Blogborygmes

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi 30 décembre 2006

Tant-BourrinRevoir un vieux copain d'enfance

Les vieux copains d'enfance avec lesquels on a perdu le contact, qui n'a pas rêvé un jour de les revoir et de renouer les fils que le temps a décousu ? Je n'échappe pas à la règle et je vais ici vous le conter. Mais recommençons au tout début.

J'aurais bien du mal à décrire ma toute première rencontre avec Thierry, tant elle se perd au fond de ma mémoire : je l'ai quasiment toujours connu, puisque nos chemins se sont croisés dès l'école maternelle. Lui plus dégourdi que moi, plus rieur, plus extraverti, déjà près à dévorer la vie à pleines dents. Et moi, le timide, le prudent, le réservé, je me contentais de le suivre. Une telle configuration aurait pu facilement conduire à un rapport dominant/dominé, mais Thierry était la gentillesse même et cela n'a jamais été le cas.

Nos parents respectifs se connaissaient un peu déjà. Je me souviens de ces retours de l'école où cela papotait gentiment, les adultes entre eux, et les enfants de leur côté. Les chemins se séparaient à deux cents mètres de la cité HLM où j'habitais alors, ses parents habitaient dans une petite rue près du pont sur la voie ferrée.

Et puis vint l'entrée à l'école primaire. Toujours inséparables, toujours assis côte à côte, comme sur les photos de classe de cette époque. Apprentissage du calcul. Apprentissage de la lecture avec "Zizi et Panpan" (ne rigolez pas, je vous jure que mon livre de lecture s'appelait comme ça !). Et puis surtout les récrés, ces quarts d'heure de liberté qui paraissaient alors une éternité de bonheur inépuisable.

Et puis il y eut le séisme. L'appartement devenait, au fur et à mesure que je grandissais, décidément trop petit : quatre enfants à dormir dans la même chambre (dont un de mes frères sur un lit de camp), ce n'était pas tenable à long terme. Alors un jour, il y eut le déménagement. Oh, pas très loin, à moins d'un kilomètre, mais suffisamment loin pour nécessiter un changement d'école lors de mon entrée en CE2. Et de copains de classe par la même occasion.

Et malgré tout ça, l'amitié survécut encore trois quatre ans, surtout pendant les vacances scolaires durant lesquelles Thierry passait ses journées chez ses grands-parents, non loin de mon nouveau chez moi. C'était alors des balades à vélo à n'en plus finir, les jeux de sociétés dans lesquels Thierry excellait à me faire mourir de rire en faisant toujours le con, les bonbecs fabuleux qu'on piquait qu'on achetait chez le marchand et qu'on savourait à l'ombre des platanes sur la place du quartier.

Et puis tout finit un jour. A se voir peu, on finit par se voir très peu, plus plus du tout à l'adolescence. Parce que d'autres copains. Parce que l'éloignement. Parce que plus les grands-parents. Parce que, quoi ! La vie, c'est très con parfois...

Près d'un quart de siècle s'est écoulé alors comme dans un rêve, à s'agiter vainement pour faire semblant de vivre, et cela faisait longtemps que, régulièrement, je repensais à Thierry et me disais que ça serait sympa de se revoir un de ces jours, histoire de découvrir ce que la vie a fait de nous. Oui, mais il y avait toujours autre chose à faire, de tellement plus important, tellement plus urgent. Et j'y repensais quelques semaines plus tard de nouveau, en me promettant de bientôt le faire. Et j'y rerepensais un mois plus tard, me disant que c'était ballot d'avoir oublié, mais me promettant de le contacter dès que j'aurais un peu de temps.

Et puis j'ai appris un jour que Thierry venait juste de se donner la mort, le premier janvier 2004, il y a quasiment trois ans jour pour jour, en laissant deux gamins de 5 et 9 ans orphelins et en mettant fin à mes piteuses tergiversations.

Bonne année, les souvenirs !

mardi 26 décembre 2006

Saoul-FifreFondre

Trois ans en arrière, presque jour pour jour, nous avons pu constater que tous nos supports musicaux, si fermes et solides en apparence, perdent toute tenue et toute dignité si on les présente à la chaleur d'une flamme. Il a suffi d'un simple échauffement au niveau de l'alimentation de notre chaîne stéréo, pendant notre absence, pour qu'un mini-sinistre se déclare et suffise à faire fondre tous nos vinyles, tous nos cédés et nos cassettes qui étaient, bêtement en l'occurrence, mais logique et couramment pratiqué, rangés tout autour, à portée de main.

Alors on cherche à se refaire, petit à petit, avec quand même un peu les boules. Certes, c'est l'occasion de renouveler le stock, de découvrir des nouveautés, de s'ouvrir à l'actuel. Certes, cela a correspondu à la démocratisation du gravage, à la facilité du téléchargement en "plus pire que pire", en français dans le texte, mais un cédé reste un bel objet, avec sa maquette et son livret contenant les paroles des chansons, et puis il faut bien que tout le monde vive, comme dit la belle-mère à Byalpel ...

Mon fils N° 1, qui me connaît comme si je l'avais fait, a donc glissé pour moi sous le sapin un cédé de Fersen, le N° 4 avec le cheval. On y trouve aussi une allusion à son lointain ancêtre, ami de Marie-Antoinette, qui organisa (mal) la fuite à Varenne. Le bestiaire très fourni de cet auteur est une des raisons pour laquelle j'aime Fersen.

Oiseaux, hirondelles, crocodile, mouettes, vers blancs, rossignol, sardine, moineau, chien, oiseaux, lions, chats, poissons, pigeons, cheval, corbeau, cygnes, grue, papillon, Poisson, canasson, cheval, jument, toutou, papillons, oiseau, loup, gazelle, ours, souris blanche, chat, ver, gorille, grue, boeuf, belette, blattes, insectes, mite, araignée, chien, rat, mouettes, cloporte, hibou, cochon, roses pachydermes, éléphanteau, colombe, rennes, lion, abeille, moucheron, fourmi, sangsue, morpion, mouche, mule, bique, âne, lapin, crapaud, chameau, souris, chien, bourdon, cafard, chauve-souris, baleine, papillon, chat, puce, chient, chouette, ver, mulot, araignée, poule, Chat botté... et je n'ai pas encore écouté son dernier "Le pavillon des fous" (2005)

Son N° 4 est mon préféré. En tout cas, il contient la chanson de lui que je préfère. "Dugenou" est une merveille, un bijou, un conte de Noël émouvant, elle parle au cœur de tous les élèves qui étaient plus poètes mots-dits que winners au sourire carnassier... Si vous ne la connaissez pas, ne ratez pas la version Live dans son album "Triplex". J'ai eu la chance de voir le gonze l'interpréter en public et je n'étais visiblement pas le seul à avoir un faible pour cette chanson. Croyez-moi, je me méfie férocement de tout phénomène de foule, de toute fan-attitude, de tout suivisme. Je suis un individualiste forcené vraiment pas à l'aise en groupe. Et bien je me suis vu hurler à en perdre la voix, avec le restant du public :

Mon p'tit Luuuu
Ma colooooombe
Mon Jésuuuuus
Mon loukoooum
Ou ma fèèèèèèèèèèèèèèèève

...pour consoler l'adorable jeune Thomas boutonneux, timide et moqué par les filles...

Un autre truc qui me fout les boules et "me casse les couilles", comme répète à l'envi ma fille de 13 ans à propos de tout et de n'importe quoi, est que "Dugenou" n'apparaîtra jamais dans une compilation des "100 chansons les plus belles du siècle" !

Et pourtant...

lundi 18 décembre 2006

Tant-BourrinAngoisse

Je pense m'en être déjà ouvert ici : un des plus grands regrets de ma vie restera de ne savoir jouer d'aucun instrument de musique (à l'exception du kazoo, mais ce n'est pas vraiment un exploit).

Hélas, tout s'est ligué pour que je ne devienne pas un guitar hero ou un virtuose du piano : pas de musicien dans la famille, une scolarité entière sans le moindre cours de musique (si, si, je vous jure que c'est possible) et puis voilà. J'ai bien essayé de me mettre sur le tard sur la guitare, il y a dix ans environ, en prenant des cours pendant deux ans, sans réellement atteindre tout à fait le niveau de Django Reinhardt. Pour tout dire (la phrase précédente était, vous l'avez pertinemment compris, une douce litote), mes cours se sont arrêtés le jour où mon prof a tenté de se pendre sous mes yeux avec une corde de guitare alors que je massacrais une pièce de Fernando Sor (que ses voisins de cimetière appellent depuis ce jour "la toupie").

Bref, je ne suis pas doué pour la musique et ça me manque.

Alors, vous imaginez bien que l'arrivée des ordinateurs personnels et des bidouillages musicaux qu'ils permettent de faire a été un vrai bonheur pour moi. Certes ça ne remplacera jamais le plaisir de jouer d'un instrument avec ses petits doigts boudinés, mais ça permet au moins de s'y croire cinq minutes en se prenant pour un artiiiiiiiiiiiiiste, celui qui fait son numéroooooo...

Bref, cette longue introduction pour vous dire que j'ai fait mumuse sur mon ordi ce week-end et qu'il n'y a pas de raison que je ne vous le fasse pas subir en fasse pas profiter.

Voilà. Ça s'appelle "Angoisse". C'est un très vieux texte que j'avais écrit quand j'étais ado (hier donc) que j'ai exhumé pour le déclamer sur des bruits que je fais avec ma bouche. Oui, je sais, ce n'est pas vraiment de la musique. Oui, je sais, je me la pète grave sur ce morceau. Et alors ?


Angoisse (Tant-Bourrin)



Un petit morceau guilleret
pour égayer vos soirées de fête !

jeudi 7 décembre 2006

ManouChutes de tension

Me lever se déroule en général de la façon suivante. Je me tourne sur le côté droit, soulève le drap, pose les pieds par terre, m’assois au bord du lit. Puis j’enfile ma tunique et entame une longue errance jusqu' aux toilettes. Ce matin fut différent. Juste avant l'arrivée aux toilettes, la moquette me sauta au visage d’une façon assez inhabituelle. Dans la foulée, la lumière s’est éteinte. Un gros nuage noir me prit en charge. Incapable de bouger, j’entendais tous les bruits de la maison. J’ai senti L me séparer de la moquette pour me remettre sur le lit. Une journée vite bouclée, me suis-je dit.

Le soir même, dans la salle d’attente du docteur, je tombe sur une photo prise en Russie en 1943 : plusieurs dizaines de corps de femmes, nus contre terre, morts. Un officier allemand met en joue une fillette encore en vie. Longtemps je m'interroge sur ce qui fait qu'un homme puisse en arriver là. Comment empêcher ça.
Le nuage noir revient mais le docteur le devance.

Je rentre sous une pluie battante.

Avez-vous lu « Les bienveillantes » ?

dimanche 3 décembre 2006

Tant-BourrinFragrances seine-et-marnaises (2)

Dans un précédent billet, j'avais évoqué mes débuts professionnels, il y a vingt ans de cela, en lointain exil au fin fond de la Seine-et-Marne, vous donnant quelques aperçus des splendeurs des paysages alentours.

Je vais cette fois-ci réouvrir mon vieil album de daguerréotypes photos et vous livrer une vision plus intérieure de ma Seine-et-Marne. "Plus intérieure" dans la mesure où je vais vous faire visiter, en quelques clichés, une partie de l'immense bâtisse que j'habitais alors.

Car il faut imaginer ça : je revenais à peine, la gueule enfarinée, du service militaire où je m'étais fait chier un an comme un rat mort dans un pays de sauvages (les Bouches-du-Rhône) et, du jour au lendemain, je me retrouve à bosser dans un autre pays de sauvages (mais dotés d'un accent légèrement différent) et logé dans un immense pavillon ancien de type F8, alors que j'étais à cette époque tout ce qu'il y a de plus célibataire.

Pour le coup, je peux dire que je me suis bien fait chier à Montrou-Bouillonne, mais au moins, j'avais de l'espace pour me faire chier... et photographier n'importe quoi !

En avant pour la visite...


Cliquez sur les images pour les agrandir


Tout est prévu pour l'entretien du jardin...
et l'installation électrique est de première qualité !

Tout est prévu pour l'entretien du jardin... et l'installation électrique est de première qualité !



Une oeuvre anonyme, à l'abandon, dans la cave...
Ça devrait plaire au Souf' !

Une oeuvre anonyme, à l'abandon, dans la cave... Ça devrait plaire au Souf' !



L'entrée des enfers ? Gasp !

L'entrée des enfers ? Gasp !



Braaaaazil !

Braaaaazil !



De grandes baies vitrées...

De grandes baies vitrées...



Des Velux pour inonder les chambres de lumière...

Des Velux pour inonder les chambres de lumière...



Une buanderie moderne et lumineuse...

Une buanderie moderne et lumineuse...



Une vue imprenable sur une végétation luxuriante...

Une vue imprenable sur une végétation luxuriante...



Une débauche de luxe jusque dans le moindre recoin...

Une débauche de luxe jusque dans le moindre recoin...



Des voisins pleins de tact et de discrétion...

Des voisins pleins de tact et de discrétion...



Des pièces richement meublées avec le plus grand goût...

Des pièces richement meublées avec le plus grand goût...



Une cuisine somptueusement équipée...

Une cuisine somptueusement équipée...



Des divertissements pour égayer vos folles soirées...

Des divertissements pour égayer vos folles soirées...



Des repas raffinés et succulents...

Des repas raffinés et succulents...



Des suprises derrière chaque porte !

Des suprises derrière chaque porte !

samedi 2 décembre 2006

Saoul-FifreSi j'étais un des 7 nains

Timide.

Sans hésitation. Mais pas timide à moitié, hein, pas timide à la petite semaine, pas timide d'occasion, de hasard ou d'exception ? Timide à donf, timide à ouf, mais bon, moins que Tant-Bourrin, faut pas enconner mémé dans les orties non plus !

Bon je me suis soigné, vacciné, piqûres en varappe, heu, en rappel et tout, greffe de rustines de confiance en soi avec rejet régulier du corps étranger. J'ai même accepté de venir dans une liste lors d'élections locales. Je pensais que ça me "dégourdirait" un peu, me forcerait à parler en public... Bon dans les petites communes (1000 habitants, en l'occurrence), ce ne sont pas des scrutins de liste et je suis arrivé en tête des suffrages. Cela eut pu doper mon égo, mais il n'en fut rien. La politique salit la bouche et les mains de ceux qui s'en occupent et de toutes façons, je n'arrive à être à l'aise avec des gens que je n'apprécie pas. D'un côté, c'est pratique : la sélection se fait naturellement. Je n'arrivais pas à aligner 3 mots même devant une petite assemblée, je n'ai pas l'esprit de répartie, je ne sais pas mentir, bon, je me suis fait une raison, j'ai abandonné la gestion de la cité. Ou elle m'a abandonné, c'est pas clair...

Mais timide, à l'adolescence, à l'âge de l'éveil des sens, comme ils disent, l'effet est déplorable, moi je vous le dis. Toutes ces filles, ces jeunes pousses toutes vertes, gorgées de sève, ça me rendait fou, j'étais un peu comme le loup de Tex Avery, mais À L'INTÉRIEUR, je sais pas si vous voyez bien ce que j'essaye d'exprimer. Ya une scène culte (dans "Le gendarme se marie", je crois), où ya Louis de Funès qui prend une décharge électrique bleue à chaque fois qu'il s'approche à 1 cm de Claude Gensac. C'est un peu l'effet que me faisaient les filles. Trop d'effet. J'étais complètement bloqué, à pas arriver à prononcer le moindre mot que j'avais envie de prononcer, qu'elles avaient envie d'entendre, enfin : l'horreur, l'Enfer, la connerie pure, en barre et sans aucun défaut. Yen a une en particulier dont l'abonnement n'était pas en heures creuses et qui m'envoyait son 5000 volts d'intensité non mortelle sans avoir besoin de prétextes. Elle était devant moi, s'occupait plus de mon cas que du cours des profs, me faisait du pied que c'en était une honte et ne perdait pas une occasion de me tripoter en me refilant ses mots doux. Avec un sourire canaille. Et avec ça, oui Madame, y en a encore un peu, je vous le mets quand même, elle était belle, on aurait dit un mot inventé pour elle... Je sais, ya des poivrots qui m'ont piqué cette brève de comptoir et qui ont fait un tube avec. Impossible de me rappeler dans quel bar, 'tain, je suis passé à côté de la fortune ! Et intelligente. Aussi intelligente que j'étais con, en fait, parce que cette fille qui m'excitait Amor avec son "maxi-manteau" rouge (c'était la mode), ben j'ai jamais trouvé le courage de lui faire la moindre déclaration. On est resté dans le même lycée jusqu'au bac et moi je suis resté raide dingue amoureux transi d'elle pendant 7 ans. Un bout de bois. Et je connaissais même pas l'existence de la masturbation ! Ha j'ai souffert. Elle s'est lassée, a dû me prêter des mœurs minoritaires, a dû me maudire et se consoler en pensant qu'elle l'avait échappé belle.

Bon, avec ce petit problème d'arrivée des sens, ce léger retard à l'allumage des feux de l'amour, je vous dis pas à quel âge je me suis fait dépuceler, car si vous commencez, je ne suis pas certain que vous arriviez à arrêter les soubresauts de vos ricanements peu charitables.

Donc : prudence.