ma sœur, elle, c'était plutôt le genre Delly, moi je la charriais, mais bon, à l'époque, elle était très jeune.

Plus tard, j'ai découvert Bradbury, Poul Anderson, Isaac Asimov, Aldous Huxley, George Orwell et son énoooorme frangin ! Et surtout René Barjavel, et ça m'a fait un véritable ravage.