"...et c'est comme ça que je me suis retrouvé pour le défilé du 14 juillet en tribune officielle à côté du président et de tous les ministres, sans que personne ne s'aperçoive de rien !"

Les éclats de rire fusèrent aussitôt.

- "Sacré Michel, t'es un baratineur de première, mais ton histoire est trop énorme. Pas crédible !
- "Mais tu nous auras bien fait rire en tout cas !"

Le bois craquait en braises rougeoyantes sur ce bout de plage, à l'abri des rochers, où une douzaine de vieux copains de lycée, maintenant cinquantenaires, rejouaient leurs jeunes années en mangeant des grillades et en sirotant quelques bières.

Les sourires étaient sur toutes les faces autour du feu de bois crépitant. C'était cette heure de la soirée où, l'alcool et l'amitié aidant, à l'abri d'une semi-pénombre, les langues se déliaient, chacun s'efforçant de raconter des histoires toutes plus rocambolesques les unes que les autres, quitte à tordre un peu la réalité des faits.

Oui, c'était l'heure de toutes les fanfaronnades, l'heure du bluff, l'heure des galéjades, l'heure de l'esbroufe et de l'épate, l'heure où il s'agit de pisser plus loin que les copains sur le terrain de l'imagination.

- "Je suis venu sur cette plage, ici-même, il y a trente ans, presque jour pour jour".

Onze paires d'yeux s'étaient tournées vers Patrick, qui venait de prendre la parole alors qu'il était resté jusque-là silencieux, à écouter les autres.

- "Oui, je connais très bien cette plage, et plus encore ce coin à l'abri des rochers. C'est là que ma vie a basculé alors que j'avais à peine 21 ans".

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