Elle s'en fut faire des courses, la ménagère au gros cul, ballotant son panier autant que ses fesses.

Elle s'en fut maussade, humeur de ses nuits sans sommeil et sans baise.

Arrivée parmi les étalages de fruits et de légumes, v'là t'y pas l'italien, chantant ténor, qui étalageait le concombre tout en étalant son propre cucurbitacé tout en graine montante sous le tablier.

La ménagère, en mal de salade, sentit la vinaigrette qui s'agitait.

L'italien, tout en brassant ses laitues romaines regorgeant d'eau, jeta un coup d'œil gourmand sur les pommes de laitue qu'avançait l'acheteuse affamée.

Mine de rien, elle s'arrêta devant les tomates, les caressa de son majeur savamment, les enroba avec une soudaine ardeur d'une main caressante, les frotta contre sa jupe si près du bourgeon qui germait d'en dessous, qu'on n'aurait pas été surpris d'en voir le jus sortir.

L'italien, chantant toujours ténor, s'approcha, et, hypocritement désintéressé, se pressa contre le derrière mou et dodu, trouvant le lit parfait pour y nicher le sarment mâle. Il lui souffla, toujours de sa voix de ténor : elles sont tendres et juteuses, mes tomates, si près de l'oreille de la cliente, que celle-ci eut un spasme et rejeta la tête contre lui.

"Comme vous les tâtez, mes tomates, comme vous savez les flatter." susurra-t-il

La pauvre, n'en pouvant plus d'émois qui ne pouvaient à peine se retenir, glissa loin de la torture du bâton qui l'émoustillait.

Elle s'arrêta devant les melons, bien ronds, et les soupesa pour en apprécier la fermeté. C'était l'appel qu'attendait l'étalagiste pour revenir planter sa tige dans le tiède sillon que les fesses lui présentaient tout en remontant, sous la veste de l'acheteuse, une main dont le geste appréciait autant la rondeur mamaire que la ménagère, celle cantaloupe.

Quel melon ne fut plus désirable et plus tâté que celui qu'elle finit par mettre dans son panier.

L'italien, n'étant pas au bout des ressources de ses envies cultivées, l'entraîna à choisir un concombre qu'il avait si savamment mis en valeur.

La ménagère le prit entre ses deux mains, le roula précautionneusement. Puis, elle en appréciait le bout de son index. Elle le frotta entre ses seins pour en faire luire la pelure et le caressa d'un geste de va et vient , qui jadis, avait fait jaillir bien des semences..

Puis, elle le mit dans son panier, délicatement, et murmura : "que de fermeté je sens dans vos produits"

L'autre, sentant le fruit mûr à point, lui chuchota : "c'est grâce à la méthode de maturation que nous avons dans nos garde-mangers." et, enrichit son ardeur à dire : 'Vous plairait-il de m'accompagner à l'arrière que je vous en montre le secret?"

Il lui montra si bien et avec tant d'éloquence, que le boucher fut attiré par les exclamations du duo, ténor et soprano. Ne voulant pas être en reste, il lui fit gouter de son saucisson.

Le poissonnier, quant à lui, lui ouvrit la moule et le pâtissier rajouta une touche de crème fouettée au festin impromptu.

Le gérant, quant à lui, s'assura que la dame était bien satisfaite et le patron, qu'elle fut bien servie.

Toute guillerette de tant de provisions inopinées, elle s'en revint t'à la maison.

On ne sait pas ce qu'elle cuisina pour le dîner, mais on sut, que pour une fois, elle dormit les poings fermés en rêvant de faire chaque jour son marché.