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mardi 24 octobre 2006

Saoul-FifreChassez, mais sans glier, SVP ?

J'étais avachi sur le siège de mon tracteur et je regardais un documentaire interactif sur les labours d'Automne dans la France profonde. Ou l'inverse, je ne sais plus. Impressionnantes, ces nouvelles techniques 3D, on s'y croirait ! L'odeur du gas-oil, les vibrations du gros diésel soviétique, les flash-backs au bout de chaque raie de charrue... Putain, même les hirondelles qui profitaient du remue-ménage que je causais au biotope pour se gaver de moucherons. Tout y était, de la belle ouvrage, comme dans la vraie vie. Il ne manquait que des cubes de lard enveloppés dans des papiers-chocolat multicolores et un grand verre de lait de mâle kangourou (Pascal n'est pas là, j'emprunte son créneau sans façons) pour que mon bonheur soit complet. D'un autre côté, je ne prends jamais l'apéro tout en conduisant le tracteur.

On était peut-être vraiment dans la vraie vie, finalement ?

Une famille de sangliers traversa le champ juste sous mon nez. Subjugué, je mis au point mort (pour mettre en pause la Playstation, appuyer sur "Start", je sais c'est débile, et pour éteindre votre PC, aller dans le menu "démarrer"). Ça galopait ferme, comme si leur vie en dépendait. Leur vie en dépendait : je venais de voir une voiture de chasseurs se garer un peu plus loin, peu auparavant. La mère obliqua sur la gauche, suivie de ses 7 petits, déjà bien grandelets. Ils ne portaient pas la "livrée", cette fourrure rayée que les marcassins perdent avant la fin de leur première année. De toute façon, ça ne voulait rien dire, ceux-là étaient des croisés, des hybrides, des "cochongliers" ou des "sanglochons" : une laie sanglier pure ne fait pas plus de 3 ou 4 petits. Et les marcassins croisés n'ont pas de rayures. Et ne portent pas non plus de mocassins de marque, ce qui aurait pu expliquer leur nom, mais il va nous falloir chercher l'étymologie autre part. Les 3 accompagnants bifurquèrent vers la droite, dans un petit bois, pour semer les chiens, mais le 3 ième fila encore dans une autre direction. Les accompagnants sont des adultes, mâles ou femelles, qui s'intègrent à une harde par peur de la solitude. Une sœur de la mère qui n'a pas été prise cette année, un jeune mâle de l'année dernière, le père, des fois, s'il promet d'être sage et de ne pas emmerder les femelles... La stratégie du groupe semble être de ne pas mettre tous leurs gênes dans le même piège. Chacun pour soi, et les survivants se retrouvent où vous savez.

Les chasseurs arrivent dans le bosquet, sur les traces de leurs klébards. Un coup de feu claque. Je rentre instinctivement la tête dans les épaules. L'histoire des Panou-panous me revient en mémoire. C'est marrant, à cet instant précis, elle ne me fait plus rire du tout. Les mecs exultent, ou insultent leurs chiens, ou les exhortent, je comprends pas trop leurs beuglements approximatifs. Un jeune déboule du couvert à toute allure, l'air de vouloir battre son propre record de 100 m départ élancé. Il a dû voir son pôte s'avaler une bastos, mais n'est pas du tout, mais alors pas du tout jaloux de ne pas avoir été associé à la distribution de friandises. Il tricote des jambons et trace aussi vite qu'il peut vers un abri de chênes kermès un peu plus loin. Les chasseurs ne l'ont certainement pas vu, mais le problème, c'est les chiens. C'est pas des chiens de coussin à leur mémère ! Ils ont l'aboiement caractéristique des chiens à sangliers sélectionnés pour leur courage. Ils sont pas prêts de leur lâcher la grappe. Et tel chien, tel maître. Je les ai reconnus : ce sont mes voisins viandards, ils ne lâchent le morceau que tué, mariné, cuisiné, digéré !

Je les vois se consulter près de la bagnole quand tout à coup, ils appellent les klebs et se mettent à courir. Ils ont dû en repérer un qui s'enfuyait. Le fusil pète un bon coup, l'odeur devait être meurtrière car ils remontent en se transbahutant à deux un cadavre. J'ai fini de disquer mon morceau et en partant, je passe près d'eux :

- Alors, ça fait boum ?

- On en a fait deux, l'autre on l'a blessé, il est quelque part dans la baragne...

- Ça tombe impec : on est trois, ça nous en fera un chacun ?

Ils se détournent, l'air sombre, et foncent dans les ronces. 'tain, ceux-là, pour leur arracher un sourire, il faut le leur sculpter au rasoir ? Je sens que je gène, je ne m'attarde pas...

Le soir à table, mon fils aîné nous raconte qu'il a vu un sanglier mort dans un fossé au bord de la route.

- Quoi ? Où ça ? C'était pas dans le virage de Fenière ?

- Ben ouais... Pourquoi ?

- Je sais lequel c'était ! C'est celui que les autres nuls des Grandes Bories ils ont blessé ! Qu'est-ce que t'as fait ?

- Ben j'ai fait demi-tour au prochain rond-point et quand je suis arrivé, y avait des mecs en fourgon avec les warnings, qui le chargeaient, le sanglier.

- Mais t'es vraiment le roi des mous ! Tu vois un sanglier mort, tu piles, tu le charges, tu me l'amènes, on le dépèce, et on le met au congèle, bordel ! Me refais pas 2 fois ce coup là, hein q:^) ?

- Enfin, c'est toujours les 2 autres charognards qui l'auront pas eu...

dimanche 22 octobre 2006

Tant-BourrinSouvenances

Je me souviens du revers de la main que l'on frottait vigoureusement avec les phalanges de l'autre main avant d'en renifler l'odeur. Je me souviens que cela sentait une odeur d'allumette brûlée.

Je réalise que le fait d'être adulte ne m'empêche pas de le faire aujourd'hui encore. Je réalise que cela sent toujours la même odeur.



Je me souviens des affiches "1980 : Bordeaux sort de terre" assorties d'un dessin de ville futuriste. Je me souviens que je trouvais ça super. Je me souviens que 1980 me paraissait toutefois encore très loin en ce tout début des années 1970.

Je réalise que l'on a rasé le quartier populaire de Mériadeck pour en faire un froid quartier de bureaux, déjà mal vieillissant. Je réalise que 1980 me paraît très loin, mais dans le rétroviseur cette fois.



Je me souviens des "émissions pour la jeunesse" du jeudi après-midi. Je me souviens aussi de "Titus le petit lion", de "Minizup et Matouvu", de "l'autobus à impériale", de "Fifi Brindacier", de "Popeye", de "Bonne nuit, les petits", du "Manège enchanté". Je me souviens qu'on allait chez les voisins qui, eux, avaient un poste de télé, chose encore rare à l'époque.

Je réalise qu'il n'y a plus d'émissions pour la jeunesse aujourd'hui. Il n'y a plus que des émissions pour vendre des choses à la jeunesse avec force spots de pub racoleurs. Je réalise que j'ai eu de la chance d'échapper à ça.



Je me souviens de l'odeur de l'encre violette. Je me souviens des plumes Sergent-Major. Je me souviens que j'aimais leur redonner une seconde jeunesse purement cosmétique en leur passant un peu de crayon à papier dessus.

Je réalise que je vais passer pour un vieux croulant nostalgique en racontant tout ça.



Je me souviens de la vieille Aronde grise dans laquelle toute la famille embarquait à l'époque des vacances pour aller chez les grands-parents, dans le Gers. Je me souviens que, pour s'amuser en chemin, chacun choisissait une marque de voiture et comptait un point de plus quand on croisait un véhicule de la marque choisie. Je me souviens que c'était à qui pourrait choisir Renault ou Peugeot. Je me souviens que mon père prenait souvent les Mercedes, juste pour rigoler. Je me souviens que les deux heures de trajet passaient vite. Je me souviens aussi du dernier retour avec l'Aronde, du moteur qui fumait, des arrêts dans les fermes pour demander de l'eau, du bus que ma mère, ma soeur et moi avions pris pour rentrer plus vite à la maison, pendant que mon père et mes frères aînés continuaient leur périple automobile. Je me souviens qu'ils avaient mis dix heures pour faire les 130 km de trajet.

Je réalise que l'on devait être bougrement serrés, à six dans une Aronde avec tous les bagages. Je réalise que les trajets me paraissent beaucoup plus longs aujourd'hui, malgré les autoroutes et nos voitures modernes qui roulent tellement plus vite. Je réalise que je serais incapable de rejouer au jeu d'autrefois, infoutu que je suis d'identifier les voitures parmi les centaines de marques et de modèles, tous ressemblants, qui circulent aujourd'hui.



Je me souviens de la première supérette qui était passée en libre service dans le quartier où nous habitions. Je me souviens que cela me paraissait alors à peine imaginable que l'on puisse ainsi se servir directement dans les rayons.

Je réalise, dans la cohue des rayons du Carrefour du coin, que les petits épiciers de quartier qui vous servaient autrefois avaient du bon.



Je me souviens d'un jeu de sept familles basé sur différentes périodes de l'histoire : famille préhistoire, famille médiévale, etc. Je me souviens qu'il y avait une famille "an 2000" dont les membres étaient affublés de costumes tous plus extravagants les uns que les autres, pneumatiques ou moulants, avec casques, antennes et tout le toutim.

Je réalise la foi inébranlable que l'on avait à cette époque en des lendemains technologiques qui chantent. Je réalise que personne n'imaginait des milliers de SDF en l'an 2000. Je réalise aussi que le futur vu du passé balance souvent entre le grotesque et la poésie la plus pure.



Je me souviens de ma première visite à Paris. Je me souviens que c'était la tradition familiale de visiter ainsi une journée à la Capitale avec mon père, et que mes deux frères et ma soeur l'avaient fait avant moi. Je me souviens du train de nuit, de l'arrivée à l'aube et de cette journée chargée d'émotions face à la Tour Eiffel, aux Invalides, à l'Arc de Triomphe, au jardin des plantes, etc. Je me souviens que mes chaussures m'avaient mis les pieds en sang et que mon père m'avait acheté une paire de basket pour que ce soit plus confortable. Malgré cela, j'avais de toute façon des ailes aux pieds ce jour-là. Je me souviens du plaisir d'avoir mon père rien que pour moi tout un jour durant. Je me souviens enfin du retour vers 22 ou 23 h. Je me souviens que j'avais dormi jusqu'à 14 h le lendemain tant j'étais plein de fatigue et de bonheur.

Je réalise aujourd'hui que, le paternel travaillant alors à la SNCF, cette journée n'écornait pas trop le maigre budget familial. Je réalise que ce n'est pas avec de l'argent que l'on offre des souvenirs inoubliables aux enfants, mais en donnant de soi-même. Je réalise aussi que, maintenant que j'y vis, Paris a perdu toute sa magie à mes yeux.



Je me souviens de la lessive Ala aux enzymes gloutons. Je me souviens de la publicité qui les représentait sous forme de petits personnages jaunes et voraces et qui me fascinait.

Je réalise que la lessive Ala a depuis longtemps disparu, après un terrible flop commercial. Je réalise que les publicitaires d'alors savaient peut-être séduire les enfants, mais avaient de gros progrès à faire en terme d'efficacité de leurs campagnes.



Je me souviens de la chanson de Sheila "dans une heure" qui plaisait tant à ma soeur. Je me souviens des paroles "une heure, c'est court et c'est long" qui me faisaient beaucoup rire, car une heure, c'était terriblement long, quasiment une éternité.

Je réalise aujourd'hui que j'ai déjà vécu près de 390000 heures et que les quasi-éternités ne sont plus ce qu'elles étaient.



Je me souviens qu'en commençant la rédaction de ce billet, j'avais l'intention, tel Perec, de remonter à la surface des briques insignifiantes d'un passé oublié.

Je réalise, en me relisant, que j'ai dévié vers une tonalité nostalgico-nombriliste. Mais je réalise en même temps que je n'en ai rien à foutre ! :~p

samedi 21 octobre 2006

Saoul-FifrePatate douce sortant juste du four thermostat 31.

Nathalie , furieuse de s'être fait refiler une chaîne, s'est bassement vengée sur 3, 4 pauvres diables qui ne lui avaient pourtant rien fait. Certains s'étant défilés, elle a retourné sa hargne sur d'autres, tout aussi innocents. Tel que vous me voyez (ce n'est qu'une expression, heureusement pour vous) je suis l'un de ces infortunés, à avoir instinctivement rattrapé le truc qu'elle nous a lancé. Là, c'est moi qui m'y colle. Quelle honte, pour moi qui toute ma vie ai fui toute chaîne, toute subordination, tout rapport d'obéissance à autrui... Moi qui ai "perdu" mon anneau nuptial 15 jours après notre mariage, je me retrouve une chaîne aux pieds.

Je vais me réveiller.

1) Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne:

"...dit, réussi à merveille, fit Schmidt, dont la po-..." Allez-y, devinez d'où c'est tiré, vous êtes même pas caps, tellement vous êtes aculturés...

2)Sans vérifier, quelle heure est-il?

13 h

3)Vérifiez:

13 h 07. C'est pas révélateur, comme question : j'ai pas de montre, mais je venais de regarder la pendule. Aussi bien, j'aurais pu me tromper de 2 heures.

4)Que portez-vous?

Un jean qui fut noir, déchiré (on dit déstructuré et stone washed, je crois ?), l'ourlet effiloché, les poches trouées, la guenille, quoi...
Un genre de polo marin manches longues (rayures grises et bleu marines) en étonnamment bon état : un pôte me l'a donné il n'y a pas longtemps. Mais crade.
Des lunettes de vue Lacoste (authentique ! C'est les gosses qui me l'ont appris quand je suis rentré à la maison. J'avais pas remarqué. J'avais surtout pas remarqué le prix !) En très mauvais état. Rayées, piquées (je soude avec), et il manque les 2 coussinets qui centrent les lunettes sur le nez.
Des chaussures de sécurité l'Aigle. Mais c'est écrit nulle part dessus. Je ne les quitte que pour dormir. Mais je les quitte, hein, pour dormir, hein, je vais suffisamment passer pour un malade mental comme ça, à cause de ce questionnaire ?
Des chaussettes, un slip, mais là, si vous le permettez, je ne vais pas rentrer dans les détails. Nathalie m'avait bien fait rire avec son "élastique de culotte tout cramé", je me sentais en communion de pensée avec elle q:-D Rien d'autre. Enfin si : dans une poche, mon Laguiole "corne". J'ai toujours un couteau, des fois, c'est le Laguiole "bois d'olivier", ou le Nontron, en buis, ou le Camarguais, en Thuya...

5)Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?

Ben, le blog de Nathalie ?

6)Quel bruit entendez-vous à part celui de l'ordinateur ?

Des voix. Ça gueule beaucoup, chez nous.

7)Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu'avez-vous fait ?

Quelle sortie, c'est ça ? Hier soir, "Des plantes cultivées et des hommes à la veille de la renaissance : origines, emplois, croyances", une conférence de Pierre Lieutaghi, THE ethnobotaniste de la haute Provence. Passionnant.

8)Avez-vous rêvé cette nuit ?

Sûrement. Mais je m'en souviens rarement. Notre docteur homéopathe qui aime bien qu'on lui raconte nos rêves, s'arrache les cheveux.

9)Quand avez-vous ri la dernière fois ?

Je ne peux pas dire. Mais on rit souvent. À table, on se fait des sketches...

10)Qu'y a t'il sur les murs de la pièce où vous êtes?

Un grand calendrier en carton, une grande carte de France en carton, des toiles d'araignées, une étagère avec des "livres-outils", dictionnaires, modes d'emploi informatiques, plans...

11)Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?

Supposition hypernonréaliste qui ne demande pas qu'on s'y arrête : je ne me connais pas d'oncle à héritage et je ne joue pas. Mais pour le fun, j'y ai réfléchi et je n'ai rien trouvé. Je ne serais pas dans l'embarras, mais je ne vois pas de "première chose"...

12)Quel est le dernier film que vous ayez vu ?

Je l'ai dit dans un com' : "Marie-Jo et ses 2 amours", de Robert Guédiguian. J'aime bien Guédiguian, mais nous voyons très peu de films (pas le temps, pas la télé...).

13)Avez-vous vu quelque chose d'étrange aujourd'hui ?

Une harde de sangliers. Est-ce que c'est étrange ? C'est tout à fait naturel, mais c'est assez rare d'en voir en plein jour. Ha : une oie morte. C'est étrange parce que je sais pas du tout pourquoi elle est morte ?

14)Que pensez-vous de ce questionnaire ?

Je me pose la question de savoir s'il est vraiment indispensable et s'il bouleversera mon existence.

15)Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore :

Une seule chose ? Oh dommage, j'avais envie de vous confier tous mes secrets ce soir... Voilà : je ne boutonne jamais le dernier bouton de mon col. C'est horrible, n'est-ce pas ? Bon, je ne met jamais de chemises, alors c'est moins grave.

16)Quel serait le prénom de votre enfant si c'était une fille ?

La prochaine ? On la noie. Une fille, c'est largement suffisant.

17)Quel serait le prénom de votre enfant si c'était un garçon ?

Un 3 ième garçon ? On l'appelle pas, on lui crie de partir !

18)Avez-vous déjà pensé à vivre à l'étranger ?

Oui. Mais c'était une erreur de jeunesse. Ya tout ce qu'on peut souhaiter en France. Et on y parle français, en plus !

19)Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?

À ton âge, tu crois encore au Père Noël ? Non, là t'es pas encore mort et t'as des hallus. Mais c'est TES hallus.

20)Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?

Je cacherais l'argent ?

21)Aimez-vous danser ?

C'est l'alcool que j'ai ingurgité qui aime danser. Nuance.

22)Georges Bush ?

Dans un pays qui a l'air fier de ne pas avoir connu la royauté, je trouve bizarre que l'on y soit Président de père en fils. Dans le genre image symbolique de l'américain moyen, pantin aux mains des faucons, je trouve qu'il fait fort, le Georges.

23)Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ? :

Alors là !! Ça remonte à loin ! Regain, je crois. J'ai pleuré, comme d'hab'...

24)Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?

Ho je la refile à personne, la patate. Je la laisse refroidir et je me la mange. Je sens que TB la lorgne du coin de l'œil. Mais sers-toi, si t'en veux un bout, je sais que tu en meurs d'envie q:^)

lundi 16 octobre 2006

Tant-BourrinLa vie de Jean XXXX

Je vous ai déjà parlé de mes recherches généalogiques. De ces aïeux ramenés, dans le souffle de leur nom, un court instant à la lumière du jour, de ces vies recomposées par toutes petites touches, infimes repères sur le tableau blanc d'une existence.

Il advient parfois que l'on parte sur une fausse piste, sur les traces d'un ancêtre que l'on croit enfin tenir, avant de découvrir que l'on a fait fausse route. Il ne reste alors qu'à laisser tomber et reprendre ses recherches à zéro.

J'ai connu ce genre de mésaventure il y a très peu de temps en cherchant à remonter sur ma branche patronymique. J'étais donc sur la trace de Jean XXXX (mon vrai nom - masqué ici - dans la vie), dont je savais seulement qu'il s'était marié en 1791 à Herré, dans les Landes.

Et puis, un soir, j'ai trouvé la trace d'un Jean XXXX sur les registres d'enregistrement des bagnes des Archives de Toulon et de Rochefort. Un ancêtre bagnard ? Pourquoi pas, au fond, voilà qui change singulièrement des cultivateurs qui se comptent à la pelle dans les branches de mon arbre.

Mais voilà, très rapidement, j'ai remarqué que ça ne collait pas : le lieu de naissance, la situation de famille, non, ça ne pouvait pas être le bon Jean XXXX. Compte tenu de la rareté du nom, il devait toutefois s'agir d'un cousin plus ou moins éloigné de mon ancêtre, mais rien de plus qu'un cousin.

Bof. On referme donc la piste et on passe à autre chose. Voilà ce que j'aurais dû me dire.

Mais je n'ai pas pu détacher mes pensées de ce Jean XXXX, de ce que j'avais lu...

Nom de famille : XXXX
Prénom(s) : Jean

Lieu de détention : Rochefort
N° de matricule : 5097
Profession : Tailleur d'habits
Situation familiale : Célibataire
âge ou année de naissance : 42 ans
Lieu de naissance : Parentis en Born (40)
Père : Blaise
Mère : YYYY Marguerite
Chaîne ou amené (trajet) : du Midi
Tribunal : Dax (Cour de justice criminelle)
Cause du jugement : Tentative de vol avec effraction
Date de condamnation : 16/04/1810
Durée de la condamnation : 10 ans
Date d'entrée au bagne : 21/09/1810
Date de sortie du bagne : 08/12/1815
Motif de sortie du bagne : Décès
Signalement : Taille=1m585, cheveux noirs, sourcils et barbe châtain foncé, visage ovale, front large, couvert, yeux roux, nez long, mince, bouche grande, menton rond, 2 verrues sur chaque joue, un signe à la joue droite, marqué légèrement de petite vérole, cicatrice près le creux de l'estomac à gauche
Observations : Exposé le 21/04/1810

Voilà. Une existence plus en pointillés qu'en certitudes... Pourquoi avait-il commis ce vol ? Etait-ce un infâme salaud ou un pauvre bougre poussé par la faim, en des temps où la vie n'était pas tendre pour les gueux ? Et quelle avait été sa vie avant cela ? Avait-il aimé ? Eté aimé ? Sans réponse.

Reste juste ce goût étrange dans la bouche, cet impalpable malaise.
Ce portrait tracé à l'encre précise et glacée de l'administration pénitentiaire.
Cette vie résumée dans la sinistre indifférence d'un "Motif de sortie du bagne : Décès".

lundi 9 octobre 2006

Tant-BourrinL'aventure est au coin du couloir

J'aurais bien du mal à dire que je me fais chier dans mon boulot.

Quelle chance, dites-vous ? Attendez, laissez-moi vous expliquer tout ça plus dans le détail...

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samedi 7 octobre 2006

Saoul-FifreSouvenirs, souvenirs...

Comme un garçon, j'ai les cheveux longs
Comme un garçon, je porte un blouson...

Mon père m'emmenait chez le coiffeur avec lui tous les mois, j'en ressortais la boule à zéro, mes amis avaient tous la même tronche que moi, nous n'avions pas la télé, et cette chanson de Sylvie Vartan que j'entendais sur Radio Paris (non, je déconne), au poste, me jetait dans de tels abîmes de perplexité que je n'ai jamais osé en parler autour de moi.

Je me souviens de mon premier scopitone, à 5 ans, c'était Retiens la nuit , Johnny avait vraiment l'air de l'amoureux transi devant son décor en carton pâte avec sa lune recouverte de papier chocolat et sa guitare... Pas de nanas à poils, ça c'est sûr. Peut-être une, en incrustation dans un cœur, en train de faire les mimiques de celle qui hésite ? En tout cas, c'était pas "sexe" pour un sou. L'autre avait sa gueule de gendre idéal et montrait qu'il savait se tenir. Pourtant je sais pas, moi, mais "Retiens la nuit", comme titre, ça m'évoque des trucs assez salés. Bon, c'était une autre époque, d'accord, mais si les filles baissaient souvent les yeux, ça devait quand même être pour voir si elles faisaient de l'effet au garçon, non ?

Je me souviens aussi de la première fois que j'ai vu la télé. J'avais 4 ans, ça c'est du sûr vu que c'était lors de mon premier voyage à Paris en Caravelle pour aller soigner le cancer de la gorge à mon père, que ma sœur était jalouse car mes parents l'avaient laissée en Algérie à la garde de la grand-mère. Ma mère m'emmenait dans un jardin à côté de l'hôpital. Le Luxembourg ? Les Tuileries ? Y'avait des vendeurs de cornets de marrons chauds. Alors les parisiens ? Vous en avez encore, de ces petits métiers, ou alors vous vous tapez les marrons de chez Faugier, froids, à même la boite ? La télé, c'était chez mon oncle. On voyait une machine à faire des confettis qui tournait, ça me fascinait. Et la chanson derrière, c'était Le poinçonneur des Lilas . Ils mettaient pas beaucoup la gueule de Gainsbourg, pour pas faire peur aux rares téléspectateurs, encore fragiles. Mon oncle disait à ma mère : "Mais regarde-le, ton fils : on dirait qu'il est hypnotisé ! Qu'est-ce qu'il peut bien comprendre ?" Sans comprendre, lui, que c'était ma future passion qui était en train de se construire.

Je me souviens aussi, même année, de la chanson Dis-lui que je l'aime de Richard Anthony. Pareil, j'entendais ça à la radio, et confondant sans doute avec Bab-el-oued, je chantais "dèl oué que ze l'aime comme un fou, dèl oué que ze l'aime... " en dansant le twist. Ma famille était pliée de rire. En gros, quand je regarde en arrière, on m'a toujours encouragé à faire le con, pas étonnant que je ne sois jamais devenu sérieux. Faut dire aussi, on a vécu des trucs durs, on avait BESOIN de rire. C'est nerveux, comme on dit, faut faire chuchoter la soupape de temps en temps. J'avais mon public bien en main. Je me souviens d'une amie à ma sœur qui pleurait de rire en écoutant mes histoires. Et bien sur, si y'en a une qui pleure, ça ne rend pas les autres tristes. Je l'ai revue 25 ans plus tard, tous deux adultes, elles s'est remise à pleurer rien qu'en me voyant. À cet âge, je leur disais que le soleil devait manger un paquet d'ampoules, pour briller si fort. Ou bien qu'il devait y avoir des marais "De Gaulle", puisqu'il y avait des marais "Salan"... J'avais mon petit succès. Et je voyais bien qu'ils n'attendaient que ça, que je leur sorte des conneries. Destin mon cul : ils m'ont fabriqué comme ça.

On chantait beaucoup chez nous. On chantait en voiture, devant un paysage, en bossant... On chantait Marguerite , par exemple ? Et comme on était bien élevés, et bien personne ne rajoutait à la fin :

Si tu veux faire mon bonheur...
Marguerite, donne-moi ton cul !

Y avait pas vraiment intérêt, non plus ? Car l'humour de papa avait ses limites.

vendredi 6 octobre 2006

ManouLes 3 mousquetaires

Un beau samedi. Tout va bien, j’ai le mal de crâne habituel des journées de week-end et je fais une queue d'enfer aux trois mousquetaires. Devant moi un type fait la même queue avec un chariot hyper plein. Entre le type et moi se trouve une vieille dame. Elle peine à tenir son litre de lait à la main. Le type dépose tranquillement sa centaine d’articles sur le tapis roulant. Je lui glisse « Vous pourriez laisser passer la dame, s’il vous plaît » ? La trentaine exaspérée, il me répond d’un oeil mauvais « Si elle peut pas attendre comme tout le monde, la vieille, elle n’a qu’à pas venir aux heures de pointe ». Et toc, il continue à déposer ses articles. J’en reste bouche bée quelques secondes. Très rapidement mon rythme cardiaque s’accélère, et je commence à expliquer au type, plutôt pas calmement, pourquoi il est un sale con. Juste avant qu’il ne s’énerve, la caissière voisine appelle la vieille dame et lui dit « Venez, madame, passez ici ». La dame, tremblante d’être le centre du problème, boitille jusqu’à la caissière miraculeuse. Mon type, lui, ne se prive pas de ranger très lentement son caddy. Il met bien dix minutes pour payer. Je ne dis rien, je ne change même pas de caisse, mais je déroule mentalement toutes les tortures que j’aimerais lui infliger. Il part en me lançant un nom d’oiseau que je me garderai bien de vous répéter. Voilà.

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