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mercredi 24 septembre 2008

Tant-BourrinUne grosse tagade

Pris sous le double feu de Cassandre et de Natpointg, je n'avais aucune chance de m'en tirer : me voilà tagué comme un train de banlieue !


Citer la personne qui vous a tagué

Bin, je les ai déjà citées en introduction mais, des fois que certains aient une comprenette diesel, je recommence : c'est Cassandre et Natpointg. Que leur nom devienne symbole de forfaiture pour les mille ans à venir. Et puis que des poils de cul de hyène putride leur poussent sous les narines, histoire de faire bonne mesure. Na !


Choisir un livre et l’ouvrir page 123

Là commencent les problèmes : s'il s'agit de faire partager un coup de coeur, la chose va s'avérer difficile tant il y en a eu depuis la quarantaine d'années que je sais lire (à commencer par "Oui-Oui et la gomme magique"). Les livres qui m'ont beaucoup marqué sont légion et en choisir un seul me paraît impossible. J'ai donc résolu la question en optant pour la facilité : choisir un de mes tout derniers coups de coeur, parmi mes lectures récentes.

Petit souci résiduel : deux livres m'ont vraiment scotché, cet été, dans des styles diamétralement opposé. Mais baste, je ne tranche pas : après tout, j'ai reçu deux fois le même tag, j'ai donc le droit prendre deux livres !


Recopier à la 5ème ligne les 5 lignes suivantes (version Natpointg) ou trouver la cinquième phrase et citer les 3 suivantes (version Cassandre)

J'opte plutôt pour la seconde version qui, d'un strict point de vue technique, permet d'éviter de commencer la citation au beau milieu d'une phrase.

Premier livre :

- Les hommes... dit-elle avec désapprobation.
- Il était assez vieux pour être mon grand-père, dit Sally. En fait, c'était mon grand-père.

Second livre :

La haine est une cruelle marinade : elle donne à la viande une saveur de déchet. En définitive, Matziev, même si le l'ai connu quand il a tourné ordure, valait bien mieux que lui. Au moins, une fois dans sa vie, il n'avait pas fait honte à sa qualité d'homme.


Indiquer le titre du livre, l’auteur, éditeur, année d’édition

Premier livre :

"Wilt 1 (ou comment se sortir d'une poupée gonflable et de beaucoup d'autres ennuis encore)" de Tom Sharpe, 1976
Edition du Sorbier, 1982, pour la traduction française

Second livre :

"Les Âmes grises" de Philippe Claudel - Editions Stock, 2003


Commenter votre choix (ça, c'est moi qui l'ajoute histoire d'éviter que ce pseudo-billet ne soit trop sec)

Tom Sharpe est un pur génie - et je pèse mes mots - de l'humour, hélas trop méconnu en France. En fait, j'ai lu cet été la série entière des Wilt (Wilt 1, Wilt 2, Wilt 3 et... oui, Wilt 4, y'en a un qui suit !) pour finir dans un état de démence rigolarde avancée. Je ne sais pas si ce genre de chose vous est déjà arrivée : lire un bouquin et commencer à pouffer tout seul, de plus en plus fort, reprendre la lecture, repouffer, en pleurer, s'essuyer les yeux, reprendre la lecture, exploser de rire, en repleurer, etc. Rarissime en ce qui me concerne, mais Tom Sharpe l'a fait ! Et si vous ne trouvez pas ces titres-là, vous pouvez prendre n'importe quel Sharpe de confiance : j'en ai déjà lu un certain nombre, on est rarement - pour ne pas dire jamais - déçu ! :~)

Rien de mieux pour calmer un fou rire que d'enchaîner sur le livre de Philippe Claudel. Bon, là, je vais pas vous en faire des tonnes, vu que le succès a été au rendez-vous, avec un prix Renaudot 2003 à la clé. Je confirmerai juste que c'est un livre énorme par son épaisseur, non pas centimétrique mais humaine : un somptueux voyage dans les tréfonds de l'âme, dont je suis sorti avec comme une grosse boule d'émotion coincée au fond du gosier. Et le tout avec beaucoup de style dans l'écriture. A lire...


Taguer 4 personnes dont vous souhaitez connaître les lectures et les avertir

Je ne vais bien évidemment imposer à personne en particulier cette vilenie, ou alors à tous les lecteurs de Blogbo dans leur ensemble. Bref, y participe qui veut. Et je pressens déjà que le Souf', cossard comme il est, va se jeter sur l'occasion !


Conclusion ?

Finalement, je m'aperçois que Cassandre et Natpointg m'ont permis de fabriquer un faux billet sans risque et à peu de frais alors que j'étais complètement à court d'idées et de temps.

C'est ballot, ça, je n'aurais pas dû les maudire pour mille ans ! :~)

samedi 20 septembre 2008

AndiamoLe ventre de Paris

Ça n'est pas celui de Zola, ni celui de Carco. Paris, mon Paris que j'aimais, c'était plutôt celui de René Fallet, avec son petit monde de travailleurs, de petits commerces, des bistrots de quartier, avant qu'ils ne deviennent typiques, branchouilles ou bling-bling !

Les halles... Ce quartier, de Beaubourg à St Eustache, la rue St Denis, la rue de le grande truanderie, ou la rue Rambuteau, s'est vidé de son âme.

Bien sûr, des halles au coeur de Pantruche, ça n'était plus possible : chaque nuit, c'était un foutoir indescriptible ! Toutefois, avec le déménagement à Rungis, certains (même beaucoup) y ont trouvé leur compte.

Et puis, il faut bien que le monde avance : avanti o popolo alla riscossa... Andiamo !

Pourtant je l'aimais bien ce quartier quand, vers les deux ou trois heures du matin, on se retrouvait avec une bande de copains, qui sur une Vespa, ou une moto, après une nuit passée à gambiller au "Tourbillon" ou au "P'tit jardin", ou encore au "Royal lieu" sur le boulevard des Italiens, à côté du journal "le Monde" (aujourd'hui, il a déménagé, il est vrai que le monde déménage beaucoup en ce moment !).

Ce "dancing" accueillait des rombières en quête de fraîcheur, ne vous marrez pas ! A cette époque je n'avais pas dépassé la date limite de consommation ! Et puis quand tu as vingt berges... Hein ?

Alors nous débarquions dans un rade. Tout autour, ça n'était que diables poussés à grande vitesse, par des commis en blouses bleues, des chariots élévateurs, portant des piles de cageots impressionnantes, ça tanguait, tressautait, balançait dangereusement, miraculeusement ça ne tombait pas ! Saint Eustache veillait !

Tout ce monde s'interpellait, s'engueulait, s'insultait, se promettant la raclée du siècle... Paroles, paroles.

Des louchébèmes, tabliers maculés de sang, du résinet sur les pompes, petit calot qui avait dû être blanc rejeté en arrière du crâne, rentraient dans le troquet, commandaient des "blanc-secs", chacun sa tournée, le pif sans modération, les clopes sans bouts filtres, la monte ? A cru !

Bien sûr, aujourd'hui, ça n'est plus possible, les risques ne sont plus les mêmes, c'est une évidence.

Et puis, dans ce quartier, les chnecks qui tapinaient entre deux piles de cageots : "elle est là Dany" ? Oui mon p'tit gars répondait l'échassière en cuissardes, mais à c't'heure, elle est "sous presse" !

Les putes, tu sais, quand tu as dix-neuf ans, des outils en état de marche, un coup dans le porte-pipe, t'es pas regardant.

Comment c'est dégueulasse ? Alors il ya deux sortes de mecs : les timides qui n'ont jamais osé aborder une pute, et les menteurs !

Je ne suis pas spécialement timide, et puis je ne mens pas pour des conneries.

L'été dans ces rues, ça sentait les légumes frais, les fruits mûrs, des montagnes de melons au parfum entêtant attendaient les acheteurs. Des ôdeurs... la campagne à Paris, tu glissais sur les fanes de poireaux ou des feuilles de laitue, taches vertes sur le pavé. Avant soixante-huit, les rues de ce quartier étaient pavées, en Mai de cette même année on les a offerts au C.R.S, un peu brutalement il est vrai !

Alors on a goudronné : sur les pavés... le pétrole !

Dans les rades à cette heure avancée (ou matinale), ça grouillait de monde, curieux mélange des travailleurs de la nuit en pleine effervescence, et des noceurs un peu émêchés pour la plupart !

Il cohabitait bien ce petit monde, et puis le noceur du moment serait le bosseur du matin, mais dans quel état !

Je travaillais à l'époque dans une petite boîte de Bagnolet, et quand mon chef me voyait arriver le matin avec une tronche de "noceurenmanquedesommeil", compréhensif, il m'accueillait avec un grand sourire, et me refilait des boulots tranquilles, pas fatiguants, peinards... Charge à moi de lui raconter mes "fiestas" ! Ah le brave homme !

Quand on débarquait en pleine nuit après une soirée de guinche, on avait un p'tit creux, on s'attablait et nous commandions une "gratinée", la soupe à l'oignon, servie fumante, une belle couche de fromage fondu et des tranchettes de pain grillé, quand tu as la dalle, HUUM un délice ! Un p'tit coup de muscadet sur lie pour faire descendre le fromage et... remettez-nous ça, la patronne !

Souvent un petit orchestre accompagnait la soirée, deux ou trois musicaux pas plus : un accordéon, un batteur, parfois une guitare ou un "râcleux" pas plus.

Alors on "tangotait", on risquait une petite valse, si la tête ne tournait pas trop, entre les tables, peu de place, avec nos copines ou les nanas de la table d'à côté, c'était bon enfant, on lichtronnait un peu, sans être torchonnés !

Puis on rentrait, reprenant la moto, l'air frais nous tenait éveillé, on ne soufflait pas dans le ballon, on ne soufflait que dans les langues de belle-mères !

Avec le recul, je me dis que c'était bien "craignos" mais, fin des années cinquante, c'était comme ça ! Honnit soit qui mal y pense.

Evidemment, je vois mal de nos jours des halles au coeur de Paris, on a remplacé le boulot par la plage, les "gens de peu" (si, si, j'ai déjà entendu des nases employer cette expression !) qui vivaient dans ces quartiers, ô combien vivants, expulsés par la montée du prix des loyers, remplacés par des "bobos" qui pensent encore ces cons, habiter des quartiers "Apaches".

Les Apaches ont quitté Manhattan et les halles il y a bien longtemps, et l'odeur de la soupe à l'oseille a remplacé celle de la soupe à l'oignon.

dessin : Andiamo

mardi 16 septembre 2008

Saoul-FifrePortable

Étant de l'époque où l'adjectif "portable" avait pour unique signification "qui peut ou doit être porté", l'excitation grandissante de ma jeune garde au cours du repas de ce soir ne m'a pas ému outre mesure.

Eux ne l'entendaient pas de la même oreille. La plus grosse catastrophe à l'Est du Rio Bravo venait de s'abattre sur la maisonnée : plus un seul "portable", comme ils disent, opérationnel. Le câble du chargeur de l'un, mordu par le Tcha, déchiqueté, la carte Sim de l'autre, out, et la batterie du 3ième qui a coulé.

La température du repas a considérablement augmenté. Je commence à prendre conscience de l'importance pour eux de ce "transbahutable". Ils n'hésitent pas à m'agonir de questions techniques indiscrètes.

C'est vrai, je fais amende honorable, il y a quelques années j'ai acquis un de ces engins qui nous évitait de partir à la recherche de cabines téléphoniques - de plus en plus rares, d'ailleurs - quand nous étions en congés. Le reste de l'année, il traînait dans un tiroir et nous n'avons jamais communiqué son numéro à personne sauf à qui devait nous rejoindre sur nos lieux de vacances. Le prix de l'abonnement était ridicule, sans forfait de communications à consommer obligatoirement chaque mois et nous ne le rechargions qu'avant de partir.

Mais Papa, depuis que tu es client, tu dois avoir plein de points ? Me dirent-ils, l'œil plein de convoitise.

Ben, sûrement pas, on les intéresse pas, on reçoit pas de pubs sur la messagerie, je n'ai jamais activé mon compte sur Internet, on n'existe pas pour eux, je vous dis !

Mais si, tu dois avoir des tas de points, depuis le temps. Ils donnent des téléphones gratuits, des cadeaux !

Mais laissez-moi rire doucement, je vous parie que non, je les connais ces margoulins, ya toujours une condition cachée et là, c'est qu'il fallait s'inscrire ou un truc de ce style. Vous voulez parier ?

Zoé, toujours primesautière au delà du raisonnable, et bien motivée à l'idée d'avoir un portable "dernier sorti", me sort : Parier ? Moi je veux bien parier ! Tu me payes un cheval si je gagne !

Mais tu en as déjà un de cheval !?

J'arrive à rien avec lui, je veux un vrai cheval ! Et la voilà qui file sur le site, elle crée un compte avec un peu de difficulté, ils lui renvoient un mot de passe par SMS (entre temps, elle a trouvé une vieille carte SIM sortie on ne sait d'où), elle active le compte et bling badablang le bandit manchot lui crache ses gains : 3270 points !!

Bon ben je vois venir gros comme une maison le gag que je vais être obligé de me fendre d'un cheval-porte-clefs, ça fait pas un pli, ni deux, ni trois !

mercredi 10 septembre 2008

Saoul-FifreLes vieilles baraques

Elles sont pleines à craquer, en général. Jeter était un crime, à une époque. "Ça pourra servir un jour, ce bout de fil de fer, mets-le dans cette boite".

Il y avait la boite à fil de fer, celle à bouts de ficelles, celle à clous tordus que l'on redressait soigneusement.

Il y avait le sac avec les restes de pelotons de laine avec lesquels on faisait des carrés au point mousse, qui, assemblés, finissaient en couvertures.

Il y avait la trousse avec les boutons dépareillés, ébréchés, ça allait tant que 2 ou 3 trous étaient encore utilisables. Celle avec les pressions, les fermetures éclairs. La grosse boite à gâteaux secs en fer blanc avec les aiguilles de toutes tailles, jusqu'à la grosse à matelas, les épingles piquées dans leur pelote, je me souviens d'en avoir bricolé une en liège pour ma mère, décorée d'un pompon rouge. Il y avait les lacets, les fins pour les chaussures du Dimanche, les plats et longs pour les gros croquenots de travail.

Il y avait les tiroirs, des palanquées de tiroirs avec chacun son contenu précis. Dans les années cinquante, ils commençaient à se remplir de gadgets qui étaient encore foncièrement utiles, représentant un vrai progrès, et de fabrication solide : l'anti-monte-lait en verre, les épluches-légumes, les poches à douilles, le presse-purée, la clef à boite à sardines, le dénoyauteur, les ciseaux à découper le poulet (maintenant un simple couteau de plastique suffit), l'allume-gaz à pierres, qui revenaient moins cher que les allumettes. L'ouvre-boites était d'une simplicité et d'une solidité diabolique. On pouvait même le réaiguiser avec une lime. Ceux électriques ou sophistiqués n'ont jamais réussi à le détrôner.

Il y avait la pharmacie avec ses préparations magistrales et ses "spécialités" qui avaient fait leurs preuves, souvent inventées par un petit pharmacien, et devenues célèbres par le bouche à oreilles. Si ça ne guérissait pas, ça ne faisait pas de mal.

Et puis il y avait l'arrivée en force des lessives, portées par la vague de l'hygiénisme. Un slogan comme "Génie sans frotter", ça ne donnait pas envie d'en acheter, à ces femmes qui allaient il n'y a pas si longtemps que ça, laver de lourdes brouettes de linge dans l'eau glacée du lavoir communal ?

Et ce parti-pris d'esthétique, de qualité, de durabilité, ce choix de matériaux nobles, la faïence, le bois, le cuivre, l'acier. Ce goût et cette fierté de faire du bon boulot dont on n'ait pas à rougir, quel que soit le niveau de la société où l'on s'active.

De vieilles lunes couvertes de poussière et de toiles d'araignées, confites au fond de sales bicoques.