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jeudi 29 novembre 2007

AndiamoEnfance

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, j'ai l'impression parfois, que l'enfance ne m'a jamais quittée, mais que c'est moi qui l'ai larguée, petit à petit.

Quand les garçons commencent à regarder le cul des filles (autrement que pour le botter !), les protubérances sous leurs pulls-overs, ils regardent avec de moins en moins d'intérêt leurs "Dinky-Toys", les trouvent même horribles, plutôt tartes avec leurs jantes nues, par manque de pneus, leurs peintures écaillées.

Le petit harmonica (le ruine-babines, comme disent nos chers Québécois), avec ses plaques sur le dessus, nickelées, gravées d'un "HOHNER" magique, qui nous rappelle les colonies de vacances à Doulaincourt, la colo de Drancy.

Elles ne nous émeuvent même pas, les traces de nos dents de lait, laissées juste au-dessus des ouvertures carrées, bien rangées, encore un peu de bave séchée, bien dure.

On fait une petite moue de dégoût, on ouvre le couvercle de la poubelle, et, dédaigneusement, entre le pouce et l'index, on laisse choir le petit instrument, KLONG !, quelques années de bonheur aux ordures.

Alors, on commence à se brosser les dents trois fois par jour. "Miracle !" s'écrie la Maman émerveillée, mon goret serait-il devenu propre ? Le père sourit, il a tout compris LUI, vu qu'il en a fait autant !

Et puis le garçon se coiffe, si, si, tout à coup, il découvre l'usage de cet instrument, qu'il croyait réservé uniquement à la grande soeur, il se mouille les cheveux, se colle même du "PENTO" !

C'était une crême blanche, "hair dresser" était imprimé sur le tube, il fallait se mouiller les tifs, puis on se mettait un peu de cette crême, dans le creux de la main, et on l'appliquait sur toute la chevelure, parfois on en mettait un peu trop, alors de longues rigoles blanches dégoulinaient sur le front, et là, soigneusement, on lissait nos cheveux, puis on se faisait un "cran" avec le plat de la main.

Vous marrez pas, les gamins, z'êtes pas mieux avec vos gels à la con et vos coiffures du genre "paquets de pétards" avec les mêches dans tous les sens ! Moi, avec mes cheveux frisés de Rital bon teint, bien emmerdé j'étais !

J'enfilais mon premier "black-jean", tout noirs ils étaient les jeans - eh oui, on a eu les blues-jeans bien après - si bien que les potes qui ne parlaient pas le patois, disaient "un black-jean bleu".

Plus question de porter les pulls tricotés main par la Maman, avec des motifs "chérubins", des nounours ou des biches à la queue leu leu, ça f'sait pô viril tu penses ! On sortait juste en chemise, avec un foulard en rayonne noué façon cravate, les pompes italiennes vachement serrées, si étroites, que j'en avais chopé des cors aux pieds. Moi qui avais des pieds de nouveau-né, j'me suis retrouvé avec des ribouis de facteur !

Alors on allait voir les filles, un peu godiches elles aussi. Mais attention, pas question de les appeler, ça ne se faisait pas, le Papa aurait renaudé vilain, pas touche à fifille ! Dans les années cinquante, les nanas ne sortaient pas ouvertement avec les garçons, surtout pas avant leurs dix-sept ans. Il fallait se faire transparent, vaporeux, furtif, tout en catimini. Pour les appeler, on sifflottait un air convenu à l'avance, et puis une copine un peu plus délurée arrivait à convaincre ses parents de la laisser sortir. Ça semble un peu concon, surrané, mais le changement s'est opéré dans les années soixante, c'était COMME ÇA !

Les filles commençaient à troquer leurs socquettes pour des bas bon marché, de marque "Tire-Bouchonné", du plus bel effet, ils plissaient forcément ces bas, étant donné qu'elles avaient encore des cannes de passereaux ! Les sandalettes se remplaçaient doucement par des escarpins à tout petits talons ou des trotteurs, leurs nattes se dénouaient, laissant flotter de longues chevelures, dans lesquelles j'aurais bien frotté mon nez, doux parfum d'eau de Cologne du "Mont St Michel"...

Tourné le coin de la rue, loin du regard des parents, elles sortaient de leur premier sac à main, un tube de rouge à lèvres, "Rouge Baiser", tu sais, la gonzesse, dessinée trois-quart face, un bandeau noir sur les yeux, et des lèvres d'un rouge ! (Ça existe encore ?) Le tube chourré à la grande soeur tenu d'une main, dans l'autre un petit miroir, elles suivaient minutieusement le contour de leurs jeunes lèvres, appliquant le rouge vermillon, qui les rendraient inaccessibles, GARBO la Divine !

Elles marchaient devant les garçons, feignant de les ignorer, eux, nous, deux ou trois mètres derrière, on roulait nos caisses, des biens p'tites caisses, juste des caissettes ! On les charriait gentiment, pas hardis dans le fond, puisqu'on attendait d'être au cinéma pour peut-être, peut-être, oser les embrasser.

J'en connaissais une qui me plaisait beaucoup, une blondinette, mignonne, jolie, mais elle en préféra un autre, ça commençait déjà !

On allait au cinéma, les garçons avaient jetés leurs billes, abandonné le vieux "MECCANO" rouillé, donné leurs "NOREV", et leurs "SOLIDO" à un jeune cousin, les filles abandonnaient définitivement leurs baigneurs "NOBEL", et leurs poupées "RAYNAL", "TARZAN" et la "SEMAINE DE SUZETTE" avaient servis à allumer le vieux GODIN.

Personne ne se doutait que notre enfance se terminait, pour les yeux d'une petite blonde, ou pour un grand brun, qui fumait des "WEEK-END".

mercredi 21 novembre 2007

AndiamoLe parfum des saisons

Ma banlieue, vous commencez à la connaître, celle du Nord-Est de Paris, elle avait une couleur : le gris, "gris souris effrayée", une jolie teinte, genre "ciments Lambert".

Les baraques n'étaient pas peintes, il n'y avait pas assez de sous pour ça ! Alors elles étaient toutes un peu tristounettes, parfois l'une d'elles se distinguait, faite de briques (et de broc diront les mauvaises langues), il y en avait même en bois, recouvertes d'un genre de linoléum goudronné, tout noir, tenu par des liteaux de bois, du plus bel effet, mais si monseigneur !

Pas de jolis murs en "claustra" genre "moucharabieh" ou encore faux style Provençal, comme si les vieux paysans provençaux s'échinaient à ériger des murs "super-classe", ils avaient autre chose à foutre !

Les clôtures, c'étaient des haies, des haies à la con, pas taillées du tout, genre coupe de cheveux à la Gainsbourg, il y poussait des petites baies rouges, qu'il ne fallait surtout pas manger "passque" c'était du poison !

Ah la vache ! Hyper dangereuses les haies ! On en a bouffé bien sûr, amers, dégueux, toujours pour ne pas se déballonner ! Et surtout, truffées d'araignées, des balèzes, de l'épeire, grises et blanches, TERRIFIANTES ! On les prenait au bout d'un bâton, puis on coursait les filles, elles détalaient en courant !

Mais dès que les bestioles remontaient le long de la trique, on lâchait le tout, et PAN, un coup de talon et les monstres s'éclataient contre un caillou, ils étaient courageux les Tarzans de banlieue !

La rue, même pas goudronnée, de la caillasse, des trous commacks, une dinde aurait pu y faire son nid, c'est dire.

On s'en foutait vu que personne n'avait de voiture. Les seules qui osaient s'aventurer dans cette rue défoncée étaient celles qui livraient l'épicier du quartier : le laitier, le livreur de pains de glace que l'on suivait l'été pour récupérer les éclats de glace, qui jaillissaient lorsque, en quelques coups de poinçon, le livreur coupait un pain en deux. On récupérait ces petits éclats d'eau gelée puis on les suçait, tout contents, le sorbet ! Il n'y avait pas de réfrigérateurs chez nous, ni ailleurs du reste !

Et puis, rarement heureusement, le corbillard, ce sont les dernières voitures à chevaux que j'ai connues, ainsi que celle d'un vieux boulanger qui vendait son pain au porte-à-porte. Il était très âgé, son bourrin aussi.

Un jour, le canasson a pété un brancard de la carriole. Attroupement, les mômes autour rigolaient, mais pas le vieux ! Après ça, on ne l'a plus revu, enterré avec son brancard ?

Avec l'été revenaient les odeurs. Pas de tout-à-l'égout, des fosses septiques pour les mieux nantis, les autres fosses d'aisance, et quand Richier (le vidangeur) se ramenait pour vider les cuves, j'vous décris pas la fragrance ! Ça fouettait vilain dans la strass !

Alors on se mettait à côté du camion, et tous en choeur, rythmé par le bruit de la pompe, on entonnait le : "pompons la merde, pompons la gaiement, etc." Bien sûr, les vieux à la fenêtre nous engueulaient en nous traitant de "p'tits cons !"

Les plus économes avaient la sacrée sainte "tinette", vidée consciencieusement dans le jardin, ça en faisaient des beaux légumes, pas d' OGM à la con, que d'la nature, bien grasse, fallait pas être délicat, quand t'avais vu le vieux d'à côté déverser sa merde dans les plates-bandes et qu'après il te proposait un chou bien gras ou des tomates bien juteuses, en guise d'amitié, eh bien on était tout content, merci voisin ! Et puis "à ch'val donné, on ne regarde pas la bride !"

Pour les eaux usées, on avait un "tout-au-caniveau", les eaux de pluie, les eaux de vaisselles, les eaux de la toilette.

L'hiver, quand il gelait, c'était chouette, des superbes glissades dans les rigoles, les casse-gueules aussi quand les galoches accrochaient un caillou.

Ah oui, les galoches, en bois les semelles, mon père y clouait des semelles de caoutchouc, il achetait sur le marché des plaques d'un caoutchouc très noir, avec écrit dessus dans des petits ovales "Wood-Milne". Z'avez connu vous ?

D'autres copains portaient, sous leurs semelles, des rangées de clous à têtes hémisphériques, plantés à touche-touche, ça faisait un foin quand ils marchaient ! Et quand, prenant son élan, un de ces "ferrés" s'élançait sur une dalle de ciment et se laissait glisser, ça faisait des étincelles sous ses galoches !

Ah putain, la classe, Spiderman et Batman pouvaient aller se faire coller, le plus fortiche c'était not' pote ! Des pompes lance-flammes, même les Ricains y z'avaient pas !

Le printemps arrivait, le linge à sécher était moins raide sur les cordes tendues dans les petits jardins, il ne gelait plus, on observait si la voisine faisait sécher "ses serviettes du mois", dès fois qu'elle soit encore enceinte !

Les pêchers, cerisiers et autres abricotiers en fleurs commençaient à répandre un doux parfum, les hannetons revenaient en masse, des escadrilles ! J'avais un copain qui disait des espadrilles, ça nous faisait marrer !

Il n'y en a plus des hannetons, décanillés, ratatinés, merci DDT ! Des hirondelles aussi, il y en avait partout, leurs cris aigus perçaient le silence des soirs d'été (c'est beau comme du Delly !).

La chaleur venant, flottait dans l'air le parfum enchanteur de l'eau croupissant dans les caniveaux. En un mot, ça renaudait méchant, ça schmoutait grave dans le coin, j'avais un copain un peu poète qui disait : "je sens venir l'été", il n'y avait pas besoin d'être nez chez Chanel, pour apprécier les relents de la flotte stagnant dans les caniveaux.

Dormir la fenêtre ouverte relevait des coulisses de l'exploit, Paris-Berlin sans pisser, pour éprouver la satisfaction de s'épancher sur ce putain de mur avant qu'il tombe, de la gnognotte, de la roupette de chansonnier comme dirait Alexandre-Benoît.

Et ces endoffées de larves de moustiques qui grouillaient là-dedans, t'en serais pas venu à bout avec ton Baygon à la con ! Vaccinées, immunisées, mithridatisées qu'elles étaient les fumelardes. Vivre dans une daube pareille, c'est pas ta p'tite bombe à la con qui les auraient inquiétées ! Revigorées, oui, du peps, une chienlit, ces mosquitos-là !

Tu penses, leurs vieux avaient résistés aux bombardements, au napalm, à l'ypérite, à Hiroschima et même au troisième reich, alors ta bombinette...

Tout compte fait, ça ne gênait pas trop, on était habitués, et puis l'hiver était bien loin encore, l'école aussi, les magasins n'étalaient pas les fournitures de la rentrée dès les grandes vacances commencées.

Marchands du Temple, grevures, de quoi démoraliser des générations d'écoliers ! On jouait dans notre chère rue jusqu'à.... très tard, puis on rentrait pour se coucher, la tête encore pleine des conneries de la journée !

jeudi 15 novembre 2007

AndiamoLes clopes

J’avais une dizaine d’années et parfois, le jeudi, avec quelques copains, on allait jouer au stade « des Italiens ». Ce stade était situé à la limite de Drancy et de Bobigny, des champs partout, la cambrousse, ça a bien changé, méconnaissable !

Ce stade, c’était pratiquement une ruine, il avait subi la guerre, la deuxième (j’chu pas un dinosaure quand même), et, pendant cette foutue occupation, il n’y avait rien à bouffer, alors les voisins avaient tout simplement « cultivé » le terrain. Poireaux et choux en milieu de terrain, topinambours et rutabagas dans la surface de réparation, persil et fines herbes dans les cages.

Enfin du foot utile ! (j’vais pô m’faire que des potes, c’est pour rire !)

Il n’y avait que les tribunes qui tenaient encore debout. Quel beau terrain de jeux ! On y apportait nos pauvres « armes » : lance-pierres, épées de bois, colts fabriqués à coups de morceaux de bois et de tringles à rideaux coupées pour faire le canon, deux demi-bouchons coupés dans le sens de la longueur et collés de part et d’autre remplaçaient avantageusement le barillet.

Ça peut faire rire mais, après la guerre, il n’y avait que dalle ! Pareil pour les fringues, aujourd’hui faut des marques ! Moi, j’ai porté des fringues de marque, c’étaient des « DE MON FRERE ». Ex : les frocs de mon frère, les pulls de mon frère, les pompes de mon frère et, plus tard, le vélo de mon frère. J’ai jamais eu hélas les gonzesses de mon frère ! Mais bon, on s’en foutait, tous logés à la même enseigne.

Et puis, un de ces beaux jeudis, un pote nous dit : « les mecs, j’ai des cibiches », un mot d’argot tombé en désuétude, et il sort de sa poche deux ou trois gauldos, tirées à son père au cours de la semaine, une par une pour ne pas que ça se remarque ! Courageux mais pas téméraire !

Il porte la clope à sa bouche et frotte une allumette sur le ciment, des allumettes soufrées, elles n’existent plus : trop dangereuses, il suffisait d’un support sec et un peu rugueux pour qu’en les frottant elles s’enflamment et puis le soufre !! Fallait surtout pas allumer la clope avant que tout ce putain de soufre soit consumé, sinon c’était l’asphyxie, la suffoc, la chiale, l’horreur... L’ypérite à côté, senteur d’été !

Claude, puisque c’est de lui dont il s’agit (parti trop tôt après avoir chopé une belle saloperie), allume la clope et tire une bouffée, en prenant l’air du mec qui sait, qu’a l’habitude, pas une tite quinte, pas une larmichette, il souffle la fumée par le pif ! Ah putain, la démo ! D’autres copains tirent sur la clope sans moufter, puis vient mon tour.

Tu penses, des éponges grosses comme des poings de nouveaux-nés, musclé comme un corbeau de course, roulé comme un pétard à deux ronds, je tire là-dessus comme un malade, fallait pas s’déballonner, plutôt crever ! Tout à coup, les éponges qui s’bloquent, elles me gueulent STOP ! Pas d’ça, recrache Eustache ! J’en peux plus, je suffoque, je tousse, je crache, j’éternue, bave d’escargot grande largeur, y’en a partout, les potes se marrent, se foutent de ma gueule, ah la honte !

Il faut dire qu’après la guerre, les cigarettes ne faisaient pas dans la dentelle, c’étaient plutôt des clopes d’hommes, comme aurait dit Michel Audiard : pas de filtres, du brut ! Y’avait même des bûches dans le tabac, pas question pour la Régie de perdre un gramme de perlot ! Plus tard, on se cotisait pour acheter des « ICHE-LIFE » : on ne parlait pas le patois, alors « HIGH-LIFE », on ne savait pas dire. Je les revois encore ces paquets, rouges avec high life écrit en lettres dorées. C’était du foin genre cigarettes Anglaises, un tabac tellement léger qu’en laissant tomber le paquet, pas sûr qu’il ait touché le sol !

Après, il fallait rentrer, en prenant bien soin de se rincer la bouche (pas de chewings-gums), alors la flotte à outrance, pas question de sentir le tabac, sinon c’était la trempe, pas méchante, une maman ça ne cogne pas bien fort.

J’ai arrêté de fumer il y a 27 ans et je peux vous assurer qu’un fumeur ça se sent de loin, et je me dis qu’elle a dû sentir plus d’une fois que j’avais fumé, mais elle n’a pas moufté. Qu’est-ce qu’elle était gentille cette maman-là !

mercredi 7 novembre 2007

Tant-BourrinTiens ?

C'est bizarre : nous aurions dû avoir un billet du Souf' aujourd'hui (en tout cas, c'était son tour), mais nib. Nada. Queud.

Que pensez-vous qu'il faille faire ? Peut-être ne revient-il qu'aujourd'hui d'Algérie et se fout-il simplement de laisser son lectorat préféré en carafe ? Ou alors.......

Gosh ! Vous croyez qu'il faut téléphoner à l'Elysée pour que Sarkozy aille le chercher ?