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dimanche 27 avril 2014

Saoul-FifreChacha

Tout le monde l'appelle Chacha. Il déteste son vrai prénom, Alexandre, trop péteux plus haut que son cul, empereur de quoi, bon dieu, de mes fesses ? Alexandre le gland, oui... non, ce coup là, il est pas près de le pardonner à sa brave femme de mère. C'est vrai qu'on demande rarement au bébé de se choisir un prénom, c'est dégueulasse, ça le concerne au premier chef, non, on ne consulte jamais les principaux intéressés, non mais quel monde de merde ?

Alors, de temps en temps, il part en vadrouille, il se prépare à la fête, il s'immerge dans des festivals de théâtre de rue en électron libre, il débarque dans des teufs organisées sous les étoiles, il s'arrache surtout du carcan de notre monde doux aux dominants et dur aux différents, il désenfile sa camisole quotidienne pour se glisser avec bonheur dans sa plus jolie robe rouge, brosser longuement sa perruque blonde, se couvrir de décorations, se maquiller avec soin tout en fredonnant "Ce soir je serai la plus belle pour aller danser, hé hé hé ...".

Oui il est né garçon mais ce soir il est sapin de Noël, feu d'artifices, défilé de mode à lui tout seul, boule à facettes, palette de peintre impressionniste, vitrine de la place Vendôme... Oui, il fait un peu pute, il le reconnait, mais pas plus que la plupart des filles "de sortie", mêmes accessoires, nœuds, pompons, résilles, talons-stylos, châles, paillettes, chouchous-cerises, il faut savoir lancer des messages clairs si l'on veut pêcho dès le premier soir.

La nuit tombe, Charlotte est enfin elle-même, excitée comme une puce, le rouge aux joues et elle est fin chaude pour s'éclater à donf. Tout à l'heure, elle va rencontrer son prince charmant à l'arrière d'une camionnette, elle en est sûre, elle le sait, il aura les couilles comme des citrouilles et lui murmurera des mots bleus pastels. C'est son souhait le plus cher depuis toujours, les muscles lui font mal tellement ils sont tendus vers ce but, combien de fois a t-elle composé le numéro de sa marraine la fée, pour toujours et encore tomber sur la nana-robot d'un répondeur impersonnel ? Mais où sont les hommes qui préfèrent les hommes ? Ha bien sûr, à la capitale, il suffit de se baisser ramasser une pièce pour se faire tâter le paquet mais en province ? Si tu manques de discrétion, ou si tu fais courageusement ton "comment-goutte", les "braves gens", les "épiciers" ou les "croquants" fustigés par Brassens transformeront ta vie en un tel calvaire que l'évidente solution te semblera d'aller te pendre à la branche de l'un d'eux, au croisement des destins impitoyables.

Chacha est un poète maudit, Chacha est un architecte fou, Lewis Caroll aurait sans problème rajouté quelques pages à la gloire de Chacha, un rôle peaufiné pour lui dans "De l'autre côté du miroir", s'ils avaient été contemporains. Chacha est notre enfant "cadeau-bonux", surprise, non-programmé et je reconnais la patte évidente, lumineuse de ma nièce Delphine dans l'atterrissage de Chacha ici. Nos enfants bios n'auraient pas l'esprit aussi ouvert et respectueux sans Chacha et son décapsuleur à mentalités. Chacha a le vin tendre et sentimental, Chacha est compatissant aux animaux, Chacha est amoureux des poussins et des canetons, il est le joyeux chevalier de son château de sable éphémère , il se réfugie dans d'héroïques fantaisies, il rassure et calme son cœur au rythme de l'eau qui douche les dytiques, les libellules et les poissons rouges, il joue à Copain des bois avec ma fille, il installe des roues à aubes en bois de cagette sur les rigoles d'arrosage du potager...

Surtout il a pris en charge ce que nous ne savons pas faire : il trie, il range, il jette, il répare, il nettoie, il brûle.

Son rôle ici est on ne peut plus clair : il nous décore la vie. Encore merci d'être ce que tu es.

mardi 15 avril 2014

Mam'zelle KesskadiePremier cours de moto


Premier cours de moto

par Miss Kesskadie


Pour conduire une moto, il faut d’abord prendre un cours théorique. 9 heures dans une salle de classe, 20 gars, 5 filles, un prof, macho. Il faut bien, sinon, il ne serait pas crédible. Imaginez une dame de 50 ans, tailleur Chanel, collier de perles, souliers escarpins. Les gars n’écouteraient même pas son avis sur l’arrêt stop.

Ceci étant dit, je me suis inscrite parce que fifille chérie voulait faire une activité mère-fille. Oui, je le concède, nous aurions pu nous inscrire à un cours de tricot, de l’aquarelle, mais fifille chérie a des idées, style : elle jongle, s’est initiée au crachat (déjà c’est pas féminin) du feu (c’est encore plus cool, han ?). Le cours de moto ou jongler avec des torches, savez-vous, j’aime encore mieux les cours de moto.

Ça fait qu’on se retrouve en classe, avec un livre qui explique la conduite de la dite chose. Mise en garde du prof : « Apprenez ce qui est dans le livre pour l’examen, mais ne conduisez pas comme c’est écrit, vous aller vous tuer. »

Femme de 54 ans ici, présente, a des problèmes de mémoire. Me semble, oui, que lorsque mon pneu arrière va éclater (parce que c’est toujours à moi que ça arrive) que je vais me dire : coup donc, freiner avec un ou deux freins ? Laquelle des directives déjà était celle du prof ou celle du livre ?

J’anticipe donc la pratique avec un rien d’appréhension. Heureusement, les cours supplémentaires sont gratuits. Au pire, je graduerai en 2025, à temps pour ma retraite.

Discussion fort importante : que pense le professeur des motos à trois roues, genre deux roues à l’arrière un roue à l’avant, ou l’inverse. Ah! Mais c’est que le prof, petite barbe proprette, yeux bleus, jeans juste assez ajustés, musicien dans un band (vous voyez le genre) est un adepte inconditionnel de deux roues seulement. (J’imagine que les trios sont réservés à d’autres fins).

Bref, il nous décrit une sortie, assis sur une moto. Ben oui, il y a une moto dans la classe pour nous démontrer les différentes parties et leurs dénominations respectives.. «  Au printemps, quand tu prends la courbe, que tu te couches avec la moto dans un virage prononcé, pis que là, tu lui redonnes du gaz… pis tu l’entends râler de plaisir… ah ! c’est pas comparable. »

Pas un mot , pas une question, silence de testostérone dans la classe.

Silence d’œstrogène pour certaines.

Fifille chérie et moi, ce matin, nous nous motivons l’une et l’autre à nous rendre aux aurores pour la suite du cours en nous rappelant les hauts-faits de la veille. Quand elle me dit qu’elle trouve ça dur d’être dans une classe plein de mâles, je renchéris, pis le prof qui nous parle de faire râler la moto.

Fous rires.

Donc, évidement, dans le cours, à tout bout de champs, une rappelait à l’autre : « c’est tu le moment de râler là ? »

Quand le prof, alerté par nos fous-rires très discrets, veut savoir de quoi il retourne, je lui dis :

« Comment appelle-t-on un steak derrière un arbre? » Il hausse les épaules.

« Un steak haché. »

Je ne comprends pas pourquoi, il s’en est retourné dré là, et fifille et moi avons presque fait pipi dans nos culottes tellement on riait.

Pour ma part, j’aime mieux faire pipi de rire que de peur, j’en profite tant que je suis assise sur une chaise et non pas sur la moto, dite « La Râleuse ».

samedi 12 avril 2014

AndiamoLes rues du Tréport

Ce matin là, il ne faisait ni très beau ni très moche, la valse hésitation propre à la côte de la Manche.

La côte d'Albâtre ou la côte des falaises, nommée ainsi grâce aux falaises impressionnantes qui s'étendent de Ault l'Onival jusqu'à Etretat. Il faut voit le soleil blanchir ces falaises calcaires magnifiques. La mer qui s'y fracasse, le roulement des galets de granit noir ou gris, l'un des plus dur qui soit.

Mon appareil photo à la main, mon cousin, je suis parti au zazard. Depuis un certain temps j'ai la rame, je photographie à l'aide mon smartphone, mais je dois reconnaître que la qualité des images n'est pas du tout la même qu'avec mon APN !

Alors une ch'tiote balade dans les rues étroites, pittoresques, et colorées ?



Quand je dis :"ni très beau, ni très moche", c'est juste afin de me faire plaindre !



En fait il faisait très beau, un peu frisquet mais BOF !



Comme c'est touchant ces petites plaques de céramique, avec le nom de l'être aimé inscrit dessus... Faut pas changer de femme, c'est tout !



Plus prudents ceux là ! (ou plus expérimentés), des noms de fleurs .



So British ! Is not it ?



Un balcon sur la mer ?



Au détour d'une ruelle, ce joli triptyque peint sur un grand mur de soutien.

Je ferai une suite, bien sûr...

(Daguerréotypes Andiamo)

mardi 1 avril 2014

AndiamoLa librairie Rinaldi

J'avais quatorze ans, j'étais en vacances à Cannes, chez une tante... Mais non pas la sœur de Trigano ! Il faisait beau bien sûr, c'était en 1953, Louison Bobet en chiait dans le tour de France.

J'allais à la plage tous les jours, je prenais ma dose d'U.V., le soleil était très bon à l'époque ! Mais oui, c'est après qu'il devenu méchant avec ses saloperies de mélanomes à la con qu'il vous collait un peu partout, sauf sur les miches et les doudounes des Madames, car elles ne se faisaient pas bronzer à poil... hélas !

Bon, bref, je ne vais pas vous parler de ma couenne qui ressemblait plus à une peau de phoque mazouté, au bout d'un mois, qu'à un yaourt même périmé !

Vous le savez, à Cannes, l'été, on ne sort pas avant trois ou quatre heures, ancien horaire n'est-ce pas ? On était toujours à l'horaire que l'on appelle aujourd'hui "heure d'hiver", saloperie qui nous fait un coup j'avance, un coup j' recule... Comment veux-tu ?

Donc, après le déjeuner, petite sieste, puis surtout lecture... Ben oui, il n'y avait pas de télé en 1953, on avait dans les maisons une télé mais sans les images, putain c'était génial : on appelait ça une T.S.F (téléphonie sans fil), un poste de radio. Mais à lampes, le poste, sans les transistors, ça marchait aussi bien qu'avec les transistors du reste !

Bien sûr, des heures à lire, ça aurait coûté cher en bouquins ! D'autant que ma sœur, 15 mois de plus que moi, et ma Tante (plus de 15 mois), lisaient aussi, et facile chacune un bouquin par jour si ça n'est deux !

Alors on les louait, ça n'était pas cher, en transposant je dirais 30 centimes d'euro par bouquin échangé, au profit d'un autre.

Il existait, près de la rue d'Antibes, une petite boutique, placée en contrebas de la chaussée. Je la revois, avec sa façade d'un jaune pisseux, pour y accéder il fallait descendre deux ou trois marches, sur cette façade écrit en noir : "Librairie Rinaldi".

L’odeur en entrant ! Les vieux bouquins, des rayonnages pleins à craquer ! Et c'est là, dans cet antre que j'ai commencé à lire des bouquins de science-fiction.

Je choisissais toujours les bouquins des éditions "Fleuve Noir", série "Anticipation", au dos une fusée dessinée par Brantonne, les couvertures idem ! Putains de vaisseaux de l'espace ! Complètement délirants, avec même, tenez-vous bien : des tourelles munies de canons, comme sur les croiseurs, les cuirassés ou encore les porte-avions !



je vous ai dégoté un vaisseau à la Brantonne, délirant non ?.

C'est là que j'ai découvert : Jimmy Gieu (j'ai voulu relire l'un de ses bouquins alors que j'avais une quarantaine d'années, hier en somme, j'ai stoppé à la vingtième page ! La magie n'opérait plus !), Richard Bessière, Stefan Wul ou B.R Bruss, qui étaient les principaux auteurs de cette série. Stéfan Wul était à mes yeux le meilleur, quelques-uns de ses bouquins ont été adaptés au cinéma, tels que :

- OMS en série, devenu au cinéma un dessin animé intitulé : La planète sauvage.

- L'orphelin de Perdide, devenu au cinéma un dessin animé intitulé : Les maîtres du temps.

J'étais très jeune (oui je vous assure ça m'est arrivé). Eh bien ces deux bouquins m'avaient emballé ! Et quand j'ai vu un jour à la téloche la présentation des "Maîtres du temps", je me suis écrié : "la vache, mais c'est l'orphelin de Perdide de Stefan Wul" ! Mes enfants m'ont regardé, ils ont dû penser que j'étais devenu zinzin quand je leur ai affirmé que cette histoire avait environ trente ans !

Bien sûr, il n'y a pas eu plagiat, dans le générique du film on cite : librement inspiré du roman de Stefan Wul "l'orphelin de Perdide".

A l'époque, j'avais adoré ces deux bouquins qui émergeaient du lot ! Comme quoi, même très jeune, on sait reconnaître le bon du tout venant !

Ma Tante, elle, dévorait des bouquins d'espionnage, les OSS 117, Hubert Bonisseur de la Bath, écrits par Jean Bruce, il y avait aussi "Coplan" par Paul Kenny.

Ma sœur, elle, c'était plutôt le genre Delly, moi je la charriais, mais bon, à l'époque, elle était très jeune.

Plus tard, j'ai découvert Bradbury, Poul Anderson, Isaac Asimov, Aldous Huxley, George Orwell et son énoooorme frangin ! Et surtout René Barjavel, et ça m'a fait un véritable ravage.