Le miroir lisse
De Narcisse
Ressemble à l'eau du lac
Par un matin sans vent
D'une journée d'Hiver.

Sous les yeux ronds dans l'eau
Nagent des poissons bleus
Et des algues
Aux gestes filandreux.
Des cils
Aux battements de libellule
Ombrent les regards
Fuyant se cacher
Derrière des touffes de roseaux.

Oreille inquiète
Lèvres tremblantes
J'attends la bête
Au bout de mon bouchon.
Viendra t-y t-elle, viendra t-y pas ?
Une grenouille répond
En me tirant la langue :
Je crois pas...

Le saule pleureur
S'arrache les cheveux.
La petite barque
À laquelle il tenait
A détaché sa chaîne :
Trop tristounet.

Narine palpitante,
Le levraut renifle, écoute et scrute
Profite de la vie, des odeurs,
Du plaisir,
Jusqu'à l'heure
De l'œil dans le viseur.

Le canard offre sa joue à la cane
Elle nage autour de lui,
Puis le bouscule
Et s'en va, droite et régulière,
Les plumes de son derrière
À peine frémissantes.

Le miroir lisse
De Narcisse
Ressemble à l'eau du lac
Par un matin sans vent
D'une journée d'Hiver.