vendredi 26 février 2010
Ici, aujourd'hui
Par Saoul-Fifre, vendredi 26 février 2010 à 00:01 :: La vraie vie
Tiens, notre poêle à bois est éteint depuis trois jours, on vit la porte ouverte, l'hiver serait-il fini ?
Des trainées résiduelles de cumulo-nimbi nous arrivent encore. Après les amoncellements de déluges de cet hiver, ce ne sont pas quelques gouttelettes à peine humides qui vont nous faire ressortir capuches ou bonnets, seraient-ils made in Croukougnouche, ce qui n'est malheureusement pas encore de saison, bien que mon anniversaire se rapproche !
Comment ça, "mes allusions ont la discrétion du pachyderme empoté" ?
Je disais juste que nos averses se ridiculisent par leur durée ; atteint visiblement d'évacuation précoce, le ciel se vide instantanément de ses nuages et le grand beau soleil reprend ses droits sur l'horizon.
Les abeilles en profitent pour sortir se dégourdir la trompe et se dépoussiérer les sacs à pollen. Faut dire que la lune est montante et que les bourgeons gorgés de sève impatiente se sentent bien a l'étroit, serrés dans leur corset de velours vert amande.
Mais il faut souffrir pour être beau. Bientôt, prise dans un étrange désir d'évolution trans-genre, la fleur en devenir, abandonnant ses habits de séduction, dépliera ses blanches pétales. Elle offrira sans tabous sa fleur dégoulinante de rosée aux butineurs et butineuses de passage. Comme chaque année, rituellement, le champ d'amandiers nous organise son bal des débutantes. Frémissantes dans la fraîcheur du matin, virginales, le teint pâle à peine rehaussé d'un peu du rose de la confusion, elles se déploient et envahissent la moindre brindille de leurs arbres.
La nature nous offre en fin d'hiver un de ses plus beaux spectacle. Feu d'artifice immobile, calme, les nuages blancs d'une floraison pléthorique se sont posés ça et là sous nos yeux émerveillés. Annonce que le Printemps se rapproche, cette explosion de blancheur teintée d'un peu de sang est le premier signe que la vie se réveille chez les plantes engourdies, que leur sève se réchauffe, qu'elles se tiennent prêtes, dans les starting-blocks, pour le gros travail de croissance et de mise au monde d'une kyrielle d'enfants-fruits qui les attend.
Chez les chèvres, c'est l'inverse : la fécondation se fait plutôt à l'automne, et les naissances, maintenant. Nous avons eu sept petits de sortis, aujourd'hui. Avec seulement trois cabres. Je dis ça dans le seul but de faire bisquer Anne. Qu'elle voie bien qu'on ne chôme pas, en Provence. Nos bêtes ont sagement attendu que nous rentrions de vacances et ont mis bas dans la foulée, sans tergiverser ni barguigner
J'ai vu une pie qui réparait son nid de l'année dernière, aussi...