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lundi 29 décembre 2008

Tant-BourrinA voeux et à chiant

Je me suis laissé dire que la période actuelle serait vaguement propice à une coutume que d'aucuns qualifieraient de charmante (mais je connais d'aucun depuis longtemps : ce n'est qu'un gros con), à une tradition si passéiste et poussiéreuse qu'elle ferait passer Giscard pour un ovule à peine fécondé, à un fatras de niaiseries nimbé de superstitions mal dégrossies, à savoir les vœux de bonne année.

Eh oui, inutile de barguigner, il ne sert à rien de se tordre les mains et de se couvrir la tête de cendres : l’heure approche, les soldes annuels de la plus vile faux-culterie vont commencer.

Car, en vérité, quoi de plus chiant, au sens premier du terme, après avoir passé plusieurs semaines à éviter les contacts douteux et à se laver très méticuleusement les mains une dizaine de fois par jour, que de devoir subir aux premiers jours de janvier les miasmes répugnants de dizaines de cousins, tantes, grands-oncles et collègues de bureau empressés de répandre sur vos joues des traînées baveuses ainsi que l’assurance d’une belle gastro-entérite à venir ? Sans compter que les dits épanchements salivaires s’accompagnent invariablement de vœux convenus et plein d’inanité dont l’effet laxatif n’est plus à démontrer.

Hélas, la pression sociale (terme élégant désignant l’esprit grégaire du troupeau de bœufs) est telle qu’il est difficile d’y couper sauf à passer pour un rustre asocial doublé d’un goujat semi-psychopathe.

Certes, ne le nions pas, il peut parfois y avoir quelque intérêt supérieur à suivre le chemin boueux des conventions.

En effet, quel espoir pourrait avoir le jeune adolescent acnéique d’aller soutirer un ultime billet de cinquante euros à sa vieille mère-grand arthritique, à laquelle il n’a pas une seule fois rendu visite de toute l’année écoulée alors qu’elle habite à deux cents mètres de chez lui, s’il ne se pliait, le moment venu, c’est-à-dire le 1er janvier, à l’exercice des vœux, à savoir un « bOnané mémÉ » essèmessisé, car faut quand même pas déconner, il va pas se pourrir deux heures chez la vioque, elle peut se fendre d’un timbre pour lui envoyer le fric, hein ?

De même, comment l’homme attentionné pourrait-il se tenir informé de l’état de santé de sa chère grand-tante s’il n’allait une fois l’an lui souhaiter une bonne santé, avec une sincérité d’autant plus remarquable qu’il espère lors de chaque visite annuelle détecter les petits signes annonciateurs d’une maladie qui emporterait enfin cette vieille peau qui ne sait plus quoi faire de son fric et dont il est l’unique héritier ?

Citons enfin l’homme politique dont le destin présidentiel s’est accompli et qui, une fois l’an, ne saurait déroger, sous peine de sévère correction dans les sondages d’opinion, à la plaisante coutume des vœux télévisés, au cours de laquelle un accessoiriste doit lui chatouiller, hors cadre, les orteils pour qu’il puisse arborer une ébauche de sourire patelin en lieu et place du rictus chargé de morgue qui lui vient naturellement au visage dès qu’il s’agit de s’adresser à la populace.

Mais pour ces quelques exemples où les mièvreries mielleuses proférées trouvent une justification dont on ne saurait contester la robustesse, combien de vœux niaiseux bramés sur les douze coups de minuit, juste pour se fondre dans le tiède moule de la médiocrité, avec autant d’empathie pour leurs destinataires que pour les canards dont les foies cirrhotiques parfument encore les haleines entre deux relents de mauvais vin mousseux ?

Oui, ne nous leurrons pas : les souhaiteurs de bonne année sont une engeance dont la nocuité n’est plus à démontrer. Essayez simplement de dénombrer les personnes à qui vous avez un jour adressé vos vœux de bonne santé et qui sont mortes au cours de l’année qui a suivi dans d’atroces souffrances !

Alors, pas nuisibles, les vœux ? Généralisons : si l’on considère qu'environ 0,9% de la population meurt chaque année et que, dans l’immense majorité des cas, les défunts s’étaient vu souhaiter une bonne année le 1er janvier, on peut conclure sans hésiter que les vœux pas frais tuent bien plus que les listeria et les salmonelles réunies.

Considérons maintenant le contexte actuel. C’est la crise. Attention, pas la petite crisounette de rien du tout que l’on soigne en deux temps, trois mouvements avec une bonne dose de libéralisme et deux de vaseline ! Non, la crise, la grosse crise, celle que les têtes à CAC du Palais Brognard seront les derniers à vous annoncer, vu qu’il leur faut vite refourguer toute la merde aux petits porteurs avant que ça ne plonge pour de bon. Oui, LA crise, die grosse Krise mit un K majuscule, comme dans Kaputt ! Du genre de celles qu’on ne voit qu’une fois par siècle et dont on n’émerge difficilement qu’au bout d’une vingtaine d’années et de quelques millions de morts.

Bref, si vous espérez vous en tirer en réduisant légèrement votre train de vie (remplacer le beurre par de la margarine, échanger votre portable contre deux pots de yaourts reliés par une ficelle, aller en vacances à la Petite Moule plutôt qu’à la Grande Motte, etc.), vous êtes bien loin du compte ! Commencez donc plutôt par vous constituer des stocks de graines de topinambours et, si vous désirez apporter quelques protéines animales à votre alimentation, pensez également à vous équiper de pièges à rats.

Toute cette longue introduction (alors, heureuse ?) pour bien vous faire comprendre la situation dans laquelle je me trouve embourbé :

1°) les vœux niaiseux et consensuels, ce n’est pas vraiment ma tasse de Darjeeling avec une feuille de menthe et un nuage de lait, merci ;

2°) oui mais les impératifs de la bonne tenue de blog m’imposent de ménager les neuneus décérébrés qui me lisent en les caressant dans le sens du poil et en leur souhaitant la bonne année (les doigts croisés derrière mon dos, je vous rassure) ;

3°) re-oui mais, ce faisant, je m’identifierais trop au quidam agitant son mouchoir sur les quais de Southampton en 1912 et criant bon voyage à ses cousins embarqués pour une croisière de rêve à bord du Titanic.

Car, sachez-le, l’hypocrisie et le souci de préserver l’audience de ce blog ont des limites : celle de ma déontologie (mot élégant servant généralement à exprimer l’idée qu’il faut allonger quelques biftons supplémentaires). Faux-cul peut-être, mais avec un vrai fond !

Ne pouvant par ailleurs me résoudre, par souci d’originalité, à recourir au même subterfuge que l’an dernier, à savoir laisser à un algorithme le soin de faire à ma place le sale boulot des vœux, je vais donc me livrer avec quelques jours d'avance, quand bien même cela me laissera un goût de rance dans la bouche, à ce labeur que je honnis tant… Allez, je me concentre, je prends ma respiration, et c'est parti...


Bonne chance pour 2009, tous mes vœux de survie !


Et maintenant, veuillez me laisser seul, s’il vous plaît, je vais me retirer dans mes appartements pour récupérer, je me sens si las…

samedi 27 décembre 2008

Saoul-FifreCe qui brille, brûle

J'ai passé la 6ième, la 5ième et la 4ième dans la même classe que Lionel et puis nous nous sommes perdus de vue. C'était un garçon sympathique, pas agressif ni faiseur d'embarras. Il était sombre et plutôt taciturne. Nous savions que sa mère était seule pour l'élever et le fait qu'il n'avait jamais précisé qu'elle était veuve nous faisait envisager une histoire d'abandon ou de divorce. Son perpétuel air de chien battu permettait de fantasmer à son sujet les histoires les plus tristes.

Je l'avais raccompagné chez lui pour une histoire de devoir manquant mais il m'avait laissé sur le trottoir, le temps de rentrer le chercher. La maison était correcte, dans un beau quartier, mais peut-être n'en louaient-ils qu'une pièce ? C'est bien simple, Lionel ne répondait jamais aux questions. Son éducation avait été visiblement très stricte, il ne traînait jamais dehors, était toujours poli. Il faisait partie des rares qui venaient au lycée en costume cravate, comme Guy, le fils du notaire, mais c'était toujours le même, un peu élimé. On sentait la famille pauvre mais fière, qui refuse de déchoir, malgré des vents contraires.

Scolairement, il n'était ni mauvais, ni bon, on sentait juste qu'il était "poussé", que réussir dans la vie était un concept qu'on essayait de lui inculquer. Je ne connais rien de son histoire, c'était un garçon secret et nous n'avons jamais su les raisons de ce silence. J'ai juste compris plus tard qu'il devait avoir une revanche à prendre sur la vie.

Mais il la prenait avec simplicité et convivialité.

Je réentendis parler de Lionel Cassan en 1981. J'habitais en Ariège et le transistor était bloqué en permanence sur Sud Radio, dont l'émetteur était en Andorre. Il y animait la matinale, et en particulier une émission qui s'appelait "Parlez-nous de vous". J'appelai au numéro que l'on nous donnait à l'antenne et je tombai directement sur lui, en lui proposant, s'il était d'accord, de témoigner sur nos années-lycée.

- Heu, Saoul-fifre, ne va pas raconter n'importe quoi sur moi, hein ? dit-il un tantinet inquiet.

- Mais non, pas du tout que vas-tu imaginer là, tu me connais, d'ailleurs, tu sais, je ne tiens pas plus que ça à passer à l'antenne si ça doit te gêner, par contre, si je passe en Andorre, j'aimerais bien te revoir.

- OK, quand tu veux, mais je bosse beaucoup, je n'aurai pas trop de temps.

Je n'ai jamais trouvé l'occasion de monter en Andorre. Il continua sa belle carrière, qu'il avait d'ailleurs initiée à Radio-Andorre, puis monta à la capitale, attiré par les reflets hypnotiques de la petite lucarne. Antenne 2 lui confia l'animation de "Matin Bonheur", une émission qu'il tint à bout de bras pendant 5 ans avec succès. On disait de lui que c'était le futur Drucker , il en avait la gentillesse, le sérieux, mais Jean-Pierre Elkabach en décida autrement. Malgré une audience excellente, il le vira et le remplaça par Olivier Minne. Cet extrait , tourné peu avant son départ, est révélateur de l'ambiance.

Il s'accrocha, anima de nombreuses émissions, présenta l'Eurovision, fut un des "speakerins", retourna à la radio, puis s'échoua sur Canal Téléachat. Dans sa longue "traversée du désert", Michou fut un des seuls à lui tendre la main, en l'embauchant comme animateur dans son cabaret.

Mais quand on s'est approché du soleil, enfin, des lumières clinquantes des animateurs vedettes, on renâcle à ne plus faire partie des happy fews.

Alors tu es reparti à l'assaut des gros spots à incandescence, des lumières de la rampe.

Et, tel un Icare moderne, à défaut de t'y fondre les ailes, Lionel, tu t'y es brûlé la cervelle.

mardi 23 décembre 2008

Mam'zelle KesskadieLes funérailles de mon voisin d'en face

Je travaille dans la même boîte que sa fille, sa femme et moi échangeons nos vivaces l’été venu, j’ai tenu à être présente.

Moi, les funérailles, c’est comme les cimetières, ça me fascine en même temps qu’il y a un quelque chose d’ennuyant. Une atmosphère de ça serait bien d’être ailleurs sans être dans l’au-delà.

V’là le cortège. Celui des mariages est intéressant, la mariée est toujours belle, le marié a l’air imbécile. Ici, les six petits-fils de mon voisin qui portent le cercueil feraient de bons maris je crois. Difficile de croire que ce sont les mêmes qui fument du pot dans l’arrière cour du grand-père, ils ont tous le cou rouge de la coupe au rasoir. J’entends les mères : Tu dois bien ça à ton grand-père! Et ils ont tous des souliers. Pas que ces va-nu-pieds ne portent chaussettes et pompes, mais ici, pas d’espadrilles. Les mères n’y sont pas allées de main morte.

La veuve de mon voisin se nomme Marie. Marie a les yeux rougis, le visage blanc, la robe noire de circonstance. C’est gothique. Marie ne parle pas, elle nasille. Qui plus est, elle nasille longuement et lentement. Gééééérrrrrrrrrrrrarrrrrrdddd, téééééééééééllllééééééééééphone. Une gothique par accident, mais aussi par goût. Elle aime son Gérard édenté et bedonnant avec un amour tendre.

Ce qui fait que je suis quand même tristounette. Ma collègue sanglote, la dame qui partage mon banc aussi, je vous jure, les larmes c’est pire que les oignons pour vous faire pleurer les yeux.

J’allais laisser la mélancolie des choses d’ici-bas qui trépassent me gagner lorsque la chorale a entamé son premier chant.

Doux Jésus, je me suis réjouie ! Je ne croyais pas qu’une harmonie pouvait contenir toutes les tonalités y compris les diatoniques, dans la même partie de la mesure. Ça ressemblait vaguement aux ongles qui griffent un tableau noir. Ou au matou qui flirte la chatte de ma voisine d’en face, sauf que ça chantait des mots français.

Me mordant sévèrement les joues, j’ai regardé autour de moi. Personne n’arborait le même air étonné et timidement ricaneur que moi.

Long moment de solitude qu’une hilarité funéraire, je vous l’assure.

C’est alors que je fis l’erreur ultime. En plus d’écouter la chorale (comment faire autrement), j’ai regardé le directeur.

Je doute que cet exotisme se propage en dehors de ma paroisse.

Le vieux monsieur avait une vieille perruque.

Pourquoi je savais qu’il avait une vieille perruque? Parce qu’elle lui flottait sur le crâne comme seules les rescapées de plusieurs marées (lavages) peuvent le faire. Parce que ce blanc jaunâtre , c’est du millésime 90. Parce que le cheveu rare qui persiste à pousser en bas de la perruque témoigne qu’il y a déjà une nuque chevelue pour justifier une telle pilosité crânienne.

Et il y avait la longueur des oreilles. Vous savez que les oreilles ne cessent jamais de croître ? Et bien, maintenant, vous savez pourquoi les vieux ont et que vous aurez des oreilles surdimensionnées. On se demande pourquoi mère nature nous joue ce tour, le vieux n’entendant pas plus les harmonies qu’il ne les corrige.

Fascinée, j’étais. Le sens de la finalité de la vie prenant la dimension auriculaire du directeur de la chorale, manifestait la fatuité de la grandiloquence des choses humaines.

Ciel, un solo. J’encourage mentalement l’exécutant à monter jusqu’à la note finale. Allez mon vieux, tu es capable. Zut, ratée de peu. On ne s’en aperçoit même pas, ou t’à peine.

Oh non. Ma voisine, sa fille et son autre fille, et une inconnue viennent au micro pour les prières. C’est pathétique de tristesse, de sanglots, de mouchoirs. Être cynique, j’applaudirais, y a pas à dire, c’est du vrai vécu.

Mais je connais ces gens. Ils sont vraiment tristes. Ils ont vraiment beaucoup de peine. Ils n’entendent même pas que la chorale chante. (ça, je les envie).

Le patriarche n’est plus. Plus besoin de se cacher pour fumer du pot dans la cour arrière. Marie ne sortira plus en criant à son Gérard : Géraaard, fais attention.

Gérard étant aussi sourd que le directeur de la chorale, ne faisait ni plus ni moins attention. Il n’aura plus à ne pas écouter Marie.

Pour un peu, j’aimerais cette chorale, cette église décorée avec du vrai plâtre, cette Marie Gothique.

Pour un peu, je crois, que j’aime la vie quand elle est vraie comme la peine de Marie pour son Gérard.

mercredi 17 décembre 2008

Mam'zelle KesskadieLa journée pédagogique

Qu'est-ce qu'une journée pédagogique ? C'est un jour de congé donné à tous les étudiants, élèves, de tous les niveaux, pour que leurs dignes professeurs fassent ce qu'ils n'ont pas l'occasion de faire quand les élèves sont là.

C'est un événement qui se répète très très régulièrement dans l'horaire des écoliers, qui se répercute sensiblement dans une hausse des dépenses des parents, en une hausse des traîneries à la maison sinon, et une baisse de productivité générale parce qu'on pense à ce qu'ils font ou ne font pas en notre absence à la maison.

C'est un congé. Un trou dans l'horaire qu'on a de peine et de misère installé en routine depuis septembre. C'est une attaque programmée contre la paix parentale !

Bref, c'est chiant pour les parents.

Donc, vendredi : journée pédagogique. Les grands (16, 14 et 13 ans, le 13 étant féminin, je tiens à le préciser parce qu'elle est ado assumée et assomante) vont rester à la maison et menacent les petits (10 et 8 ans assumés) qu'ils vont être étripés s'ils font du bruit en se préparant pour la garderie le lendemain matin (garderie qui coutera trois fois plus cher parce qu'ils ont une activité spéciale, on le précise).

Moi, mère magnanime et prévoyante, le lendemain matin, pour sauver la paix familiale, les allocations familiales et accessoirement les deux plus jeunes, je leur offre d'aller déjeuner au Mc Do. Yééééééé!!! CHUTTTTTTTTTTT!!!!!!!

"Combien de temps on a pour jouer?' disent-ils. Incroyable comme ils ne pensent pas à prévoir l'habillement, le brossage des dents et ce genre de truc.

M'MANNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!! Jean-François ne répond pas!!!!!

Ici, il faut dire que Houston ne répondant pas pour faire grimper l'autre un peu plus haut dans la stratosphère de l'énervement. Qu'à cela ne tienne, l'astronaute menace d'atterrir sur la tête de Houston qui va alors exploser. Pour éviter les dommages collatéraux, le gouvernement en place, prends les mesures qui s'imposent, à savoir, une campagne d'information dissuasive :

"Si vous arrêtez pas de vous chicaner, on ne va pas déjeuner au Mac Do"

Toute campagne, même électorale, prenant fin un jour (ne nous décourageons pas, peuple québécois, on va en avoir fini avant Noël) ils remettent ça. MAMANNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

"Pas si fort" de dire le gouvernement en place qui veut toujours faire taire les groupes de pression, on le sait.

"Il a quatre armes dans son lego et je n'en ai juste deux". Ça explique pourquoi ils sont forts en maths et ignorants en français. Cependant, il fut urgent de corriger la situation avant de corriger la syntaxe.

Ah, j'oublie. Il faut aussi que je m'habille, que je fasse les lunches car je travaille ! L'halloween étant passé, je ne peux plus me permettre d'arriver en pyjama. Ben oui, je me suis déguisée en madame qui allait se coucher. que n'ai-je pas pensé plus tôt au concept !!!! Ce fut le déguisement le plus agréable de ma carrière.

MMANNNNNNNNNNNNNNNN j'ai pu de bas, dit l'un.

MANNNNNNNNNNNNNNN j'ai pu de pantalons, réclame l'autre.

CIELLLLLLLLLLLLLLL donnez moi de la patience, pria la troisième.

Quand enfin, j'eus trouvé le bas et le pantalon, le premier avait égaré sa boîte à lunch toute prête, le deuxième son deuxième soulier .

J'ai décidé de me prioriser: Et moi, qu'est-ce que j'oublie encore ? Me demandais-je?

MAMANNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Voyons voir, il me semble que c'est essentiel...

MAMANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!

Je suis certaine qu'il faut de toute importance que je m'en souvienne : ça sera pas long mon chéri.

MMMMMMMMMMM'''MMMMMMMMMMMMMMANNNNNNNNNNNN!!!!!!!!!!!!!!: Chut les grands font dodo.

No me moleste mosquito....... no me moleste mosquito. Alexis vient de trouver un CD de Joe Dassin et le met régulièrement. Je ne sais pas si c'est par amour de Joe Dassin ou pour faire enrager les grands ou les deux, mais ça fait effet.

Alexis : baisse le son....

Voyons, dis-je en retrouvant mes lunettes que je dois porter à cause de mon grand âge et des effets pervers de la presbytie. J'ai au moins cinq paires de lunettes dans la maison, mais je suis nulle au jeu Trouvez Charlie, imaginez des lunettes, c'est quoi donc.... que je me dis que je ne devrais pas oublier en gardant mon calme, nourrissant les deux chiennes, mettant le lait dans le frigo et contemplant mon soulier solitaire.

Embarquement dans l'auto pour le Mac DO!

"C'est moi qui s'assis en avant "

"Non, c'est mon tour"

"CHutttttttttt pas si fort, on va partager, un jusqu'au MC Do, et l'autre jusqu'à l'école"

C'est pas juste, disent-il en chœur.

Un consensus, c'est un consensus. Réjouissons nous.

C'est quoi donc que j'oublie?

AH OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIII!

Il faut que je prenne mes penules qui me préservent du burn-out !!!!!!

mardi 9 décembre 2008

Mam'zelle KesskadieSamedi matin

La neige tombe, paresseuse, elle aussi, c'est samedi matin.

Le silence se promène dans la maison, chassé par les pas des chiens, dérangé par le cliquetis des touches de mon clavier.

Les objets dorment, entassés dans les coins, le lavage, les jouets, les cartes de Noël à écrire, chut, laissons-les se reposer encore.

Il y a des idées qui se réveillent péniblement dans mon cerveau. Une veut déjeûner, l'autre veut retourner au lit, la troisième n'a pas encore fini sa phrase que je l'ai assommée, elle commençait par : Il faudrait bien que... elle fut K-O avant d'aller jusqu'au bout de sa courte vie.

Une explosion, le téléphone qui sonne. Ma copine qui prépare la fête de sa fille. On dira ce qu'on voudra, mais y a des bonnes mères dans ce bas-monde et les statistiques sous-estiment leurs qualités. Faudrait suggérer une enquête aux politiciens quand ils auront fini de jouer à "c'est qui qui est le chef".

Mon café s'achève, sans que s'achève l'envie d'en boire.

Il reste de la poudre de café, il reste du lait, et l'univers continue d'ignorer ma présence. Le bonheur tient dans ce peu de prémisses.

Une copine qui a un chum qui a un camion qui a un grand coeur lui a offert d'aller chercher son sapin de Noël. J'ai demandé à la copine de demander au chum de partager son truck pour un sapin pour moi aussi. Il est sur la galerie. Le sapin. Pas le copain, s'il était ici, il serait dans ..... , je tue l'idée tout de suite, c'est trop excitant pour un samedi matin paresseux.

Oups, une liste de choses à acheter s'annonce dans mon moment de paresse. Je la tolère, c'est une bonne intention. J'ai beaucoup d'indulgence pour les listes de choses à acheter. Surtout les inutiles.

Zut, un autre tremblement sonore, c'est ma mère qui téléphone. Pourquoi les mères s'activent-elles un samedi matin ? Oups, j'en suis une, en fait, sur papier. Et dans la bouche de mes enfants, maaaaaaa mannnn. ou M'mannn. ou maman, maman, maman, mamannnn. Il y aurait un bon rap, me semble à écrire avec ces rythmes-là. Mais ça ne se vendrait pas. Les enfants le connaissent déjà et les mamans ne veulent pas l'entendre quand ce n'est pas nécessaire. Peut-être les grand-mères pour se souvenir du bon vieux temps ? Ou pour se réjouir de ce que vivent, à leur tour, leurs enfants ?

Le chum de ma fille dort avec elle. Elle a un lit simple. C'est le grand amour et ils sont minces, j'imagine. Ou jeunes. Ou quelque chose dont je ne me souviens plus. C'est un bon gars je pense. Il a flatté les chiens. Un homme qui aime les animaux, c'est un bon début. Et un gars de 20 ans qui dort dans un lit simple avec sa blonde chez sa mère dans un espèce de garde-robe sans fenêtre avec ses jeunes frères qui écoutent les comics du samedi matin, ça doit être un bon gars.

Ma mère m'a payé un store pour ma fenêtre en avant. Elle ne se pouvait plus de penser que l'été, je mettais une couverte pour tamiser le soleil. Ma mère a fini de décorer et de rénover sa maison. Elle a du temps à penser. C'est pas bon pour les mères, ça, que leur maison soit assez en ordre et rénovée. Elles ont du temps pour penser à celles des autres. Je note. Plus, même, je mémorise. Mais je me connais, je suis déjà en train de penser à racheter un futon pour ma fille qui dort avec son chum dans un lit simple s'il reste de la place sur ma carte de crédit après Noël. Les synapses maternelles, c'est incurable.

Dans un de mes temps désespérés, je me suis réinscrite sur Réseau Contact. J'avais décidé de ne plus fréquenter ces sites, parce que ça prenait trop de mon temps. Eh bien, j'ai eu peur pour rien, je n'ai eu qu'un seul message depuis un mois de la part d'un monsieur de 63 ans qui demeure à 200 km de chez-nous. Il a dit avoir le coup de foudre pour moi. J'ai éteint assez rapidement le feu de son amour, pour moi, il avait un assez bon paratonnerre, parce qu'il ne semblait pas très atteint pour ma douche froide. Par contre, étant donné que j'ai rempli ma fiche personnelle avec franchise, j'ai reçu des offres par courriel qui me semblaient répondre à ce que mon profil laissait supposer. Un truc pour perdre du poids, une publicité pour chirurgie esthétique, des crèmes de rajeunissement, des offres de REER et de plans de retraite, une publicité de contraceptifs, une autre de mise en forme et un livre : vivre seule et heureuse.

Manquerait-il quelque chose à mon bonheur que j'ignore?

La dessus, je vais aller préparer un semblant de dîner pour mes enfants avant qu'ils rappent sur l'air de Mmaaaamaaaaammmmm, j'ai faimmm.

Quesse qu'on mange ?
Quesse qu'on mange ?
Quesse qu'on mange ?

Quand esse qu'on mange ?
Quand esse qu'on mange ?
Quand esse qu'on mange ?

Pas encore ça.
Pas encore ça.
J'ai pas faim.

On mange toul temps ça.
On mange toul temps ça.
Je peux tu me faire à dîner.

C'est quoi le dessert ?
C'est quoi le dessert ?
C'est quoi le dessert ?

C'est pas à mon tour
c'est pas à mon tour (d'enlever la table)
C'est pas moi qui ai pris ça

Vous avez deviné qu'il y avait trois enfants présents pour dîner.

Je vous aime et vous embrasse

lundi 1 décembre 2008

Mam'zelle KesskadieD'excuses et d'oublis

Samedi matin, je dois faire mon travail de session de mon cours d'Art thérapie. J'avais oublié, en m'inscrivant enthousiastement à ce cours, ce léger détail, le travail de session.

Voici que le léger détail a pris du poids sur ma conscience, surtout que je dois le remettre lundi.

Voilà pourquoi je ne maigris pas : j'ai la conscience lourde de ce que je devrais faire. On prend du poids quand on prends concience, CQFD ! Le mental se répercutant dans le corporel, j'ai trouvé ma thérapie, je me fais lobotomiser.

Mince et idiote, je devrais sûrement avoir un chum. Je me demande s'ils font un tout compris : on coupe dans le cerveau et dans le gras, on vous remonte le moral et le sein.

Je me renseigne et vous reviens sur ce sujet.

Les faits saillants de cette semaine sont : et si on jouait à la devinette ?

1. Quel est celui de mes enfants qui a déclaré : je veux être considéré comme autre chose qu'une autre bouche à nourrir, tu ne m'écoutes jamais !

a) le même qui a arraché le pommeau de douche en l'ajustant ?
b) le même que je vais reconduire et chercher à ses cadets trois fois par semaine, dont le vendredi à 21h45, beau temps, mauvais temps, deux fois par semaine à des cours de catéchèse et qui me fait la morale en sortant du dit cours ?
c) celui qui a conduit le scooter et passé l'examen seulement après avoir déclaré : pourquoi donc conduirais-je cet engin, tu ne m'as pas demandé mon avis avant d'en acheter un ?
d) celui qui a la plus grande chambre parmi les enfants ?
e) celui-là ?

Lequel a répondu, après que je lui ai dit : mets le au micro-ondes, 30 secondes même pas, "29 secondes ?"

a) le même qui n'a pas voulu aller à l'école vendredi parce qu'il avait mal au doigt ?
b) le même qui pété à table en disant : quoi, je me suis excusé ? Et qui a conclu qu'il fallait attendre de ne pas avoir de filles alentour pour ce genre d'exercices ?
c) celui qui a perdu sept mitaines en sept jours. On ne se tanne pas des mitaines neuves, n'est-il pas ? J'ai essayé le truc d'acheter des paires pareilles. Bonne idée ! Pour autant qu'ils ne perdent pas toujours la mitaine de la main droite, qu'ils ne perdent pas la paire au complet et que je ne perde pas la mitaine restante ?

Laquelle est revenue de son CEGEP en me disant qu'elle a adoré son cours sur la sexualité, super intéressant ! Parce qu'ils y ont nommé les paraphilies. Elle connait non seulement tous les noms, mais ce que ça veut dire. Comme je lui ai demandé s'il existait des sites sur la nécrophilie, elle m'a juste donné le lien pour un site porno gratuit en disant : va voir.

Est-ce la vieillesse quand sa propre fille nous envoie nous renseigner sur la sexualité ? J'ai comme une petite nostalgie de l'abeille et de la fleur, tout d'un coup.

Donc :

A) La même qui a piqué mon rouge à lèvres Lancôme ?
B) La même qui a piqué mon collier ?
C) La même qui va mettre une robe sans brassières à son party de Noël et je soupçonne que la petite culotte sera minimaliste en voyant la dite robe moulante et ce qu'elle moule ?
D) La même qui n'a pas besoin de se préoccuper de rien sous sa robe moulante parce que tout tient tout seul, mais qui se préoccupe minimalement des yeux ronds et inquiets de sa mère ?

Lequel de ses enfants a oublié : sa boîte à lunch, et, quand la maman a fait penser à la boîte à lunch, le sac d'école (on se demande où ils s'en vont le matin sans rien de leurs outils. J'ai hâte que les compétences transversales traversent jusqu'à la maison), et a oublié son pantalon de neige. A oublié son devoir à faire, son agenda pour savoir son devoir à faire, de me faire signer hier la feuille qu'on devait remetter avant-hier, d'aller à sa retenue parce qu'il avait oublié trois fois son devoir de français, le $20.00 pour les photos (demandé juste avant de sortir de l'auto), le $60.00 pour les photos de finissants (à aller porter dans la petite fente de l'atelier du photographe dimanche soir à 21h30 en allant le chercher à sa catéchèse) ?

Je vous laisse deviner, parce que j'ai oublié lequel n'a pas pensé à faire quoi.

En fait, bienheureuse enfance, j'aimerais bien oublier mon travail de session ce matin.

Vous avez des excuses plausibles à m'envoyer ? n'oubliez pas qu'à mon âge, on n'a plus de grand-mère a faire mourir. Remarquez que si je fais mourir mes enfants, j'ai au moins sept excuses pour sept travaux. Mais plus d'excuses pour arriver en retard.

Ou devrais-je reprendre cette excuse de mon fils (14 ans) pour ne pas avoir fait la vaisselle ?

Maman, j'étais en train de lire et j'avais Cléo (notre chat) sur les genoux, tu n'aurais pas voulu que je le dérange, n'est-ce pas ?