Blogborygmes

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samedi 24 janvier 2015

Oncle DanFemme libérée

Dans mon collège de jésuites, au début des années soixante, tout était spartiate, sauf les WC qui étaient turcs et où on allait plus par besoin que par envie, tant ils évoquaient la campagne automnale au moment de l'épandage fertilisateur.

Les salles de classe, les salles d’études, les réfectoires et les dortoirs étaient empreints d'une austérité ascétique. Cette règle de pauvreté souffrait cependant quelques entorses, comme toute règle qui se respecte. Le paradoxe trouvait certainement son apogée avec la piscine qui fut longtemps la seule de tout le canton. Mais l'exception la plus courante était l'incroyable quantité de pianos, qui conférait à ce prestigieux instrument une banalité déconcertante en ces lieux. En outre, le professeur de piano du collège avait la réputation d’être l’un des plus grands organistes de France.

Je me souviens de ce dimanche d’été où j’entendis à travers une porte l’interprétation magistrale d’un morceau de musique classique. Je ne pus résister à l’envie de connaître celui qui déployait tant de virtuosité. Il s’agissait d’un élève de ma classe, particulièrement doué en musique, et qui savait jouer de plusieurs instruments : Christian Dingler, connu aujourd'hui sous le pseudo de Cookie Dingler.

jeudi 8 janvier 2015

AndiamoNon Charlie n'est pas mort : car il bande encore !

J'ai toujours pensé qu'un ch'tiot crobard valait (beaucoup) mieux qu'un long discours...

(ch'tiot crobard Andiamo)





(ch'tiot crobard Célestine)





Un discours, Saoul-Fifre ! Un discours !! (Non mais ?)

En ces heures sombres où le spirituel a été remplacé par le consumérisme, où la foi aveugle, les convictions fortes, l'abnégation devant sa propre mort sont remisées dans le placard aux vieilles lunes, je vous propose de relever la tête et d'entonner avec moi ce cantique païen et laïque :

Je suis Charlie
Voilà ma gloire
Mon espérance
Et mon soutien !
Je suis Charlie !!
Je suis Charlie !!!

Oui je suis Charlie depuis mon plus jeune âge, qu'est-ce qu'elle était belle la fille du proviseur ? C'est sûr qu'elle était pas voilée et je vous parle même pas de "Catherine saute au paf" non mais ce Cabu, à toujours provoquer comme ça les fondamentalistes, tu crois qu'il va avoir droit à son paquetage de houris vierges en arrivant là où ils l'ont envoyé, toi ?

Mes rayonnages plient sous les vieux Pilote, les Charlie-Hebdo, les Charlie Mensuel, les Hara-Kiri, les Echo des savanes, les albums indispensables de tous ces génies, je les ai tous lus dans les bibliothèques et, de temps en temps je cassais ma tirelire pour m'en offrir un, pour rigoler un peu car, comme chantait Mano Solo, fils de Cabu : La vie c'est pas du gâteau.

Ceci dit, mes parents m'ont appris à ne pas croire mordicus tout ce qu'il y a dans les journaux.

Mais là, ya des analphabètes paumés de la vie, sans espoir, crédules... Ils ont rencontré un séducteur causant bien, qui leur a parlé du LIVRE (un vieux grimoire écrit au moyen-âge) avec des yeux énamourés et qui a réussi à les convaincre que le LIVRE disait que la mort de dessinateurs de petits mickeys c'était chouette et que la leur en fait ne valait guère mieux.

Et ils sont partis, la fleur à la Kalachnikov.

Je suis effondré.





Putain les mecs faut vous envoyer la cavalerie pour que vous vous décidiez à rappliquer ! Bordel, vous foutiez quoi ! C’est bien beau ici, mais ça manquait d’animation de ce côté du miroir et ça fait bonbon qu’on s’emmerde avec Choron et Reiser. Ici, il n’y a rien, pas un poivrot, pas de gonzesses pas un con, rien… Enfin rien, c’est pas tout à fait juste, on s’est fait trois potes sympas, de Dieu s’ils renaudent après les escrocs qui se réclament d’eux. Allez, grouillez-vous d’arriver que je vous présente Jésus, Mahomet et Karl.

François.

Retransmis à Blogbo par télégraphe visuel via Blutch.

dimanche 4 janvier 2015

BlutchGrand-père Emile

Je ne dénoncerai personne, mais j’en connais des qui me regardent d’un œil bizarre.

Il paraîtrait que Blutch n’est pas comme tout le monde et que lorsqu’il rouscaille, ce n’est pas seulement à l’apéro au bistrot du Père Tranquille. Ou que s’il joue les Saints-Bernard, c’est avec un tonneau de rhum comako ! Moi, j’sais pas, je me trouve normal.

Tiens, ça me rappelle une réflexion de Mouss Diouf (le flic noir de Julie Lescaut) :
- « Vous vous imaginez que les noirs en ont une grosse, mais ce n’est pas vrai…. Ce sont les blancs qui en ont une petite. »
Tout ça pour dire que la normalitude est toujours du côté de chez Swan… de chez soi.

Dans la Famille Blutch, en commençant par l’ancêtre, il y a le grand-père Emile. Il ne l’a pas fait exprès, mais il n’a pas eu le temps de s’emmerder dans sa vie.

Il débarque sur Terre vers la fin du 19ème avec un passeport qui n’est même pas du coin. Faut dire que son père avait refusé d’être bourgeois d’honneur (en raison des services rendus à la commune) dans le patelin valaisan où il habitait. « Je suis né rital, je mourrai rital. » qu’il avait dit ce loustic avant de laisser tomber la première tranche de sa descendance.
Manque de pot, Emile était dans cette première volée. Du coup il a dû se débrouiller très tôt pour ramener un peu de blé à la casa. Alors pour les diplômes et les certificats, il n’y avait même pas de quoi se rouler une clope avec.

Jeune arpète, il se fait écraser un pied dans un accident du travail. A l’époque, la chirurgie réparatrice consistait alors à greffer un sabot de bois après l’amputation du pied. Pas de chance, la gangrène s’en mêle et il y perd son tibia dans la 2ème opération. Re-gangrène et la coupe se fait à mi-cuisse au 3ème voyage sur le billard.
Emilio chope les foies, se barre de l’hosto, il noie son moignon dans de la graisse mécanique (à l’époque, du suif) et va se terrer comme un animal blessé. Il ré-apparaît guéri et commence sa vie d’indépendant, puisque personne n’engage un infirme et qu’il a eu cet accident 50 ans trop tôt pour bénéficier d’une assurance et d’une rente invalidité.
Dans la foulée de sa réinsertion individuelle, il s’accroche à une Louise fort avenante et lui fait cinq marmots.
Cordonnier dans le très catholique canton du Valais, il réparait, un dimanche, des souliers devant sa boutique lorsqu’une soutane se pointe. Pour ne pas choquer, il glisse le soulier sous son tablier et le curé lui dit : « Ne vous cachez pas Monsieur Emile, le travail est aussi une prière. » En 1920, ce n’était pas la norme dans la tolérance vaticane…
Il a tout fait grand-père au cours de ses pérégrinations : chiffonnier-ferrailleur, vendeur de glace ou de marrons chauds selon la saison (mettant en service sa progéniture pour tenir les étals au coin des rues), brocanteur, puis antiquaire.
C’est mon père qui se retrouve être son bras droit et accessoirement sa jambe manquante pour conduire le camion ou la bagnole lorsque dans les années de guerre, il se fait piquer trois fois dans la même journée pour excès de vitesse (plus de 35 km/heure…). Faut dire qu’avant les radars, la vitesse était calculée au pifochronomètre. Ce qui laisse une large place à la subjectivité du flic.
Trois amendes énormes pour l’époque. Grand-père pique la boule, il va chez le boulanger du coin acheter, au marché noir, trois pains frais de 2 kg (pendant la guerre, le pain devait avoir deux jours pour être mis en vente) . Il va au poste du quartier, pose les pains sur la banque avec les trois PV et dit au flic en poste que si la police crève de faim, il veut bien la nourrir, mais qu’il ne payera pas ces amendes. Les pains et les PV disparurent et mon père ne fut plus dénoncé pour excès de vitesse. Faut dire aussi que les colères du père Emile étaient… remarquables et il fallait d'autant moins lui marcher sur les pieds qu'il n'en avait plus qu'un.
La vie était si simple alors lorsqu'il fallait régler un différent.

Emile avait un problème. Il ne pouvait pas acheter une seule chaussure car personne n’acceptait de dépareiller une paire. Il avait eu connaissance d’un amputé, pauvre de son état qui vivait dans un asile de charité. Lors de chaque achat de godasses, il remettait dans le carton le soulier inutile et l’envoyait à cet asile tenu par des sœurs. Un jour, la mère supérieur lui écrit pour lui dire qu’il ne faut plus envoyer de souliers, car le monsieur est mort. Elle lui fait alors une confidence que le monsieur n’avait jamais osé dire : Il était amputé de la même jambe que grand-père…

Je vous ai parlé des colères d’Emile, en voici une belle.
Il avait son magasin à la limite du quartier des laborieuses du sexe (ce qui lui évitait parfois de grands déplacements).
Dans la brocante, on scelle une affaire devant un verre, enfin à l’époque d'avant les éthylotests. Sur les quatre bistrots qui cernaient son magasin, trois étaient plus ou moins dévolus au commerce de la chair. Ça resserre les liens et ça oblige aussi à des cohabitations pas toujours souhaitées. Pas que ces dames manquaient de savoir vivre, mais le travail à son compte n'était pas la règle dans ce turbin et grand-père avait une saine aversion pour les employeurs de ces dames...
Ainsi il assiste un jour à la correction d’une gagneuse par son mac, en plein bistrot.
Il interpelle le type pour lui dire d’arrêter.
Imprudemment, le mac rétorque :
- Oh toi l’infirme, ferme ta gueule.
Grand-père se lève, empoigne sa béquille comme une cognée, saute sur un pied vers le type et il lui plie sa béquille (en tube métallique SVP) sur la tête. Ben oui, faudrait voir à pas insulter les bons types, non mais des fois. L’enflure connaissait peut-être Raoul, mais pas suffisamment Mimile…
Ambulance, flics et tout le tralala
Au bilan :
- Coté marlou : deux jours de coma, une série de points de suture et des séquelles irréversibles pour son égo.
- Côté Emile : le retour dans sa boutique à cloche-pied et les félicitations du jury flicardier pour avoir donné une bonne leçon à ce salaud. C’était un temps où la poulaille savait vivre…

Emile a vécu ainsi 77 ans rythmés par son commerce six jours sur sept, et le dimanche sur son balcon à regarder sa devanture avec le gigantesque chaudron qui lui servait d’enseigne.
Puis un jour des toubibs l’entreprennent pour lui dire que sa Louise a un cancer du sein et que les pronostiques sont de l’ordre de six mois.
Ça lui a tourné la tête à Emile, il s’est fait un tel sang d’encre qu’il s’est fait péter des vaisseaux cérébraux. Ça ne s’appelait pas encore un AVC, mais c’était du même bois, sauf que les toubibs n’avaient pas encore le mode d’emploi.
C’était la première fois qu’il était malade à ne pas aller bosser. Il n’en avait pas l’habitude alors il en est mort en s’éteignant à petit feu. Perdant peu à peu ses facultés et sa mémoire. Ne reconnaissant plus personne, sauf sa belle-fille (ma mère) qu’il appelait toujours affectueusement « ma grosse toque ».

Mais Emile avait aussi des moments avec de meilleures connexions. Dans le personnel soignant, il y avait une jeune et jolie religieuse qui s’occupait de lui. Il lui faisait du rentre-dedans de première bourre.
- Vous et moi, on ferait de beaux enfants.
Elle n'a pas eu le temps de lui dire oui.
Il a finalement décaroché dix ans avant sa femme, dont le cœur avait juste un peu oublié de battre, puisque le cancer avait oublié de la tuer.
Quels cons ces toubibs, grand-père était bâti pour être centenaire…

Emile, somme toute, c’était un type... normal.

Blutch

jeudi 1 janvier 2015

AndiamoEt les vieux ?... Pardon les vœux !

Un petit entre deux vite fait afin de vous souhaiter à toutes et à tous une BONNE ANNEE

Alors voilà pour l'an neuf, tout neuf, je me suis mis au taf (encore) et je vous ai brossé une galerie de portraits : l'équipe BLOGBO; pour certains c'est carrément l'équipe des bras cassés !

Bonnes fêtes à tous.

Vous l'avez remarqué les Demoiselles sont super belles, chez Blogbo elles passent un casting avant d'être embauchées, et le recruteur c'est ma pomme !

(ch'tiots crobards Andiamo)