Les vers olorimes, c'est la rolls du vers : plus mieux, tu meurs, vu que TOUT le vers rime avec son compagnon ! Hein ? Vas-y, fais mieux ? T'as vu, tu y arrives pô... Çà, c'est de la rime riche aux œufs frais, de la rime Panzani. (pas de la Barilla, malheureux, tu deviens comme Depardieu !) Et le roi de l'olorime, c'est Alphonse Allais.

Alphonse Allais, préfigurant les ateliers des surréalistes ou les ouvroirs oulipo-pataphysiciens, aimait faire des expériences textuelles, mais tout seul. À l'extrême rigueur, avec quelques hydropathes... Mais il vaut mieux des exemples parlants qu'une explication chiante :

Je dis, mettons, vers mes passages souterrains,
Jeudi, mes tons verts, mais pas sages, sous tes reins.

Par les bois du djinn où s'entasse de l'effroi,
Parle et bois du gin ou cent tasses de lait froid.

Ah! Vois au pont du Loing : de là vogue en mer Dante.
Hâve oiseau pondu loin de la vogue ennuyeuse. (la rime n'est pas très riche, je le reconnais, disait Allais, mais j'ai horreur de la vulgarité)

S'il y a un roi, il y a une reine, et la reine de l'olorime, c'est Louise de Vilmorin. Avec son élégance habituelle :

Étonnament monotone et lasse
Est ton âme en mon automne, hélas.

Et cette merveille, également :

Accords doux
décors d'aout
C'est tôt, beys zélés
A Cordoue.
Lachant son silence
La chanson s'y lance :

"Cette eau baise ailée,
A Cordoue
Sept obèses et les
Accord d'aout
Des corps doux."

Et le vent
Ocille en silence
Elevant
Oh ! si lent, six lances
A Cordoue
Bais et laids,
Beys zélés, maintenant,
Baisez les mains tenant
Baies et lait
Accords doux.

Il y a aussi J. Goudeski, contemporain d'Allais, qui a écrit LE "Sonnet olorime". Qui fera le prochain ? Ya du boulot.

Je t'attends samedi, car, Alphonse Allais, car
A l'ombre, à Vaux, l'on gèle. Arrive. Oh ! la campagne !
Allons - bravo !- longer la rive au lac, en pagne ;
Jette à temps, ça me dit, carafons à l'écart.

Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche !
L'attrait : (puis, sens !) une omelette au lard nous rit,
Lait, saucisse, ombre, thé, des poires et des pêches,
Là, très puissant, un homme l'est tôt. L'art nourrit.

Et, le verre à la main, - t'es-tu décidé ? Roule,
Elle verra, là mainte étude s'y déroule,
Ta muse étudiera les bêtes sous les gens !

Comme aux Dieux devisant, Hébé (c'est ma compagne)...
Commode, yeux de vice hanté, baissés, m'accompagne...
Amusé tu diras : << L'Hébé te soûle, hé ! Jean !

Et puis, comme je ne voudrais pas que Tant-Bourrin m'accuse encore de faire faire mes billets par les autres (si vous saviez comme il est dur avec moi, et exigeant, et sévère : il ne me passe rien !), je vous en ai fait un. Capable !

Ma terre. Ni tes Paters, ni tes Avés, l'abbé ! Béatitudes...
Maternité, paternité, avez la bébé-attitude !

Et un petit cadeau, un bonus-track, pour terminer : plein d'olorimes