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vendredi 26 juin 2015

AndiamoMon pou

Le pou, c'est ainsi que j'avais surnommé ma Fiat 500, la cinquecento. Je l'avais acheté suite à la mort (de profundis) de ma R8 kittée "Abarth". Dans les années 60 on avait coutume de dire : un lièvre ? C'est un lapin qui est passé chez Abarth !

En 1969, j'avais 30 ans ! j'étais parti explorer la France profonde avec une jolie fiancée... Qui a dit que je l'explorais aussi ? Elle ronflait bien, la R8, pas la jolie fiancée, puis à Châlons-sur-Marne, dans une côte, je rétrograde en troisième, je pousse le moteur dans ses derniers retranchements afin de doubler un bahut un peu trop limace à mon goût, et badaboum ! Les bielles, follement éprises d'indépendance, se mettent à cogner vilain, vilain...

Je me suis traîné jusqu'au garage le plus proche, et là, pour une poignée d'images à la tronche Bonapartiste, j'ai abandonné ma fidèle compagne.. La R8 hein, pas la jolie fiancée, nan mais !

Rentré à Paris par le premier train, je me suis mis en demeure de trouver une voiture, j'ai ameuté un peu tout le monde afin de remplacer ma vaillante Renault. Les fonds de tiroirs bien ratissés, j'ai réuni assez de thunes pour acheter une Fiat 500 : MON POU !

Rouge, il était rouge, le dernier des poux rouges ! Une boîte à crabots, c'est à dire que les vitesses n'étaient pas synchronisées, pour rétrograder : double débrayage impératif ! pour monter les vitesses double pédalage recommandé.

Un joli jour d'été, je roulais en ville avec ma jolie fiancée, quand tout à coup deux motards de la police nationale m'encadrent à un feu rouge.

Description de la jolie fiancée : 21 ans, brunette, mini jupette à ras du paradis, dans cette voiture très basse elle avait pratiquement les genoux sous le menton ! Si j'étais vulgaire, je dirais qu'on aurait pu lire le numéro de série du moteur, mais ça n'est pas mon genre, vous me connaissez !

Discrètement, je lui glisse à l'oreille : "ne bouge pas, ne change rien, ils se rincent l'œil, mais ça vaut mieux qu'une contredanse !"

L'un des deux lardus me demande de descendre, j'obtempère... Alors il fait le tour de la bagnole avec moi et déclare froidement :

- Si je voulais je me ferais un fric fou avec cette bagnole : pneus usés, un phare fracassé, un feu rouge nase ! Il se place face à la bagnole, et me dit en me faisant un clin d'œil : "mais j'en connais un qui ne va pas s'emmerder ce soir" !

Je l'ai regardé, on s'est marrés, et il arrêté la circulation afin de me laisser repartir !

L'histoire est vraie, un peu enjolivée par le souvenir, comme quoi moins les jolies Demoiselles ont de tissu sur elles, plus on fait des économies !

Fiat cinquecento, image internet.

samedi 20 juin 2015

AndiamoL'auto pop... L'auto populaire

Dans les années cinquante j'ai vu apparaître les premières voitures "populaires", celles que les ouvriers, les modestes employés, pouvaient enfin rêver d'acquérir. Jusque-là réservées à une élite (de rouge pour faire plaisir à Bof), l'auto c'était : "même pas en rêve" !

Et puis début des années cinquante, ma rue même pas goudronnée, encaillassée, parsemée de trous énormes, sans tout-à-l’égout, mais un "tout au caniveau", bien ! Sauf que l'été, bonjour la fragrance, ça schmouttait sévère dans les rigoles ! J'en avais tiré un ch'tiot billet d'ailleurs.

Dans cette rue, théâtre de nos jeux de gamins, tantôt grands espaces de l'ouest américain, ou champs de batailles dignes de celle d'Hasting, moi je l'aime bien celle-là, Guillaume le conquérant foutant une torchée aux rosbifs, ça me plaît bien !! Je ne les aime pas ? Ah vous l'aviez remarqué ?

Petit à petit, j'ai vu arriver, non pas des tractions avant 15 chevaux six cylindres comme la caisse de Chauguise, ni des frégates, encore moins des Cadillacs et autres Studebakers, mais bien sûr des quatre bœufs et des deuchs, la voiture du populo, enfin l'automobile se démocratisait, en même temps que commençaient à pousser d'étranges râteaux sur les toits des petits pavillons de MA banlieue.

Mes voisins, dont au sujet desquels j'vous ai déjà causé (j'ai été prof de français dans une autre vie) ont acquis au début années cinquante une quatre bœufs ! L'évènement, tu penses !

Cette famille bien d'chez nous, aurait dit le regretté Jean Nohain (vous n'avez pas connu "Jaboune" l'animateur de 36 chandelles ?), se composait : du père, de la mère, leur fils, un gamin formidable, qui possédait la collection complète de Tintin et Milou, la grand mère (une harengère) et le grand père, tous bien en chair ! Tout ce petit monde (enfin quand je dis petit, hein ?) s'entassait dans ce qui était le fleuron de la régie nationale.

Une galerie vissée sur le pavillon, afin de contenir les indispensables valdingues, biscotte le coffiot à l'avant quand tu y avais logé une brosse à dents, et un paquet de nouilles Rivoire et Carré, et bé il ne restait plus guère de place.

Imaginez-vous qu'à l'époque la quatre chevaux (chevaux fiscaux) ne possédait en fait que 17 chevaux réels ! Aujourd'hui la moindre caisse possède au moins 80 bourrins (j'ai pas dit Tant-Bourrins).

Alors je vous laisse imaginer pareil équipage dès la moindre côte ! Ah putain, fallait lui refroidir un bock à la tire arrivé en haut de la butte ! Elle transpirait sévère autant que la mémé à l'arrière, et mon pauvre petit copain coincé entre les énormes nichons de la mémé, et le fiacre opulent de pépé, oui mais c'est cette dure loi de la vie qui a fait ce que nous sommes aujourd'hui ! NAN j'déconne !

Mon copain Pierrot, un gaillard d'1 mètre 83, 86 kilos à l'époque s'était offert une 4 chevaux, alors : lui et sa femme à l'avant, leur minot à l'arrière, premières vacances : en voiture, direction Allevard les bains, magnifique petit bourg, situé dans le massif de Belledonne en Isère, entre Grenoble et Chambéry, à droite après la Porte d'Italie !

Imaginez la route de l'époque : pas d'autoroutes, traversée de toutes les villes , Sens, Auxerre, Avallon, et... Lyon, les premiers départs, des embouteillages monstrueux dans les grandes villes car pas adaptées du tout à la circulation automobile ! L'arrivée à Allevard après le col de l’Épine au dessus de Chambéry, pas de tunnels inaugurés seulement dans les années 80 ! Pierrot m'a raconté :

- Je suis arrivé, j'ai eu encore le courage de planter la tente, puis je me suis allongé à même le sol et j'ai roupillé !

Vous imaginez cette grande carcasse ? Pour entrer dans la voiture il lui fallait un chausse-pieds et un tube de vaseline, et le reste du tube pour en ressortir !

Ma première voiture a été une deuch. Je le confesse, je l'avoue, j'ai lâchement abandonné la moto, pour un maigre chauffage et des essuie-glaces !

mercredi 10 juin 2015

BlutchAvec la Modà, faut marcher droit

Malgré une littérature à gogo (j’ai pas dit DE gogo, mais quoi que parfois…), Mars n’ayant toujours pas compris Vénus, j’apporte ma contribution à la pacification des relations entre les sexes. Bien que nul ne soit prophète en son pays, j’offre la primeur de cette leçon de maintien marital aux maris pas marris de ces dames de mon coin de pays.



Salut c’t’ami,
écoute voir c'que je peux te dire.

Tu viens de dégoter une modà*. Congratulations t’as tiré un bon numéro.
Pour pas t’empêtrer avec ta Louise* et qu’elle fasse de l’usage, faut respecter les consignes, comme dans un cours de répèt*.
Ta modà, c’est du chtoff*, mais y a quand même des trucs qui ont des susceptibilités*, rapport à Jean Rosset* ou les frimas, alors vas-y molo pour l’espédier au plantage*. Quand ça tape trop fort sur la tchoupe*, tu lui offres un chapeau de paille, et une pèlerine quand ça roille* comme vache qui pisse.

Parfois, une modà, ça dégouline à répétition sous les mirettes.
T’y fais pas trop gaffe, parce que ça revient comme le mildiou sur les vignes pas sulfatées, mais en plus souvent. Recta, t’y essuies tout en douceur les quinquets* avec un moqueux*.
Quand ça dégouline comme la Pissevache*, tu prends la panosse* et tu lui racontes des gentillesses avant de guinguenatsser* pour la consoler. T’as une liste de gentillesses dans la partie interdite pour les bouèbes*.

Dans la modà, t’as des trucs importants à savoir. Ça t’a une mémoire d’éléphant que t’as pas idée. La modà standard n’oubliera jamais le bouquet de chrysanthèmes acheté par mégarde pour sa fête.

Pour pas qu’elle fasse la meule*, à la paie du lait, te faut l’inviter à aller manger le bout-de-fat* à Payerne, mais sans ramener une machurée... Dans les cas graves, faut-y aller d’un vincande à Moillemargot ou carrément à Villeneuve.

Tu peux aussi faire tout ça sans attendre qu’il y ait du pétard parce qu’elle risque bien de te faire la potte* pendant que tu t’esquintes à lui faire plaisir.

Les modàs, t’en a pas deux pareilles, mais t’as un truc où elles se ressemblent toutes : deux trois fois par an, faudra lui changer son costume du dimanche, parce que pour elle, elle ne veux pas du rapietcé*. Avant de te décider, regarde voir à la Placette*, c’est moins cher que l’Inno* et y z’ont aussi les éclaffe-beuzes qui vont avec.

Elle t'a vite poussé des siclées* qui peuvent ridiculiser les cloches de la cathé si y a du chnabre*.
Et y a vite des bringues* si une bedoume* bien foutue s’approche de toi. Le dernier avertissement avant la crêpée de chignons, c'est toujours pareil :

- Dis-voir la gueïupe*, t’arrête de faire les yeux doux à mon mari ou je te file une grulée*.

Là, y a plus à pétasser*, une des deux doit déhotter*.

Ta modà est multifonction, comme le couteau suisse : Moutre*, infirmière, femme de ménage, pasteure, régente*, meneuse à la promenade dominicale, couturière, masseuse, organisatrice des fêtes des grillots*, et une raquaquée* d’autres trucs.

Mais elle a aussi des fonctions délicates dont y faut pas trop abuser, comme « cuisinière » ou « femme de ménage », parce que ça peut tout faire péter dans le ménage, surtout si tu ramènes une fédérale*. Evite alors de dégobiller* sur la moquette, parce qu’elle aurait raison de bouéler*

Si tu la prends pas avec des pincettes, ta modà fera bien de l’usage parce que la qualité suisse, c’est pas de la gnognotte* et tu regretteras pas d’avoir été chez le pétabosson*.

n.b. : Il existe le modèle bourbine*, blonde aux yeux bleus. Mais attends un peu avant de fantasmer... C'est un modèle spécial K3. Ce qui ne veut pas dire qu’elle rupe* trois fois des céréales le matin (quoi-que…), mais qu’elle a trois occupations exclusives: Kinder*, Küche*, Kirche*. Probablement que certaines ont été bercées trop près du mur, alors ça fait forcément du tort pour causer philosophie.

Alors voilà c’t’ami, à la revoyure* et salutations au gouvernement*.

Blutch

vendredi 5 juin 2015

AndiamoMon dentiste

Enfin quand je dis "mon", c'est une image !

J'habitais à l'époque une banlieue vachement rupinos, bobo et tout le toutim, Aubervilliers pour ne pas la nommer. Une banlieue rouge, les maires qui se sont succédés s'appelaient au hasard : Pierre Laval et Jack Ralite (qui n'hésitait pas à vendre l'Huma le dimanche matin). Plus rouge, t'es un coquelicot !

Quand j'y habitais, c'était populaire, des usines, des façonniers, un tas de petits commerces de premier ordre. J'avais un pote "Gègène" que j'avais connu chez Rateau, le constructeur de turbines du même nom, qui vendait l'Huma sur le marché, lui aussi. Quand la simili révolution de 68 a foiré, j'ai cru qu'il allait se couper les loukès avec la faucille figurant en bonne place à la une de l'Huma, mais vu qu'il s'était déjà pris un coup de darak de la même image du dit journal sur la tronche, il en était resté là !

Donc, pour en revenir à mon dentiste, il créchait à proxénète de chez moi, il filait rembourre à tous ses patients à la même heure, après tu "patientais" une heure voire plus dans la salle d'attente.

Mais bon, même pas grave ! Il me laissait m'installer dans le fauteuil, un "salut môme" (j'avais tout de même 30 balais, comme quoi tout est relatif), puis il se marrait.

- Attends, je vais te faire rire, lâchait-il.

Il se levait assez péniblement, sa large face vermillonne, patient résultat du travail de levage de godets aux Côtes du Rhône garanties grande cuvée, puis se traînait dans l'arrière-boutique, et revenait porteur d'un bouquin des éditions "Fleuve Noir", série "police", auteur : SAN ANTONIO !

Et pendant un quart d'heure, il me lisait des passages qu'il avait relevé, les pages marquées, d'une corne, et c'était le bidonnage à donf : les exploits Béruréens, on ne s'en lasse pas, on s'esclaffait tous les deux comme des mômes.

Ensuite, la séance de bricolage des chailles, l'amalgame enfourné dans le chicot avec le pouce ou l'index, pourquoi prendre une spatule hein ? On se demande ? Après faut faire la vaisselle.

Mais ce qu'il préférait en connaisseur, c'était recevoir les jolies Dames et Demoiselles. C'était entre 1968 et 1972, les mini-jupes fleurissaient, et le garenne se rinçait l'œil ! Bah, il a eu raison d'en profiter, il n'a pas survécu longtemps à la mode des ras-la-touffe.

Quant à moi, j'ai connu nombre de dentistes depuis, aucun je le jure ne m'a fait autant marrer, ni lu du San Antonio, et pourtant le rire atténue la douleur !

(ch'tiot crobard délicat : Andiamo pour Blogbo)