Les chansons sont comme des enfants. Elles naissent, on s'extasie, le moindre de leurs gazouillis tient du génie, et puis elles grandissent, bien sûr, on est pas des brutes, on les aime toujours, mais on voit mieux leurs défauts, on s'en lasse, et puis personne ne les chante plus, ne les fait plus vivre, on les oublie dans un coin de l'ordi ou au fond d'une cassette poussiéreuse.

Et puis un jour, on reçoit un mail.

C'est mon pote musicos qui me dit : "Va voir là-bas et dis-moi ce que tu en penses ?"

Tiens, la chanson a grandi, elle a mûri, trouvé son rythme, un public, elle a l'air heureuse, ses fans aussi.

Ça fait plaisir de la savoir vivante.

J'ai prononcé la cédille
Brin de laine, brin d'osier
De ce si doux brin d’ fille
J'ai le cœur dans un brasier

Et le seuil des décibels
Brin de laine, brin d'osier
Je l'ai passé avec elle
Tous deux extasiés

Et j'ai manié la litote
Brin de laine, brin d'osier
Au travers de sa culotte
La main sous le chemisier .

De son ventre à ses épaules
Brin de laine, brin d'osier
Ma bouche est devenue folle
Comme un désert, mon gosier .

Sa jeune poitrine en fièvre
Brin de laine, brin d'osier
S’embrasait contre mes lèvres
Et mes dents de carnassier

J'ai su l'odeur de l'azur
Brin de laine, brin d'osier
Mes ongles dans sa frisure
Son caviar m'a rassasié .

Une touffe de bruyères
Brin de laine, brin d'osier
Cachait la source d’eau claire
Où je venais m’abreuver

Puis j'ai glissé sans ambages
Brin de laine, brin d'osier
Le feuillet entre les pages
De son livre de chevet .

Son corps prend toutes les formes
Brin de laine, brin d'osier
J'y mord comm’ dans une pomme
Je croque tout le panier…

J'ai prononcé la cédille
Brin de laine, brin d'osier
De ce si doux brin d’ fille
J'ai le cœur dans un brasier