Mon amour des étoiles est un secret de Polichinelle. Du moins pour ceux qui suivent mes pérégrinations bloguesques de l’autre côté de la toile. Chez moi, là-bas. Ou pour ceux (souvent les mêmes mais pas que) qui connaissent mes petites « funambulles », ces longues filles rêveuses qui traînent leur flemme sous les constellations. Et qui me ressemblent tellement…

Mon obstination à lever le nez vers la voûte enchantée pourra paraître un peu obsessionnelle. Et un rien déconnectée du monde réel. C’est à se demander si, tel E.T., le célèbre et sympathique avorton tout ridé qui fit les beaux soirs des années 80, je ne me sens pas un peu quelque part une extra-terrestre, par moments…

Et pourtant, je vous assure que l’on se sent terriblement ancré sur terre quand on porte les yeux vers l’infini et au-delà. Sans doute parce que l’on mesure sa propre insignifiance et la nécessité absolue de préserver notre bout de caillou et la vie qui s'y développe.

C’est beau, les étoiles. Croyez moi (ou pas), par des ciels comme ici, en ce moment (je suis à la montagne) on éprouve un petit orgasme intellectuel à se perdre chaque soir dans la Voie Lactée. Pourquoi petit, d’ailleurs? C’est de la balle, c’est de la jouissance à l’état pur, ce scintillement si vivant, ces connivences graphiques que les Grecs et les Arabes se sont appliqués à désigner de noms chatoyants qui font rêver… Deneb, Altaïr et Vega, ça ne vous fait pas grave rêver ? C’est mieux qu’un ticket pour la grande roue de la foire du Trône, cette affaire-là et c’est entièrement gratis. Antarès, Betelgeuse, Aldebaran, Cassiopée…quels noms prestigieux ! des héros fortiches, des reines déchues, des monstres mythologiques surgissent de la nuit et vous enveloppent de leur légende. Un bestiaire étrange, ourses, cygne, aigle, lièvre, chiens, serpent, dragon, et dont les plus connus sont ceux que vous consultez distraitement le matin, en buvant le café : bélier, taureau, lion, poissons, scorpion, bizarres bestioles prémonitoires égarées dans un monde trop pragmatique…l’horoscope, c’est la poésie du réveil.

Le ciel, la nuit, c’est le théâtre des mille et une nuits, la divine Comédie, le songe d’une nuit d’été. Un festival d’émotion concentrée.

Après cette mise en abîme céleste, cette contemplation muette des vertiges sidéraux, il devient évident que les frénésies de pouvoir et les violences haineuses de ce bas monde, orchestrées par les agités du bocal qui le gouvernent, ressemblent fort aux mouvements désordonnés d’amibes dans un tube à essai, ou de mouches à merde sur une bouse fraîche. Vu d'en haut, un ballet dérisoire et idiot.

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