Vautré dans son transat à regarder les mouettes, pénardibus, le Doyen nous a embarqué sur une coque de noix pour une visite marine (sans majuscule) de sa baie de Somme. Entre deux siestes c’était osé…

Plus sportive mais moins en adéquations avec les particularités régionales, Célestine nous a offert sa Baie des Anges par voie terrestre, et pédibard. Là, je m’insurge quelque peu tout de même. J’espérais un voyage organisé à dos d’Anges, avec survol de la Baie, rase-mottes of the promenade of the english emperlousées (qui, dans le cas d’espèce ne veut pas dire cernées de pétomanes). Un virage sur l’aile au-dessus de feu la Victorine et atterrissage en douceur devant le bar de Jackie et Jacky. Au final, on a eu droit au siphon, mais il manquait le pastis…

Je vous parle de ces baies parce que moi aussi j’aimerais bien vous parler d’une baie qui soit à moi, et là, ça coince parce que c’est une denrée assez rare dans les montagnes suisses. J’aurais l’air de quoi de vous exhiber ma baie de St Prex ou de Cudrefin. Personne ne sait dans quelle vague contrée ça peut se situer. Même Word est dans les choux en me proposant de changer pour pyrex et cupertino (sans même y foutre des majuscules, l’inculte !). Tu parles d’une culture pour Bill Porte de ne même pas savoir dans quels lieux Blutch a posé les sabots de son cheval… c’est vexant.

Il me restait un choix restreint avec l’abeille Maya ou l’Abbé Pierre. Finalement, j’ai opté pour ma Baie Vitrée (avec majuscules, parfaitement ! Si tu voyais sa grandeur, tu ne mégoterais pas là-dessus).

Ben oui, ma baie à moi est moins aquatique, mais bien plus vitrée que toute la Somme des Anges qui l’a précédée chez Blogbo. Je suis amoureux de ma Baie Vitrée ; pas qu’elle soit faite dans un bois rare ou ornée de ciselures particulières, mais à cause de ce qu’il y a de l’autre côté du verre.

Un joyau, une perle, une rareté qui a accompagné mon enfance :

Le Léman.


C’est ma butte Montmartre à moi qui ne suit pas parigot et c’est aussi mon Négresco.

Point n’est besoin de préciser que c’est un lac pour une telle merveille.

Viens, approche-toi de la vitre et regarde là, sur la gauche, une plaine avec en son milieu un ruban de flotte. C’est le Rhône et sa plaine. Il a plu sur le Valais car aujourd’hui il est gros et son eau est brune de tous les limons que les orages ont arrachés aux vignes produisant la Dôle et le Fendant, pour les déverser dans ce qui est le premier delta du Rhône. Dans douze ans, cette eau quittera le bas lac à Genève pour reprendre son cours vers la France. En face de toi, la côte française avec ses montagnes de la Savoie qui tombent dans la flotte. Elle est belle d’être le reflet de la côte suisse...



De gauche à droite depuis le Rhône : St Gingolph (bourg-frontière). Meillerie, Evian, Thonon, Ivoire (à qui Lausanne doit beaucoup pour ses carrières), puis Hermance qui nous ramène déjà en Suisse.

En bas de ma Baie vitrée, c’est Lausanne (cette provinciale qui fait ses humanités, disait Jean-Vilard Gilles) qui s’étale, avec sa cathédrale qui, depuis plus de 600 ans, abrite en son beffroi le Guet qui chaque nuit veille à la tranquillité de la ville et rassure la population en annonçant chaque heure nocturne aux quatre points cardinaux. Souvenir tenace des incendies qui détruisirent la ville.

Un peu à gauche dans le bas de la vitre, le château de Chillon, résidence des Ducs de Savoie accrochée à un îlot rocheux et qui s’est offert le Léman en guise de douves…

Un peu à droite de Lausanne, La Venoge, dont je laisse à Gilles le soin d’en parler...

Tout à droite, c’est Genève avec ce qu’il faut pour mouiller l’absinthe : 140 mètres de hauteur et 5000 apéros à la seconde.

T’as soif ? Une chansonnette écrite elle aussi par le poète vaudois Gilles.